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En quoi Nathalie Sarraute, en s’éloignant des formes classiques du théâtre, propose-t-elle une vision nouvelle qui interroge ce qu’est véritablement "faire du théâtre" dans Pour un oui ou pour un non ?

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Par   •  24 Mai 2025  •  Dissertation  •  1 242 Mots (5 Pages)  •  16 Vues

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Dissertation Nathalie Sarraute

Problématique : En quoi Nathalie Sarraute, en s’éloignant des formes classiques du théâtre, propose-t-elle une vision nouvelle qui interroge ce qu’est véritablement "faire du théâtre" dans Pour un oui ou pour un non ?

Axe 1 : La destruction des conventions théâtrales dans l’œuvre de Nathalie Sarraute

Dans Pour un oui ou pour un non, Nathalie Sarraute opère une remise en question radicale des conventions du théâtre, telles qu’elles ont été codifiées depuis des siècles.

Tout d’abord, Sarraute rejette l’idée même d’une intrigue dramatique structurée, qui constitue pourtant l’un des piliers du théâtre classique. Si l’on considère qu’une intrigue est une “combinaison de circonstances et d’incidents, enchaînement d’événements qui forment le nœud de l’action” (définition du CNRTL), alors il n’y a pas vraiment d’intrigue à part entière. Dans l’œuvre, il n’y a ni conflit héroïque, ni péripétie majeure ; l’action de Pour un oui ou pour un non repose sur une situation apparemment banale : un désaccord verbal autour d’une simple expression (“c’est bien … ça”, prononcé par H1 quelques jours avant la rencontre). Ce choix d’une trame minimale détourne le théâtre de ses fonctions habituelles, notamment celle de raconter une histoire, pour se focaliser sur les nuances du langage et des sous-entendus.

Puis, un autre élément marquant de cette destruction des conventions est l’anonymat des personnages. Dans la pièce, les protagonistes ne sont désignés que par leurs genre et ordre d’apparition (H.1, H.2, H.3, F.), ce qui empêche toute identification psychologique ou sociale traditionnelle. Cette indifférenciation crée effectivement une véritable confusion : les répliques de H.1 et H.2 se font écho et les deux hommes en eux même n’incarnent plus vraiment des “personnes” à part entière. En refusant de nommer ou de caractériser ses personnages, Nathalie Sarraute met fin aux personnages au destin héroïques, tels qu’on avait l’habitude de retrouver, notamment dans Le Cid, de Pierre Corneille, qui met en scène le dilemme cornélien de Don Rodrigo entre devoir et amour. Elle dépasse les spécificités individuelles pour aborder des thèmes universels. H.1 et H.2 ne sont plus deux individus spécifiques mais des “vêtements habités” (expression de Valère Novarina) qui pourraient être parfaitement interchangeables. L’autrice met ainsi en avant l’universalité des conflits humains, puisque n’importe qui peut s’identifier à eux lors cette altercation.

Enfin, Nathalie Sarraute s’affranchit également des exigences scéniques traditionnelles. En 1986, dans un entretien, Nathalie Sarraute déclarait : “Je ne donne pas du tout d’indications scéniques, je ne suis pas du tout visuel. [...] Le metteur en scène est obligé de tout faire.” En effet, le décor et la mise en scène dans Pour un oui ou pour un non sont volontairement minimalistes, voire inexistants. L’absence de didascalies, et même de la division traditionnelle en actes et en scènes, souligne parfaitement que l’attention du spectateur doit se porter exclusivement sur le dialogue et les silences, éléments essentiels de la pièce. Par ailleurs, il est important de rappeler que cette pièce de théâtre est à l’origine radiophonique, elle a été écrite pour être interprétée à la radio, là où la parole joue un rôle central. Ainsi, contrairement aux grands décors et aux costumes élaborés du théâtre classique, ici, la scène est réduite à un cadre neutre, presque abstrait. Ce choix radical contribue à ce que Claude Régy qualifie de « destruction totale du théâtre ».



Plan en 3 axes pour la dissertation :

I. La destruction des conventions théâtrales

1. Rejet de l’intrigue traditionnelle

  • Absence de tension dramatique classique : l’action repose sur un malentendu anodin.
  • Déplacement de l’attention sur les non-dits et les tensions psychologiques plutôt que sur les événements.
  • L’effet produit sur le spectateur : déstabilisation et réflexion.

2. L’anonymat et l’indifférenciation des personnages

  • Personnages désignés par des initiales (H.1, H.2, etc.), sans identité précise.
  • Les dialogues reflètent une confusion volontaire entre les personnages, qui semblent interchangeables.
  • Cette indifférenciation met en avant une universalité des conflits humains, en supprimant toute spécificité sociale ou psychologique.

3. L’abandon des exigences scéniques traditionnelles

  • Décor minimaliste et mise en scène quasi absente.
  • Privilégier un théâtre centré sur le langage et l’introspection plutôt que sur le visuel et le spectaculaire
  • Une pièce à l’origine radiophonique

II. Une œuvre qui propose une redéfinition du théâtre

1. Le langage comme enjeu principal : un logo-drame

  • Le théâtre de la parole
  • Le dialogue est l’unique créateur d’action et de tension.
  • Un jeu sur les non-dits (sous-entendus ) et les silences dans la construction des conflits.
  • Les points de suspension permettent de montrer tout le côté paraverbal de ce texte

2. Une nouveau type de drame basé sur les relations humaines

  • Mise en lumière des tensions invisibles entre les personnages, issues d’un malentendu apparemment insignifiant.
  • Refus des personnages héroïques faisant face à des conflits (par ex : Le Cid, de Pierre Corneille : met en scène un dilemme cornélien entre devoir et amour)
  • Les protagonistes incarnent des individus ordinaires.
  • Il y a une exploration de la communication et des malentendus dans les relations humaines.

3. Un théâtre de l’intériorité :  l'exploration des tropismes

  • Les tropismes, notion centrale chez Nathalie Sarraute, désignent les mouvements intérieurs imperceptibles, ces micro-réactions psychologiques souvent inconscientes qui traversent les individus → dans la pièce “c’est bien ca”
  • L’autrice met en scène ces mouvements subtils à travers les dialogues : une simple phrase ou un ton ambigu ("C’est bien... ça") déclenche une série de réactions intérieures chez les personnages.
  • Sarraute fait du dialogue un terrain d’exploration psychologique
  • Proximité avec le Nouveau Roman : introspection, rejet de la linéarité narrative.
  • Sarraute transpose ces techniques dans un format théâtral.

III. Finalement, Pour un Oui ou pour un Non interroge la notion même de “faire du théâtre”

1. Le spectateur devient un personnage à part entière de la pièce, un tournant majeur en opposition aux pièces classiques :

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