La reconnaissance de l'identité amazigh au Maroc et l'évolution de l'identité marocaine
Discours : La reconnaissance de l'identité amazigh au Maroc et l'évolution de l'identité marocaine. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar Zahralovely • 2 Novembre 2025 • Discours • 1 920 Mots (8 Pages) • 28 Vues
Sujet : Comment la reconnaissance progressive de l’identité amazigh au Maroc a-t-elle modifié l’identité nationale marocaine ? L’identité amazigh, composante de l’identité nationale marocaine ?
Introduction
Lors de la Coupe du monde 2022, la victoire historique de l’équipe marocaine en quart de finale contre l’Espagne a fait se soulever un vif débat au sujet de l’identité marocaine. Là où le joueur Sofiane Boufal a remercié "tous les Marocains du monde entier pour leur soutien, à tous les peuples arabes, et à tous les peuples musulmans. Cette victoire vous appartient". des voix se sont élevées contre le fait d’ériger cette victoire comme une victoire arabe et non africaine. Plus particulièrement cela a posé problème à la communauté berbère marocaine, si l’Etat du Maroc fait parti de la ligue arabe et se considère comme arabe une partie non négligeable de sa population ne se défini pas en tant que tel: Les berbères ou amazigh (nous verrons plus tard la raison de l'existence de ces deux dénominations). Ce sont les populations autochtones d’Afrique du Nord, présentes depuis plus de 2 000 ans, avant les conquêtes arabes. Ils se différencient par une culture propre et leur langue distingue de l’arabe qui se diversifie en dialectes régionaux : le tarifit dans le Rif, le tamazight dans le Haut et Moyen Atlas, et le tachelhit dans le sud. Le Maroc compte une importante population de Berbères/Amazighs comme ils préfèrent être appelés - selon certaines estimations, elle représente près de 40 % de la population du pays, qui compte plus de 34 millions d'habitants.
Dans le même temps, lors de la célébration de la victoire marocaine on a observé dans les rues des démonstrations de joie ou parmi les nombreux drapeaux marocains, un autre étendard était largement visible : le drapeau amazigh. Ce symbole traduit une fierté identitaire profonde, qui s’articule aujourd’hui de manière plus harmonieuse avec l’identité marocaine.
Cet exemple de la coupe du monde est donc un excellent exemple pour montrer la façon dont les amazighs sont considérés au Maroc. A la fois ils ont un profond sentiment d’appartenance à ce pays mais sont ils considéré à part égal ? Pour mieux comprendre cela nous chercherons à répondre à la question:
Comment la mémoire amazigh a-t-elle été marginalisée puis intégrée dans la construction de l’identité nationale marocaine ?
I. L'effacement post-indépendance : vers une identité nationale arabisée
Après l’indépendance du protectorat français en 1956 s’est mis en place au Maroc un système monarchique (dynastie des Alaouites) qui allie le pouvoir religieux et le pouvoir temporel. Puisant ses fondements dans l’idéologie véhiculée à l’époque du nationalisme arabe, ce nouveau pouvoir cherche alors à imiter le modèle français de l'État nation pour créer une unité nationale en promouvant l’arabisation du pays. Il s’agit d’affirmer l’indépendance du Maroc face à la France, en rejetant à la fois le français comme langue coloniale, et l’amazigh comme potentiel facteur de division.
Pendant la colonisation les cursus scolaires ont été en partie francisés mais c’est en réalité peu d’enfants « autochtones » qui y ont eu accès et parmi la minorité scolarisée, moins de 40 % des Marocains se déclarent lettrés en arabe et en français. En 1960 et progressivement après l'indépendance en partie sous l’impulsion des politiques d’arabisation. va se mettre en place une massification de l’enseignement et un apprentissage de la lecture qui se veut centré autour de l’arabe même si dans les faits l’Etat plus pragmatique va davantage promouvoir un modèle bilingue arabe/français et de façon assez paradoxale c’est après l’indépendance marocaine au sortir de la période coloniale, que ces populations très majoritairement analphabètes vont se familiarisés avec le Français en même temps que l’arabe.
Selon la sociologue Fadma Aït Mous, une politique d’éradication de l’amazigh est mise en place dans les années 1970, portée par les mouvements nationalistes et panarabes qui voient l’arabe comme le seul ciment national. L’arabe classique, langue du Coran, est imposé comme langue unique de l’État, au détriment de la diversité linguistique marocaine. Ce choix favorise la centralisation des pouvoirs et la construction d’un récit national arabo-islamique, dans lequel l’amazighité est marginalisée, voire niée. Idée très bien illustrée dans le préambule de la Constitution marocaine qui stipule « Le royaume du Maroc, Etat musulman souverain, dont la langue officielle est l’arabe, constitue une partie du Grand Maghreb Arabe. »
Cependant en 1959 un courrant d’opposition de gauche va naître d’une scission avec le parti nationaliste de l’Istiqlal et donner l’Union Nationale des Forces Populaires. Autour de la personnalité de Mehdi Ben Barka, cette contestation politique socialiste condamne l’État religieux et préconise un État de droit pour une constitution démocratique. Dans un même souci d’opposition à l’idéologie nationale unitaire, autour de l’arabité et de l’islam, va naître et se développer le mouvement berbère.
II. Contestation : l’émergence d’un mouvement identitaire amazigh
La prise d’importance du mouvement berbère au Maroc est du fait de la convergence d'intérêts communs d’acteurs variés.
À partir de 1957, la monarchie dont l’Etat marocain qui voit d’un mauvais œil l’avancée fulgurante du parti à base arabe et citadine de l’Istiqlal (salafiste avec le parti de l’Istiqlal et socialiste avec le parti de l’Union Nationale des Forces Populaires) va favoriser de ce fait un parti à base rurale et berbère: le Mouvement populaire contre les partis des villes.
En même temps, face à cette marginalisation dans les années 1960 va être initié par des jeunes intellectuels et universitaires issus de la région d’Agadir et installés à Rabat proche de l’extrême gauche et des mouvances panarabistes marxistes va émerger un mouvement culturel amazigh. Il créèrent en 1967 l’Association marocaine de recherche et d’échanges culturels (AMREC). Leur objectif principal était de faire connaître et de promouvoir la culture populaire marocaine. Pendant cette période, les militants parlaient de culture populaire et n’osaient pas, par peur de répressions, d’évoquer leurs revendications identitaires amazighes: les fondements sacrés de la monarchie que sont la langue arabe et l’islam restaient intouchables et, de plus, évoquer la question berbère faisait référence au colonialisme qui avait tenté de diviser le peuple marocain en deux pour mieux le dominer, et restait de l’ordre du tabou.
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