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Brassaï, Couple d’amoureux dans un petit café, 1932

Étude de cas : Brassaï, Couple d’amoureux dans un petit café, 1932. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Octobre 2023  •  Étude de cas  •  2 174 Mots (9 Pages)  •  96 Vues

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Brassaï, Couple d’amoureux dans un petit café, 1932

SOMMAIRE

Une nouvelle écriture photographique

Le XXe siècle sonne les prémices d’une nouvelle aire photographique. En raison, les années 1870 ont permit le développement d’un marché d’amateurs et de professionnels suite à la démocratisation de la pratique, lié au gélatino-bromure d’argent. Car là où le collodion humide nécessite une préparation, dans l’utilisation et le traitement immédiat de la plaque, le gélatino-bromure d’argent est une préparation qui s’utilise sèche. Ce changement va permettre de produire en amont de grandes quantités qui pourront se conserver avant et après la prise de vue. Ce changement brusque a engendré la commercialisation d’appareils photographiques à négatifs légers et par conséquent, faciles à transporter. Il faut tout de même attendre 1914 pour voir apparaitre des appareils de type Leica, qui vont permettre aux photographes de parcourir plus librement l'espace, et laisser libre cours à leur spontanéité. Enfin, dans les années 1884 est défini l’instantané dans la revue Nature, ce dernier permet un regard nouveau sur le monde qui nous entour, car pour la première fois sont visibles des choses jusque là impossible d’observer avec nos simples yeux. Cette conséquence va permettre des progrès scientifiques majeur et va également dans cette continuité engager un nouveau discours iconographique. Cette mouvance fait croitre de nouvelles approches photographiques dans les années 1920/1930, et parmi ces diverses expressions artistiques, une semble vouloir exprimer une nouvelle objectivité, à travers la simple restitution de l’observation de la ville. C’est la presse magazine qui s’empare de ce dessein, et les photographes deviennent alors un outil des médias dans le but d’illustrer leurs articles. Les années folles sont alors en vogue, et les artistes arpentes la capitale en quête du spectacle de la ville contemporaine, c’est ainsi qu’un artiste se démarque.

Gyula Halasz, dit Brassaï, naît en 1899 à Brasso, en Transylvanie. Après avoir servi dans la cavalerie de l'armée austro-hongroise à la fin de la Première Guerre mondiale, Brassaï suit les cours de l'Académie des Beaux-Arts de Budapest, où il se forme au dessin et à la peinture. En 1920, il choisit de poursuivre sa formation à l'Académie de Berlin. Son séjour dans la capitale allemande l'amène à travailler comme correspondant pour quelques journaux hongrois. En 1924 il décide de s'établir à Paris, un rêve qu’il n’a jamais renoncé d’accomplir depuis son séjour à la capitale étant petit. Le projet qu'il nourrit à l'époque est de continuer de peindre, mais par manque d’argent, il rencontre des difficultés matérielles qui le conduisent à développer davantage son travail journalistique. Confronté alors à une demande d’illustrations de ses écrits, il joint des images qu’il collecte en passant commande à des photographes, entre autres. Jusqu'au jour de 1929 où, une amie lui prête un appareil photo et commence par conséquent, à prendre lui-même ses images. Ainsi, cela lui permet en partie d’accéder à des opportunités professionnelles que ce médium lui ouvre. Sa pratique photographique va en effet lui permettre d'étendre son registre de collaborations à l'ensemble de la presse parisienne.

Un moment révélé

Brassaï se lie d'amitié avec une série d’artistes au cours de ses premières années passées dans la capitale ; des peintres et hommes de lettres s’y trouvent. Des immigrés hongrois, comme lui, tels que le peintre Lajos Tihanyi ou le photographe André Kertész; le poète belge Henri Michaux, l'écrivain américain Henry Miller, mais aussi les Français Léon-Paul Fargue, Raymond Queneau, Robert Desnos ou encore Jacques Prévert. Ensemble, ils arpentent les rues et les bistrots de la ville dans une quête de bon temps et d’inventivité. Par le biais de ses clichés il restitue sa vision, voir son expérience de la vie active de citadin. Il sillonne les rues jours et nuits, constamment accompagné de son appareil photo et seulement parfois d’autres compagnies. Il capture des moments, parfois intimes, qui accèdent alors à la pérennité de l’art ; ainsi illustré par ce Couple d’amoureux dans un petit café, quartier Italie,(fig.1) de 1932. Cette photographie a été réalisé dans le café du rez-de-chaussée de l'hôtel des Terrasses qu'il habitait ; dans un quartier populaire, près de la place d’Italie. C’est dans ce dernier qu’il a improvisé un laboratoire en louant une seconde chambre afin de faire le tirage de ses propres photos. Cette photographie est imprimée seulement au milieu des années 1960 et mesure 28,3 x 22,7 cm. Ici, il utilise une épreuve gélatino-argentique, un processus d’imagerie monochrome, correspondant dans le cas présent aux nuances du noir et blanc.

Cette oeuvre reflette d’un talent de composition remarquable. Retenons que Brassaï a suivit des cours à l’Académie des Beaux-Arts de Budapest, et par conséquent possède une grande maîtrise de la composition. Ici, c’est par un jeu spatial qu’il introduit son oeuvre. L’angle sous lequel la photo a été prise est spécial, construisant un triangle par le biais des miroirs de part et d’autre du mur. En effet, dans la façon dont il a encadré ses modèles, Brassaï révèle les multiples facettes de l’amour et de la séduction ; grâce au reflet du regard de chaque amant dans un miroir. Ce regard reflète leurs pensées intérieurs, ainsi que leur caractère. Cette photo fait preuve d’un oxymores qui est certainement fort révélateur. Car en effet si les deux amants s’unissent par le biais d’une embrassade, il semble pourtant se créer une distance entre eux, s’expliquant par leur reflet éloignés dans les miroirs. De plus, l’homme fait dos à la photo et par conséquent, préfère resté secret, tandis que la femme savoure ce moment sans se soucier de ce qui l’entoure. Puis, la lumière est également significative, car ici la femme est beaucoup plus exposée que l’homme, y compris dans son reflet. Ainsi, Brassaï possède un don de la composition incroyable, et arpente la ville en quête de créativité et notamment de poésie de l’urbain car l’usage que fait Brassaï de l’image photographique est de l’ordre du poétique.

Un corpus nocturne

Cette poésie, il

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