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Exposé Grand Oral HGGSP - Etat et religion en Turquie

Étude de cas : Exposé Grand Oral HGGSP - Etat et religion en Turquie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2024  •  Étude de cas  •  1 971 Mots (8 Pages)  •  95 Vues

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Gead Mayala, Gaston Tizon et Robin You

Introduction

L’islam est la religion dominante : plus de 99 % des habitants de la Turquie sont issus d’une famille musulmane. Les trois quarts d’entre eux sont musulmans sunnites et un quart, alévis (une branche du chiisme). Les petites minorités chrétiennes ou juives ne sont que les vestiges de communautés plus importantes qui vivaient sur le sol de l’actuelle Turquie jusqu’au début du XXe siècle.

Schématiquement, la population se divise en un pôle laïque, un pôle sunnite conservateur, marginalement islamiste et un pôle alévis plus ou moins pratiquant, généralement tolérant et progressiste.

1/ Les origines de la laïcité turque

La laïcité turque date des origines de la République fondée par Mustafa Kemal dit « Atatürk » (« le père des turcs ») et a été imposée avec l’aide de moyens militaires par la révolution culturelle kémaliste. En effet, à partir de 1924, Mustafa Kemal fait de la laïcité le principe fondateur de la nouvelle Turquie républicaine qui succède à l’Empire ottoman. Pour Mustafa Kemal, il s’agit de faire en sorte que la Turquie échappe au sort réservé à l’ensemble d’un monde musulman alors colonisé par les puissances européennes : en adoptant les valeurs des vainqueurs, il sauve la Turquie de la domination européenne et s’imposa comme interlocuteur incontournable de par ses négociations avec les pays européens.

Au-delà de cette laïcité existant depuis le début du 20ème siècle, la Turquie est un Empire pluriethnique et multiconfessionnel (où coexistent plusieurs confessions religieuses) qui a, très tôt, fait coexister loi islamique (seriat) et législation impériale (kanûn), et qui a dû trouver des formules juridiques pour faire cohabiter des groupes ethniques, des langues, des religions et des droits différents. En effet, l’Empire ottoman se caractérise par un mélange traditionnel entre l’Asie centrale, l’Empire arabe, persan, et Byzantin. La gestion des rapports entre la politique et la religion relevait ainsi du césaropapisme (système de gouvernement temporel où le sultan (souverain de l’Empire ottoman) entend contrôler le pouvoir religieux, à seule fin de dominer de manière universelle) et cette tradition de l’autonomie du sultan (qui contrôle tout) a été transmise pendant la Révolution de 1908 aux Jeunes Turcs. Cette situation a donc préparé le terrain à une possible nationalisation des biens du clergé dans la seconde moitié du XIXe siècle, et à la définition de compromis politiques et juridiques voulus par les constitutionnalistes.

2/ Chronologie : la marche vers la laïcité

Certaines dates méritent d’être relevées, afin de comprendre la mise en place de la laïcité en Turquie, et de saisir l’importance de la révolution kémaliste.

  • À partir de 1908, les Jeunes-Turcs ouvrent la voie au laïcisme kémaliste. En effet, avant Mustafa Kemal, la laïcité est venue aux Jeunes-Turcs, grâce notamment aux francs-maçons du Grand Orient de France.
  • 1922 : abolition du sultanat
  • 29 octobre 1923 : avènement de la République
  • 3 mars 1924 : abandon du califat et de l’enseignement religieux mais la Constitution, approuvée par la Grande Assemblée Nationale le 20 avril 1924 prévoit dans son deuxième article que « la religion de l’Etat Turc est l’Islam ».
  • 1924 et 1926 : l'adoption et mise en place du code civil. Ce texte touche le cœur du champ d'application de la seriat (la vie religieuse et familiale, le statut des femmes). Son application est loin d'être égale sur l’ensemble du territoire de la République Turque. Parallèlement à la suppression des tribunaux religieux, le système judiciaire est entièrement réorganisé sur le modèle français.
  • 10 avril 1928 : amendement du deuxième article de la Constitution et donc suppression des références à l’islam dans la Constitution.
  • 1931 : définition du laïcisme et de cinq autres principes du kémalisme à savoir « républicanisme, progressisme, populisme, étatisme et nationalisme ». La laïcité est introduite en 1937 dans la Constitution.

Un certain nombre de réformes ont été réalisées pendant cette période. Nous citerons aussi : l’interdiction de la polygamie, la réforme de l'alphabet et la réforme linguistique qui ont une dimension de rupture laïciste avec la religion d'origine arabe, mais aussi d'avec l'histoire ottomane ; l'obligation de prier en turc, et non plus en arabe ; l'adoption du calendrier chrétien, avec le dimanche comme jour de repos hebdomadaire…

3/ L’avenir de la laïcité turque après la Seconde Guerre mondiale : des avancées plus lentes

Après la seconde guerre mondiale, le système kémaliste (idéologie fondatrice de la république de Turquie) décline juste au moment de la mise en place d’une démocratie qui sera fondée sur la reconnaissance de la légitimité d'une pluralité effective de partis politiques et de leur alternance au pouvoir, en 1946 (une démocratie parlementaire pluraliste). Dans les années qui suivent, l’islam a été réintroduit peu à peu par L’Etat par exemple : en 1949, des enseignements de religion ont ressurgi dans les écoles primaires publiques. En 1950, le parti kémaliste perd le pouvoir et il donc prit par le parti démocrate. La cause de ce succès du parti démocrate s’explique par la première expression politique autorisée de l’opposition des forces religieuses opposées à la modernisation stricte et à la laïcisation imposée durant la phase kémaliste. Alors le parti au pouvoir a assoupli les mesures de laïcités (l’autorisation de la langue arabe pour l’appel à la prière, la sortie des confréries religieuses de la clandestinité, la tolérance de la polygamie etc…) qui rendent la laïcité plus en phase avec la société.

Mais il va y avoir des reculs : Le système installé par le parti démocrate se transforme en dictature de la majorité et les droits de l’opposition sont humiliés. Ces troubles fonctionnels du système vont enclencher le coup d’état militaire du 27 mai 1960 qui va être soutenu par les élites turques et par le foyer fondamental d’opposition à ce parti. En 1961, la nouvelle constitution de la république turque est mise en place et instaure un régime démocratique et libéral (une forme de gouvernement dans laquelle la démocratie représentative fonctionne selon les principes du libéralisme, à savoir la protection des droits des minorités). Il y’a donc une instabilité politique dans ce système. Les partis politiques d’inspiration islamique sont nés.

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