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LA REVOLTE PEUT ELLE ÊTRE UN DROIT ?

Fiche : LA REVOLTE PEUT ELLE ÊTRE UN DROIT ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  17 Mars 2019  •  Fiche  •  1 382 Mots (6 Pages)  •  1 578 Vues

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Un exemple de dissertation :

La révolte peut-elle être un droit ?

(Dissertation d'élève de TS– 2 parties seulement, mais excellente)

« Plutôt mourir debout que de vivre à genoux » écrit Albert Camus. Pour ce grand humaniste du XXe siècle, mieux vaut mourir dignement que de vivre lâchement. Autrement dit, la désobéissance ponctuelle est plus forte et plus digne que l'obéissance systématique. Pourtant, désobéir relève de la résistance, de la révolte. Et se révolter, c'est aller contre une autorité établie. Or, cette dernière n'est-elle pas ce à quoi nous devons tous obéir, puisqu'elle est organisée par un État que nous avons élu et qui est censé nous représenter ? La révolte ne constitue-t-elle pas l'antithèse du système politique ? Pourquoi Camus, comme d'autres philosophes, prétendent-ils que la révolte est quelque chose de bien dans un système où elle ne devrait pas être autorisée ? Peut-elle faire partie des règles qui organisent notre vie en société ? Autrement dit, n'existe-t-il pas, paradoxalement, un droit à la révolte ?

Nous allons constater que si dans un premier temps la réponse à cette question semble être que non, la révolte ne peut pas être un droit, une réflexion plus approfondie permettra toutefois de montrer que dans certains cas, la révolte peut effectivement être un droit légitime, et plus encore : une nécessité pour le droit lui-même.

La révolte ne peut constituer un droit positif. Celui-ci est en effet défini comme l'ensemble des règles juridiques le plus souvent écrites. Ce droit est donc établi par un législateur légitime, puisqu'il a été élu par les citoyens. Les règles promulguées par ce législateur ne sont faites que dans le but d'améliorer les conditions de vie de chaque individu, tant sur le plan de la sûreté que de la liberté de chacun. Partant de ce postulat, il est donc impossible que la révolte, qui constitue un soulèvement contre une autorité établie comme une loi par exemple, soit un droit. Elle serait une opposition à ce que tente d'établir le droit positif. Goethe déclare à ce propos : « Mieux vaut une injustice qu'un désordre » dans le Siège de Mayence en 1822. Il défend ainsi l'idée qu'il vaut mieux accepter quelque chose d'injuste plutôt que de se révolter et d'entraîner un chaos législatif en mettant à bas toutes les structures légales du système établi. Pour lui, se taire et obéir est donc plus important que de se faire entendre en désobéissant à une règle établie parce que la volonté individuelle doit passer après le bien commun.

Machiavel s'est lui aussi exprimé à ce sujet, expliquant qu'il existe deux manières de combattre : l'une par les lois, l'autre par la force. « L'une est propre aux hommes, l'autre appartient aux bêtes » (Le Prince, 1532). Pour Machiavel, la force n'est que le résultat d'une pensée peu approfondie, qui nous rabaisse à l'état d'animaux, de « bêtes », terme péjoratif qui lui sert d'argument pour appuyer son propos. La loi au contraire est là pour nous aider à mieux vivre ; ce sont les hommes qui l'ont inventée, alors pourquoi tenter de nous en défaire et de nous ramener à notre être le plus sauvage ? Quel est l'intérêt de se révolter contre quelque chose qui a justement été fait pour notre bien-être collectif, puisque nous vivons dans une société et donc collectivement ? La loi existe pour régir nos vies ; se révolter contre elle tiendrait alors de la brutalité, conséquence naturelle d'un manque de réflexion philosophique. Cependant, il arrive parfois qu'une loi, ou qu'une règle de manière générale, puisse porter préjudice à certaines personnes. D'autre part, on se rend compte qu'il existe aussi des cas où des lois ont été établies par un système non légitime car non élu. Ainsi, on peut légitimement se demander si la révolte ne devient pas alors un droit naturel.

Le droit naturel est défini comme une exigence de la raison humaine. Ainsi la révolte peut

donc être un droit et être légitime lorsque le mal, l'injustice et l'immoralité corrompent la société, et menacent les droits fondamentaux de ses membres. En effet, pour Albert Camus, la révolte est l'essence de l'humanité. Dans son essai publié en 1951 L'homme révolté, il s'exprime en ces termes : « je me révolte, donc nous sommes». Rosa Parks est un exemple qui illustre parfaitement cette pensée de Camus : cette femme s'est révoltée contre un État de répression qui l'obligeait à se tenir à l'écart des blancs à cause de sa couleur de peau. En refusant d'aller s'asseoir au fond du bus comme les personnes noires devaient faire à l'époque, elle montra au reste de la société qu'il était possible de se rebeller contre ce système raciste. Cet événement inaugura la fin de la ségrégation aux États-Unis. Pour revenir à Camus, dans son roman La Peste, il nous présente en outre un personnage, le docteur Rieux, qui se révolte contre la terreur qu'entraîne l'épidémie de peste, pouvant symboliser diverses choses, et dont l'explication la plus courante est la métaphore du régime nazi. Encore une fois, pour ce grand écrivain du XXe siècle, la révolte est essentielle et constitue non seulement un droit, mais aussi un devoir. À son époque le gouvernement du maréchal Pétain avait demandé aux Français de collaborer avec les Allemands. Mais ce gouvernement abusait du pouvoir qui lui était confié ; c'est pourquoi Camus entra dans la Résistance française afin de lutter contre l'oppresseur allemand et français. Il participa ainsi à la promotion du droit de révolte et montra que ce droit était alors nécessaire pour la survie du peuple français et de sa culture.

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