L'adultère à Rome sous le haut empire
Dissertation : L'adultère à Rome sous le haut empire. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar raibolito • 21 Mai 2025 • Dissertation • 3 223 Mots (13 Pages) • 121 Vues
L’adultère à Rome sous le haut empire
« Dans tous les cas, mariez-vous, si vous tombez sur une bonne épouse, vous serez heureux ; et si vous tombez sur une mauvaise, vous deviendrez philosophe, ce qui est excellent pour l’homme » (Socrate)
Le haut empire prend naissance à la suite des guerres civiles avec l’avènement d’Octave devenu Octavien et finalement Auguste Princeps en 27 avant notre ère et durera jusqu’à la fin des Sévères en 235 de notre ère.
Cela fait suite à la bataille d’Actium en 31 ou les forces conjointes de Marc Antoine et Cléopâtre sont défaites par Octave et son général Agrippa. C’est la fin de la république et l’instauration d’un nouveau régime que l’on nomme le Principat.
En effet, un constat est fait.
La république était arrivée au bout de son destin. Ses intellectuels se complaisaient à décrire la décadence des mœurs, la multiplication des crimes, le déclin de la puissance, la violence de guerres civiles en gestation. « Lorsque la contagion des vices se répandit comme une épidémie, la cité changea ; le plus juste et le meilleur des gouvernements devint cruel et intolérable », disait un historien ; « pourquoi différer de mourir ? », déplorait un poète ; « la République est morte tout entière », avouait en privé un grand politique. Tout ce qui avait été semblait voué à disparaître dans la violence, l’oubli et la corruption ; et Ciceron de théoriser, un « cycle complet de la licence (licentia) : lorsque des crimes ont été commis, la tolérance de la société donne libre cours et même exacerbe l’ambition personnelle des criminels, qui servent ensuite de modèles à de nombreux autres [18][18]R. de Nicolay, « Licentia. Cicero on the Suicide of Political… ».
C’est dans ce contexte que ce régime fut changé par petites touches par Auguste effectuant une véritable révolution lente de la société romaine. Ainsi donc Restitutor, « restaurateur » : tel est l’épithète que se donnèrent Auguste, Trajan, Septime Sévère et tant d’autres empereurs. Ce n’était pas seulement un tour de passe-passe politique. Les Romains étaient persuadés de l’importance capitale du mos majorum, c’est-à-dire des « mœurs des anciens » (le siècle d’Auguste pp36 à 70 chapitre II restaurer le passé ; Raphael Doan 2021, collection que sais je PUF)
Il fallut donc s’attaquer aussi aux mœurs et pas seulement aux institutions. Sous Auguste furent promulguée à son initiative les lois Julia (du nom de la dynastie) sur le mariage et sur l’adultère : lex de maritandis ordinibus et la lex de adulteris coercendis en 18 avant notre ère mais elles durent être renouvelée 27 ans plus tard car sans doute tombées en désuétude sous la forme de la lex papia poppaea
La condition de la femme romaine est celle soumise au patriarcat, elle n’a aucun pouvoir politique ne peut briguer aucune charge du cursus honorum. Elle a le choix entre être une matrone ou une prostituée et sera honorée comme mère de famille libérée de sa tutelle quand elle a eu au moins trois enfants (ius trium lebororum) d’autant plus honorée lorsqu’elle est reconnue uniuira, la femme d’un seul homme.
Des lors la problématique est comment accepter cette soumission ? l’adultère est-il une façon de s’y opposer et de favoriser les intérêts de ses enfants ?
Nous traiterons d’abord du contexte des mos mayorum puis des lois Julia puis de l’adultère proprement dit.
Cette idée de la tradition des anciens comme référence de vie s’attache à l’analyse de la situation dans laquelle se trouve la république à la fin du premier siècle. Certains accusent le relâchement des mœurs comme responsable du déclin et de la décadence. Ils plaident en faveur du retour à la tradition des mos mayorum pourtant vieille de plusieurs siècles mais reflet d’une époque ou Rome était une cité perdue du Latium courageuse et combattive. On y voyait là le gage d’une société qui avait construit la Rome victorieuse et conquérante. Il fallait retrouver ces valeurs pour avancer vers un nouveau régime débarrasser des démons récents des guerres civiles.
Les mos Mayorum signifient pour ces romains le moyen de redressement. La moralité des mœurs est mise en avant et la femme romaine y prend toute sa part. L’adultère ne peut être toléré. En effet 7 qualités sont inscrites dans les mos mayorum qui sont : la Fidès, la Pietas, la Majestas, la Virtus, la Gravitas, la Constantia et la Frugalitas.
Intéressons-nous en particulier à la Fidès. Il s’agit d’un lien d’honneur entre les citoyens, qui dépassent les simples limites du mariage mais les incluant aussi bien puisqu’il s’agit des liens sociaux en général. Elle garantit donc les rapports entre les êtres, aussi bien dans les contrats que dans les traités, et plus profondément encore dans l’accord implicite, défini par les différentes coutumes, qui lient les citoyens entre eux. Être adultère c’est trahir cette fidès car c’est rompre ce contrat. Voilà en quoi les mos mayorum inspirent les lois Augustéennes sur le mariage et sur l’adultère.
On peut penser comment Octave éduqué aux lectures de Virgile et Ovide ces poètes contemporains (Virgile 70-19) (Ovide 43- 17) a pu être influencé par leurs écrits qui font référence à ces coutumes des anciens, tout comme ceux de Cicéron et pour une bonne part ils nous sont connus. Ses lectures philosophiques et son éducation ont surement eu un réel effet sur la morale qu’il défend
Le stoïcisme en particulier fait montre de rigueur faisant appel aux principes d’une morale dénonçant l’avilissement des mœurs, préconisant la vertu la maitrise de soi et le courage. Cette philosophie sera essentielle dans la vie de Marc Aurèle au II siècle. Dans quelle mesure ce stoïcisme est-il aussi une philosophie d’Auguste ? On peut supposer qu’il y joue un rôle.
Dans ce grand train de réformes, Auguste fait promouvoir ces lois : lex de maritandis ordinibus et la lex de adulteris coercendis en 18 alors qu’il est déjà princeps et jouissant de la puissance tribunitienne depuis 23
Tenant compte de la qualité patrilinéaire de la société romaine, l’adultère représentait depuis toujours un danger de perversion de la famille si l’enfant n’était pas du mari. L’adultère a donc toujours été réprimé. Mais évidemment il n’avait de réelle importance que si c’était la femme qui trompait son époux « Si tu prenais ta femme en adultère, tu pourrais impunément la tuer sans jugement. Si tu commettais l’adultère, elle n’oserait pas te toucher du bout du doigt. Ainsi le veut la loi »
...