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Rédaction, lettre de poilu

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Par   •  4 Décembre 2017  •  Dissertation  •  555 Mots (3 Pages)  •  1 110 Vues

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                                                                                                                                Verdun, le 9 mars 1916,

 

 

                                    Chère Jeanne, chers enfants

 

              Ces quelques lignes  sont peut-être mes dernières.

Depuis quelques mois, nous vivons l’enfer. La peur constante, les cadavres qui nous entourent et les cris de mes amis blessés au milieu de ce paysage  sont les quelques mots qui définissent ma vie ici. Dans ma section, depuis notre arrivée, près des deux tiers de nos hommes sont  très amochés, tués par  les obus qui font de ce lieu notre paysage que nous nommons « lunaire ». Je ne suis pas encore amoché mais je reste avec la persuasion que je ne serais pas avec  vous cette année mais dans nos boyaux boueux dans lesquels je m’unirai à vos prières. Puisse Dieu nous sauver de cet enfer et nous ramener notre Alsace-Lorraine tant aimée des Français. Nos bouthéons sont vides et les rats s’empressent de grignoter le peu de pain qu’il nous reste pour seul ravitaillement. Nos fusils s’enlisent dans la boue qui les alourdit. Les cadavres qui jonchent nos murs et nos sols me rappellent la mort qui m’attend quelques mètres plus haut sur le front face à ces boches sans pitié. Je suis physiquement et moralement affaibli et nous sommes tous dans un état critique.  Je ne peux plus dormir, hanté par la peur de monter au front d’où je sais que je n’en reviendrai peut-être jamais. Les tranchées sont horribles, elles sont tellement sales.  Il y a trois mois, j’ai attrapé une grippe qui m’obligea à me blottir sur une banquette de tir durant une semaine. La mort est omniprésente dans la tranchée et avec les débris de corps que nous rassemblons, nous formons des remparts.

On ne nous nourrit pas, il nous arrive de passer une semaine sans manger. Pour boire, nous devons filtrer l’eau des flaques. Nous mangeons ce que nous pouvons. C’est horrible. Les rats sont ici particulièrement répugnants, du fait de leur grosseur. C'est l'espèce qu'on appelle "rats de cadavres". Ils ont des têtes abominables, méchantes et pelées, et on peut se trouver mal, rien qu'à voir leurs queues longues et nues. 

C’est donc adossé contre mon barda que j’écris ces dernières lignes. Promettez-moi de les avoir lues sans verser une larme. Priez pour nous et pour notre mère, que mes prières puissent exaucer nos vœux les plus chers.

Dîtes à mes 8 et très chers enfants que je les embrasse tendrement et que je pense continuellement à eux.

Je vous embrasse tendrement, prenez soin de vous.

Votre tendre et dévoué mari et père,

                                                                               

Jean

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