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L’Etat rentier constitue-t-il un frein à la transition démocratique au Moyen-Orient ?

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Par   •  25 Février 2024  •  Dissertation  •  1 598 Mots (7 Pages)  •  34 Vues

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  1. L’Etat rentier constitue-t-il un frein à la transition démocratique au Moyen-Orient ?

    Le principe de l’Etat rentier est un système populaire chez les pays exportateurs de pétroles. A première vue idyllique,  il fonctionne sur un distribution nationale des revenus de la rentre pétrolière de l’Etat. Exempté d’impôts, sans obligation de travailler pour certains et assurés d’un revenu, on pourrait penser que les populations de ces Etats n’auraient aucun intérêt à revendiquer un système différent de celui dans lequel ils vivent. Cette approche propre aux théoriciens de l’Etat rentier marque une césure avec la tendance mondiale du 20e siècle, propice à l’émergence de démocraties sur les cinq continents. Cette confrontation de deux modèles soulève la problématique suivante : l’Etat rentier est il par nature un frein à la transition démocratique ? Pour apporter des éléments de réponses à cette question, nous étudierons dans un premier temps les différentes définitions et approches du principe d’Etat rentier, puis nous montrerons en quoi il est réfractaire à la démocratie de par l’autonomie gouvernementale, et nous conclurons par mettre en exergue les limites de ce postulat .  

  1. Définitions

    La notion d’Etat rentier est née à la fin des années 1970. Pour ses théoriciens comme Giacomo Luciani, Jill Crystal ou Lisa Anderson, l’Etat rentier est un modèle dans lequel l’Etat n’a pas besoin de taxer sa population, et de ce fait n’est pas obligé de lui rendre des comptes. En pratiquant une politique de distribution de la manne pétrolière, le gouvernement de l’Etat rentier dépolitise sa population qui est victime d’un sujétion latente, n’ayant aucun intérêt à la revendication démocratique. Le politologue Yasuyuki Matsunaga apporte une nuance au concept d’Etat rentier en y distinguant deux formes.

    La première est celle de l’Etat « rentier » stricto sensu, tirant la majorité de ses recettes de l’étranger sous la forme de rente. Dans ce système, l’Etat abandonne l’usage de l’impôt qui est trop coûteux et impopulaire. La population ainsi libérée du dîme n’a théoriquement plus de compte à rendre à l’Etat et n’a plus aucune liaison avec lui dans la mesure ou l’impôt est un outil de pression bilatéral entre la population et le gouvernement. De cette rupture née une autonomie politique de l’Etat, expliquée par Alan Richards et John Waterbury par le fait que « Les rentes ont permis aux gouvernements d’éviter de taxer lourdement leurs propres citoyens, rompant ainsi le lien vital, quoique souvent conflictuel, qui unit gouvernement et contribuables ». Le citoyen n’a plus son mot à dire car il ne finance plus l’administration publique.

    La seconde forme évoquée par Matsunaga est celle d’un Etat « distributeur » dont la dépense représente la majeure partie des recettes du pays. Ici, l’Etat est l’acteur principal de l’économie du pays, ainsi que le médiateur entre la population spectatrice profitant de l’exploitation pétrolière et l’Etat acteur de l’exploitation pétrolière, créateur d’emploi et de services sociaux. Pour Afsaneh Najmabadi, et J.Crystal, l’Etat distributeur achètera tout opposition au régime, incluant toute velléité démocratique, via une distribution choisie favorisant certains acteurs plutôt que d’autres. L’opposition politique corrompue est dépolitisée, et la population, de plus en plus dépendant de « l’aumône » gouvernementale, devient tolérante et docile sans que l’Etat n’ai besoin d’user de moyen de coercition. En nous fondant sur l’axiome de Benjamin Constant « tout est moral dans les individus, tout est physique dans les masses », l’individu n’est plus libre de ses choix car il est rentré dans un système dont l’idée générale est à l’assentiment populaire.

  1. Autonomie politique

    Nous avons donc vu que l’autonomie de l’Etat vis-à-vis des revendications démocratiques, selon les théoriciens de l’Etat rentier, était fondée sur l’absence d’interaction entre l’Etat et les acteurs sociaux pour l’Etat strictement rentier et la corruption ou « distribution sélectionnée » pour les Etats distributeurs. Pour Matsunaga, l’autonomie est structurelle et donc pérenne uniquement pour le cas de l’Etat strictement rentier (principe uniquement théorique qui n’existe pratiquement pas dans la réalité), donc l’ossature conditionne le résultat. Pour l’Etat distributeur en revanche, l’autonomie du gouvernement condamné à acheter perpétuellement son peuple n’est que relative et fluctuante selon ses rapports avec les acteurs sociaux.

    Pour Douglas North et Barry R. Weingast, l’impôt est un autre argument contre l’utilité d’une transition démocratique. En effet, dans un modèle interactif, l’impôt est conçu comme un instrument de « marchandage » politique entre le gouvernement percepteur de revenu et le citoyen désireux d’exercer un contrôle sur l’Etat. Selon certains théoriciens, si l’Etat veut lever des impôts, il devra promouvoir la croissance économique et susciter chez les individus un désire de contrôler les politiques publiques, étant acteurs du financement de l’administration étatique. Or dans un Etat rentier indépendant de la société pour se financer, les acteur sociaux sont désarmés face au gouvernement qui jouit d’une pleine autosuffisance. Combinant faible pression fiscale et distribution choisie de liquidités, l’Etat rentier atténue voire supprime toute velléité de transition démocratique.

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