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Le nouvel ordre européen nazi, Mémoire de Goebbels

Commentaire de texte : Le nouvel ordre européen nazi, Mémoire de Goebbels. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Octobre 2023  •  Commentaire de texte  •  3 527 Mots (15 Pages)  •  85 Vues

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Le nouvel ordre européen nazi

Georges Orwell a écrit un jour : « les intellectuels sont portés au totalitarisme bien plus que les gens ordinaires », cette idée vaut bien plus s’agissant des individus se prenant eux-mêmes pour des intellectuels malgré des carrières ratées. C’est ici le cas de l’auteur dont le texte a été soumis à notre étude. Ce texte est un extrait des mémoires de l’un des plus hauts dignitaires nazis : Joseph Goebbels, ministre de la Propagande du IIIe Reich de 1933 à 1945. Dans ces dernières il décrit à la fois la construction du régime nazi et il relate en détail le fonctionnement de l’appareil d’Etat vu de l’intérieur durant les douze années de vie de ce Reich qui se voulait « millénaire ».

Cette source est de l’une de celles que l’on peut compter comme de très grande valeur, tant elle nous donne de détails sur cette période qui fascine aussi bien qu’elle terrifie, des détails qui, loin de revêtir la caractéristique de l’objectivité, nous font découvrir le for intérieur de la pensée d’un des acteurs principaux du drame de la Seconde Guerre Mondiale. En effet, Joseph Goebbels ne fut pas qu’un simple fonctionnaire ou responsable ministériel, il a accompagné Adolf Hitler durant toutes les années de la lutte pour le pouvoir, après l’échec du putsch de 1923, et a, selon l’historien Johann Chapoutot, développé une relation unilatérale quasi amoureuse avec celui qu’il appelle son Führer. Dans l’autre sens la relation de confiance qu’Hitler a avec son ministre fait de lui un témoin primordial des activités d’Hitler et des autres protagonistes du régime. Il est l’invité permanent du Führer dans sa résidence des Alpes Bavaroises, véritable second cœur du gouvernement nazi. Le texte au cœur de notre étude est un extrait du « journal » de Goebbels couvrant la période 1943-1945, plus précisément cet extrait est daté du 21 Mars 1943. Il présente un double intérêt, le premier et le plus important est qu’il n’offre pas seulement le reflet de la gestion interne d’un Etat mais il incarne aussi la vision et la portée idéologique du national-socialisme dans le cadre du projet d’un nouvel ordre européen.

Le second apport relève quant à lui du contexte chronologique de son écriture, il s’agit d’un texte écrit au « lendemain » de deux des plus grandes défaites militaires de la Wehrmacht sur le front de l’Union Soviétique : la bataille de Moscou et la bataille de Stalingrad. Cette dernière, bien que n’ayant aucun intérêt stratégique, était une cible prioritaire pour Hitler et cet échec marque le véritable début de ce que l’on peut appeler dans un terme très Wagnérien « le crépuscule des Dieux » des nationaux socialistes. Ces échecs ont entrainés d’immenses pertes humaines et matérielles mais au-delà de défaites militaires, il s’agit aussi de défaites idéologiques : le communisme l’emporte sur l’Allemagne et son armée qui n’est plus considérée comme invincible, les Alliés aperçoivent un moyen de résister et de libérer le continent des serres de l’aigle allemand. Il est donc nécessaire, à ce moment de la guerre, de renforcer l’image d’une nation forte encore en état de se battre pour imposer ce nouvel ordre en Europe que les nationaux-socialistes, Goebbels en tête, voient comme l’horizon indépassable du futur du continent. Ce contexte offre donc un éclairage tout à fait spécifique à un texte dont la froideur et la brutalité n’ont d’égal que la certitude de plus en plus menaçante de l’effondrement de « l’utopie européenne national-socialiste ».

A partir de ce texte et de son analyse, nous nous demanderons dans quelle mesure il dessine le projet d’une Europe pensée et organisée autour et pour le IIIe Reich. Afin de répondre à cette question nous verrons dans un premier temps à travers les lignes de Goebbels comment l’Allemagne s’organise sur le plan alimentaire et économique, avec l’idée d’une Europe occupée utilisable à merci, comme un « grenier » de vivres et de main d’œuvre (I),  puis dans un second temps, nous nous intéresserons à la question de l’expansion du modèle national-socialiste, véritable pièce dont la pile repose sur la séduction et l’influence et dont la face repose sur la colonisation, la guerre d’anéantissement et les politiques de terreur (II)

I/ Une Europe occupée utilisable à merci, « grenier » de vivres et de main d’œuvre.

Le Journal de Joseph Goebbels offre cette qualité qu’il témoigne de la réalité fondamental de la pensée de son auteur, pensée partagée par un grand nombre de décisionnaire du régime allemand, concernant l’organisation de l’Europe pendant et après la guerre, reposant sur un rapport de force dominant/dominé à l’échelle des Nations. Comme nous allons le voir dans cette première partie, cette domination passe notamment par le pillage des pays dominés aussi bien sur le plan humain, au service de l’industrie (A) que sur le plan alimentaire au service de l’ordre intérieur du régime (B).

  1. Les travailleurs étrangers, la ressource humaine ciment de l’économie de guerre allemande.

Ayant subi de lourdes pertes humaines et devant faire face à des carences dans son économie de guerre en conséquence, l’Allemagne rassemble des centaines de milliers d’individus des pays tombés sous sa domination afin de pallier le manque de main d’œuvre crée par la guerre ; c’est ce qu’on appelle, par exemple en France, le Service du Travail Obligatoire. Ce programme cherchait à mobiliser des individus venus participer à un effort de guerre toujours plus intensif pour le compte du IIIe Reich, de manière volontaire ou coercitive par des « déportations » de main d’œuvre qualifiée. Dans ce texte Joseph Goebbels aborde la question de ces travailleurs étrangers par le prisme de la peur d’une révolte : « Nous discutons aussi de ce que nous ferions à Berlin si, lors d’une crise, les 320 000 travailleurs étrangers qui y résident se soulevaient » (Lignes 14 à 15). Ces 320 000 hommes, bien que d’une grande importance pour l’industrie et la machine de guerre allemande, n’en restent pas moins une menace interne potentielle pour le Reich. Si ces hommes venaient à se révolter, ils pourraient affaiblir plus encore l’Etat Allemand qui connait déjà des difficultés sur différents fronts extérieurs, une menace exacerbée par le fait que ce soit la capitale qui soit au centre du propos de Goebbels, le « cœur battant » du régime. Malgré tout Goebbels continue son propos en minimisant cette potentielle rébellion : « le Führer est décidé à écraser d’emblée toute révolte avec la plus grande brutalité. Il enverrait à Berlin, la Leibstandarte qui interviendrait sans aucun état d’âme » (Lignes 15 à 17). Si vraiment les hommes venaient à se révolter une brigade d’intervention serait prête à agir avec « la plus grande brutalité et sans état d’âme ». En effet, le texte fait mention de la Leibstandarte, 1er division de la SS, aussi connue comme étant la garde rapprochée d’Adolf Hitler et dont la loyauté aux régime, tout comme aux principes du national-socialisme, la transforme en un instrument fanatique redoutable pour tous les ennemis déclarés ou supposés de l’Allemagne et de son rêve européen.

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