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Quel rôle le public joue-t-il dans la représentation théâtrale ?

Dissertation : Quel rôle le public joue-t-il dans la représentation théâtrale ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  9 Mars 2018  •  Dissertation  •  2 133 Mots (9 Pages)  •  964 Vues

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            Si le théâtre est un genre narratif similaire à la poésie et au roman, il n'en reste pas moins un art de la représentation visuelle. Issu d'un rite religieux lié au culte de Dionysos lors de l'époque grecque antique, il fait avant tout appel aux sens du corps humain tels que la vue et l'ouïe. Aristote affirme, dans sa Poétique, que le théâtre est, pour les spectateurs, « l'imitation d'une action [...] faite par des personnages en action et non par le moyen de la narration ». Effectivement, il s'agit d'un important travail de mise en scène construit sur la plaisance et la retransmission de sentiments et d'idées. Même s'il ne peut pas véritablement intervenir, le public assiste à des pièces afin de se divertir. Il convient donc au dramaturge de le prendre en compte car l'un ne saurait exister sans l'autre. Quel rôle le public joue-t-il dans la représentation théâtrale ? Au théâtre, le spectateur est impassible devant la pièce jouée, mais des conventions théâtrales le relie tout de même activement aux comédiens en tant que partenaires. Toutefois, il n'en reste pas moins que les spectateurs sont avant tout les destinataires d'une pièce.  

            Quelles que soient les époques, le théâtre reste un art de la scène destiné aux spectacles. Cet art qui regroupe le discours, les gestes et les sons donne lieu à un espace clairement délimité entre public et scène. Le quatrième mur est un mur imaginaire qui sépare la scène du public. Bien qu'il ne soit que fictif, il a toujours existé et marque parfaitement cette séparation. Le public et les comédiens sont dans des espaces bien séparés. Effectivement, le lieu théâtral comporte une scène éclairée alors que la salle est dans l'obscurité. Ainsi, il est impossible pour les acteurs de percevoir les spectateurs. Prenons exemple du théâtre de Douai. Il s'agit d'une salle à l'italienne composée de plusieurs parties ; premièrement la scène, puis le parterre, les loges et les balcons.

            Les comédiens sont plongés dans leur rôle sans distinguer le véritable réel, autrement dit il s'agit d'une plongée dans un monde intérieur, séparé du lieu de scène et de la présence des spectateurs. C'est l'illusion d'un lieu clos qui transcende l'espace et le temps par l'imaginaire. De ce fait, les comédiens ne s'adressent que rarement aux spectateurs, si ce n'est au début d'une pièce ou lors d'un moment bien spécifique. Lors du prologue de l’œuvre de Shakespeare, Roméo et Juliette, les artistes s'adressent directement aux spectateurs par la violence d'images et de figures qui semblent affirmer la dimension artificielle du spectacle. L'interpellation est d'autant plus accentuée par l'utilisation de la seconde personne du pluriel (« Si vous daignez nous écouter patiemment »). De même, comme on en retrouve dans de nombreuses œuvres telle que Les Nuées de Aristophane, les chœurs nés de l'antiquité grecque sont un groupe d'hommes masqués chargé de commenter la dramaturgie. L'auteur peut alors rentrer en contact avec le monde extérieur à la scène, c'est-à-dire le public, par l'intermédiaire du coryphée.      

            Toutefois, il n'en reste pas moins que les comédiens ignorent le public pendant tout le déroulement de la pièce, car cela ralentirait l'action et nuirait à sa vraisemblance. Ce qui renvoie, en un sens, aux codes du mouvement Classique du XVII ème siècle, et les règles des trois unités et de la bienséance. Selon Jean Anouilh, il ne faut pas oublier qu'une « pièce de théâtre sert avant tout à donner du travail au comédien et du plaisir au spectateur. ». Il est donc important de ne pas perdre l'attention du public car l'origine de la représentation théâtrale est dans la transmission des sentiments. Autrement dit, les spectateurs sont là pour assister et observer avec plaisance une pièce jouée. Par les limites imposées entre le réel et le jeu, les spectateurs deviennent des fantômes silencieux capables de juger, mais qui ne détiennent pas à proprement dit le pouvoir d'intervenir ou de remettre en cause le spectacle. Il ne peut qu'écouter une histoire conté par une troupe de comédiens. Néanmoins, cette passivité prend fin après la représentation, quand le spectateur porte un jugement sur l’œuvre: une fois la pièce terminée, le public prend la parole pour défendre ou attaquer la pièce.Bien que leur rôle diffère l'un de l'autre, il n'empêche que la scène et le public vont de paire car l'un ne saurait exister sans l'autre.

             Comme le dit si bien le dramaturge Wajdi Mouawad, « Au théâtre, tout le monde est là. Ce sont des gens qui vont mourir, en face d'autres gens qui vont mourir, mais qui vivent le même temps ». Effectivement, de nombreuses conventions théâtrales relient le public et la scène. Dans la salle, les acteurs et les spectateurs sont des partenaires en plein échange, et qui sont si complémentaires qu'ils ne peuvent avancer qu'en une seule et même troupe. D'une part, le théâtre est un art vivant qui sollicite les émotions du public. Tout comme les acteurs présentent le cadre d'une histoire auquel se rattacher, le public fait naître son propre ressenti par son imagination (représentation de paysages imaginaires, de contrées lointaines, les sensations, les sons...). Dans la représentation de Demarcy Motta de l’œuvre de Ionesco, Rhinocéros, l'imagination est sollicitée par des jeux de lumières car il est impossible de véritablement reproduire la scène de la transformation de Jean en rhinocéros. Par conséquent, les acteurs ont besoin des spectateurs pour compléter et parfaire leur propre histoire. Eux aussi doivent jouer le jeu en acceptant de percevoir ce qui n'est pas réel.

            D'autre part, le public et la troupe d'acteurs partagent une même entité, principalement grâce aux apartés et aux monologues. Ceux-ci rendent compte de l'intériorité des personnages et fournissent de nombreux renseignements sur l'action. Les spectateurs sont donc éclairés sur les réactions, les intentions et les sentiments des acteurs. Il en est ainsi dans la pièce de Lagarce, Juste la fin du monde, où Suzanne révèle ses sentiments profonds vis-à-vis de son frère.

Il s'agit d'une sorte de coexistante, dont les personnages sur scène ne sont pas au courant. Qu'il en soit par la catharsis ou les éclats de rire, c'est un véritable partage émotionnelle et spirituelle. Par exemple, la catharsis est l'une des fonctions des tragédies. Il s'agit de libérer le spectateur de leurs passions en les exprimant symboliquement. De ce fait, l'idée est que le spectacle tragique opère une purification de ces passions. Des œuvres telles que Oedipe-roi de Sophocle, ou encore Phèdre de Racine, explorent cette notion par leurs héros incapables de lutter contre la fatalité, et qui suscitent terreur et pitié.

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