Scène d'exposition de Musset
Analyse sectorielle : Scène d'exposition de Musset. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar CClet • 29 Avril 2025 • Analyse sectorielle • 1 679 Mots (7 Pages) • 8 Vues
Problématique : Quelles sont les caractéristiques de cette scène d’exposition ? Comment Musset nous présent-il l’intrigue
I) Une scène d’exposition avec la description de Blazius
Une place devant le château
Un lieu ouvert, les unités de lieu et de temps ne seront pas respectées, théâtre qui n’est pas fait pour être joué, les changements de lieux ne sont donc pas impossibles. 2 aspects de la pièce : le contexte social double, avec place=peuple et le château=noblesse, mais aussi les thèmes de l’œuvre, avec place=comédie et le château=tragédie. Opposition entre ce qui est ouvert et ce qui est fermé. Le problème de Perdican c’est qu’il est noble mais qu’il aspire à l’ouverture.
LE CHŒUR : Doucement bercé sur sa mule fringante, Messer Blazius s’avance dans les bluets fleuris, vêtu de neuf, l’écritoire au côté. Comme un poupon sur l’oreiller, il se ballotte sur son ventre rebondi, et les yeux à demi fermés, il marmotte un Pater noster dans son triple menton. Salut, maître Blazius ; vous arrivez au temps de la vendange, pareil à une amphore antique.
Personnage multiple du chœur=peuple, dans l’antiquité le chœur présente, commente et explique l’histoire. La voix de la sagesse, raison, propre aux tragédies=ça va mal se passer.
Il arrive sur une mule, un animal hybride, pas noble qui ne se reproduit pas, oxymore avec fringante, héroïcomique, mule=noble destrier. Un animal lent souvent chargé, ici la charge=Blazius, quelque chose de lent qui symbolise sa lenteur intellectuelle. Blazius, fantoche est sur un animal stérile, il ne va pas pouvoir faire grand-chose, impuissance. Référence biblique avec l’arrivée de jésus sur un âne à Jérusalem, =humilité. Ici Blazius est prétentieux, se fait appeler « maitre ». Le Chœur présente Blazius comme un enfant, comparaison avec « poupon », burlesque pour un maitre, professeur : « messer » (mot ancien d’origine italienne signifiant « seigneur »). « L’écritoire au côté » indique un personnage instruit, il est sensé guider Perdican mais c’est lui l’enfant. Il est endormi, « bercé, oreiller, fermé » et tourné en dérision. « Messer » est désuet, de même que bluets, ancien nom de bleuets, pas dans son contexte. Pas les valeurs romantiques de l’époque de Musset. Bluet référence poétique décalée, aspect sentimental/délicat, antinomique avec Blazius, ironie.
Caricature de l’homme d’église comique : « marmotte », décrédibilise. Il est moine mais semble bon vivant avec son ventre rebondi, son triple menton. Suffixe -ius, latin macaronique, =pédanterie, bêtise, faux savant, mais il veut faire bonne impression : « vêtu de neuf », blase=nom (argot). Apostrophe du chœur qui connait bien le personnage et son caractère. 1ère chose=vendange et comparaison avec amphore. Un alcoolique, renforce le comique. Être creux rempli de vin. Personnage contradictoire à l’image des indications temporelles : fleuris=printemps, vendange=automne (saison mélancolique, préférée des romantiques). Et Musset ne respecte pas l’unité de temps.
MAÎTRE BLAZIUS : Que ceux qui veulent apprendre une nouvelle d’importance m’apportent ici premièrement un verre de vin frais.
LE CHŒUR : Voilà notre plus grande écuelle ; buvez, maître Blazius ; le vin est bon ; vous parlerez après.
Vin va conditionner ce qu’il va dire, pas un émissaire fiable, fait passer son ivrognerie avant sa mission. Suscite la curiosité du lecteur avec la double énonciation. Le Chœur connaît son alcoolisme, quand il demande « un verre », le chœur lui tend une « grande écuelle ». Disproportionné. Pas fiable ce qu’il va dire, bois puis parle. Ridicule mais rang social élevé, supérieur au chœur, formulation subjonctive (ordre) emphatique « que ceux » « m’apportent ». Les personnages avec du pouvoir ici sont en réalité impuissants. Blazius est un « fantoche » : comparable à ce personnage du théâtre italien, marionnette ou pantin aux traits grossiers. Sa mollesse se retrouve dans les allitérations en B : « bercé, Blazius, bleuets, ballotte, rebondi » et M « doucement, mule, messer, demi-fermés, marmotte, menton ». Les fantoches qui devraient en réalité aider les jeunes premiers sont inutiles, personne ne sauvera Perdican. On est bercé avec les rimes : « Il se ballote/ il marmotte », « fleuris/rebondis », « fermés/oreillers ». Musset avait initialement écrit le début de la scène en vers. (Le chœur est à la fois un personnage collectif qui emploie le pluriel et le singulier. Cela suggère un coryphée (chef de chœur) qui incarne une communauté villageoise. Il ressemble davantage au chœur de l’opéra-comique, à la mode à l’époque de Musset, qu’à celui de la tragédie avec ses sujets élevés et sérieux).
I) Un éloge de Perdican.
MAÎTRE BLAZIUS : Vous saurez, mes enfants, que le jeune Perdican, fils de notre seigneur, vient d’atteindre à sa majorité, et qu’il est reçu docteur à Paris. Il revient aujourd’hui même au château, la bouche toute pleine de façons de parler si belles et si fleuries, qu’on ne sait que lui répondre les trois quarts du temps. Toute sa gracieuse personne est un livre d’or ; il ne voit pas un brin d’herbe à terre qu’il
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