Un géant baobab.

Un géant Baobab

Dans un petit village sénégalais, un riche commerçant sérère attendit la naissance de son vingt-quatrième enfant de sa troisième femme à Mobiin Diogoye qui veut dire la maison du lion. Lors de son accouchement, un gigantesque Baobab, dont ses multiples branches s’entrecroisent, s’écroula avec fracas mettant tout le village en panique. Cet arbre fut un des emblèmes du Sénégal grâce à ses multiples ressources : pour se nourrir, se désaltérer, se remédier et même pour fabriquer les cordes. On dit aussi dans le village que cet arbre absorbe l’âme des griots après leur mort pour conserver leur sagesse. Symbole de la force et de la durée, en fin de compte.

Le chef du village de Djilor, le grand-père maternel de Senghor ordonna de planter un autre à sa place pour célébrer la naissance de son petit-fils. Entant qu’animiste, il croit ainsi transmettre l’âme de ce prestigieux arbre à Sédar qui veut dire en sérère jamais humilié. Enfant calme, timide et sérieux, il s’avère être un brillant élève à l’école des religieux catholiques. Il apprend aisément le français ainsi que le catéchisme. Converti au christianisme, on l’appela aussi Léopold. Il pencha à devenir prêtre. Mais, son désir de conserver son patrimoine africain le dissuada. Etant donné son esprit syncrétique tolérant, il n’arriva pas à couper ses multiples branches où s’entremêlèrent l’animisme, le sérère, le christianisme et l’islam. C’est pourquoi il endossa des revendications communes pour ses diverses sources. Nourri par une sève hybride, un fruit murit dans son jardin secret : malgré notre diversité culturelle, nous sommes tous libres, frères et égaux. Pourtant la pauvreté de son entourage contrastait avec l’opulence de son ménage paternel. Il demanda un jour à son père comment germa sa fortune..Le père répondît fièrement : A cause de mon commerce avec " les blancs" et en possédant d’immenses terres d’arachides. -Mais pourquoi "les Blancs" sont-ils les maitres de nos biens ? En raison de leur couleur, leur force ou leur savoir ? A la recherche du temps perdu, il quitta son pays natal pour la France. A la quête de ses principes au pays des Lumières, il rencontra Césaire et Damas-les défenseurs de la négritude- d’une part et Pompidou qui l’initia au socialisme, d’autre part."L’étudiant noir " passa son temps libre à composer des poèmes pour "la femme noire" aux "rires d’ivoire " qui dansa au rythme de son tam-tam à l’aide de la "Korâ" et du "balafong ". Après avoir été le premier agrégé de la France, il fut naturalisé français. Professeur à Tours, poète pendant ses loisirs, soldat dans l’armée française au service de la liberté, de l’égalité et de la fraternité contre le nazisme, il incarna l’Homme moderne avec ses multiples facettes identitaires. Mais fidèle à ses principes bien qu’il soit ministre en France, il encouragea les peuples africains à l’indépendance. Au Sénégal, il composa les paroles de l’hymne national intitulé " Le Lion Rouge "afin de rendre hommage à son père.

Après

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