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Les crises

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Par   •  25 Avril 2019  •  Cours  •  11 697 Mots (47 Pages)  •  559 Vues

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Les crises

Introduction :

Comment définir une crise ?

Avant les années 1970, on pouvait définir un épisode de crise par quelques critères :

–  chute brutale du niveau des prix de gros (produits agricoles, matières premières et, dans une moindre mesure, produits industriels), conséquence des difficultés à vendre.  –  Recul de la production dans tous les secteurs, souvent suivi d’une stagnation de la production.  –  Recul marqué de l’investissement, dans des proportions supérieures à la production.  –  Augmentation des faillites, recul de l’emploi et montée du chômage.  Ces phénomènes s’alimentent généralement les uns les autres et peuvent dégénérer en récession cumulative, l’exemple typique étant la crise des années 1930.

I) Une grande variété de crises

A) La crise inflationniste des années 1970 1) Caractérisation de la crise des années 1970

Concernant la production :

  • Très faible recul de la production pour la seule année 1975 : - 1,0 % du PIB réel (mais -10 % pour la production industrielle entre le 3ème trimestre de 1974 et le 3ème trimestre 1975).
  • Dès le 3ème trimestre 1976, la production retrouve son niveau de fin 1974.  Par comparaison : la production industrielle n’avait toujours pas retrouvé le maximum de 1929-30 en 1938...  —> Ralentissement du rythme de croissance du PIB plutôt que baisse absolue de la production : on passe ainsi d’un taux de croissance annuel moyen du PIB de 5,6 % sur la décennie 1960 à 3,3 % dans les années 1970 (1,9 % dans les années 1990).  

Tassement marqué de l’investissement

En augmentation constante depuis 1960, la FBCF des entreprises atteint un pic en 1973 autour de 85000 francs constants et va ensuite progressivement tombé à 70000 entre 1975 et 1976. La FBCF des entreprises va ensuite se tasser autour des 80000 francs constants sans dépassé ce seuil jusqu’en 1980 (base 80). Les résultats sont très similaires en base 2000 (annuel).

Taux d’investissement national (prix courants), France, 1959-1985, base 2000

Le taux d’investissement national (prix courants) atteint un pic aux alentours de 25% fin 1973 et va par la suite progressivement chuter jusqu’à 19% en 1985 (base 2000).

Le ralentissement de l’accumulation au cœur de la crise

Le taux de croissance annuel moyen de la FBCF en volume passe de 8 % entre 1963 et 1974 à une stagnation complète entre 1973 et 1979.  —>Ralentissement très net de l’accumulation.  Toutefois :

–  La stagnation de l’investissement dans les années 1970 contraste avec le recul absolu de l’investissement au cours des années 1930.  –  Le taux d’investissement atteint en 1974 un pic historique à près de 25 %.  – La consommation des ménages est restée soutenue durant les années 1970.

La progression continue du chômage

Le taux de chômage qui était d’environ 3% en 1974 va fortement augmenter et atteindre 10% en 1985.

Persistance du chômage

  • Le chômage augmente de façon « brutale » entre 1973 et 1975 : + 1,3 points en 2 ans, soit autant qu’entre 1965 et 1973 (300 000 chômeurs supplémentaires).
  • Le taux de chômage continue de progresser tout au long des années 1970 : il dépasse 6 % en 1980 et 10 % en 1985 (on ne repasse pas sous cette barre avant 2005)
  • Le caractère vraiment structurel de la crise débutant en 1973, c’est incontestablement la progression durable du chômage.
  • Il faut attendre 1988 pour observer une baisse du chômage (de 10,4 % en 1987 à 9,8 % en 1989).

Le paradoxe : une crise inflationniste

Taux d’inflation annuel moyens : 1960-69: + 4.3 %

1970-79: + 9.4 %

La stagflation

  • Durant les Trente Glorieuses : inflation rampante et quelques épisodes de surchauffe inflationniste.
  • A partir de 1973-74, le phénomène s’accélère —>Inflation plus élevée et permanente : de 6 % au début des années 1970, elle atteint 13 % en 1975.
  • Crise des années 1970 : ralentissement de la croissance + inflation forte —> Stagflation, véritable paradoxe pour la théorie économique.
  • Le pouvoir politique doit composer avec des symptômes difficiles à combattre simultanément avec les outils habituels de politique économique :  – lutter contre le chômage en relançant la machine risque d’aggraver l’inflation.  – lutter contre l’inflation par une politique de rigueur risque d’aggraver le chômage.

Comparaison des crises de 1929 et 1973 dans le cas américain

  • L’indice du PIB base 100 en 1929 vaut 73,5 en 1933 (-26,5 % ; -10 % annuel entre 1929 et 1932). En 1933, le taux de chômage américain avoisine les 25 % ! L’indice de production industrielle, base 100 en 1929, ne dépasse pas 55 en 1932 (B. Gazier) !
  • L’indice du PIB base 100 en 1973 vaut 99,3 en 1975 (-0,7 %), 119,2 en 1979 et 119,5 en 1982 (stagnation).
  • L’indice de prix du PIB base 100 en 1929 vaut 74,1 en 1933 (-26 %) et 81 en 1939.
  • L’indice de prix du PIB a plus que doublé entre 1973 (100) et 1983 (204,7), soit + 7,5 % en moyenne par an.

2) La courbe de Phillips

  • Phillips (1958) montre qu’il existe, au niveau empirique (Grande-Bretagne), une relation décroissante entre taux de croissance des salaire nominaux et taux de chômage (tensions sur le marché du travail, etc.)
  • Les entreprises fixent leur prix en appliquant un taux de marge sur leurs coûts de production  —> les prix suivent les évolutions des salaires nominaux.
  • La courbe de Phillips établit finalement une relation décroissante entre taux d’inflation et taux de chômage.

Implications en termes de politique économique

  • Selon la courbe de Phillips, il existe pour les pouvoirs publics un arbitrage à effectuer entre inflation et chômage.
  • Rupture avec la théorique quantitative de la monnaie : la politique monétaire est certes inflationniste, mais elle a aussi un effet sur le niveau de production.
  • Les pouvoirs publiques peuvent décider où ils souhaitent se positionner sur la courbe : le réglage fin (fine tuning) de la conjoncture est possible.
  • D’après ce cadre théorique, les pouvoir publics auraient fait le choix de la croissance soutenue durant les 30 Glorieuses, mais la pénurie de main-d’œuvre qui en a résulté (taux de chômage continuellement inférieur à 2 %) aurait été responsable de l’inflation latente.
  • En revanche, ce cadre théorique ne permet pas d’expliquer le phénomène de la stagflation des années 1970.

L’interprétation monétariste

  • Selon Friedman (1968), il existe un taux de chômage naturel défini comme un taux de chômage frictionnel correspondant à la fois à la mobilité normale des travailleurs et aux imperfections existant sur le marché du travail.
  • Il est illusoire de croire que les politiques publiques (notamment la politique monétaire) permettent de faire passer l’économie de façon durable sous le taux de chômage naturel.

L’analyse de M. Friedman

  • Si l’État adopte une politique monétaire accommodante en augmentant l’offre de monnaie :

—> Demande supplémentaire sur le marché des biens.

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