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PME Et dévelopement Territorial

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Par   •  3 Novembre 2013  •  9 096 Mots (37 Pages)  •  672 Vues

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PME et développement territorial

Par André Joyal, Professeur d'économie à l'Université du Québec à Trois-Rivières

"Je sçay que l'amitié a les bras assez longs pour se tenir et se joindre d'un coin de monde à l'autre; et notamment cette cy, où il y a une continuelle communication d'offices, qui en réveillent l'obligations et la souvenance. Michel de Montaigne, "Essai".

INTRODUCTION

1.1 L'émergence des initiatives locales

Pendant les décennies 1960 et 1970, toute une catégorie d'économistes, d'urbanistes, de sociologues et de géographes ont fait du développement régional leurs choux gras. Au sein des économies industrialisées l'amenuisement des disparités régionales, à la faveur de l'action combinée de l'Etat et de la grande entreprise, constituait un objectif prioritaire. Or, le retournement de la conjoncture économique, stimulé par les deux chocs pétroliers et caractérisé par le fléau des fermetures d'entreprises et l'hémorragie de perte d'emplois, allait modifier la vision des choses en matière de stratégies économiques. La remise en question de la pertinence des méga-projets a ouvert la voie à de nouvelles avenues axées sur la petite entreprise et l'entreprenariat local. Ainsi, à l'échelle des pays occidentaux, autant dans les quartiers urbains que dans les villes d'importance moyenne et dans les régions périphériques, des symptômes d'un dynamisme nouveau se manifestent à travers la mise en valeur des ressources humaines, physiques et financières des collectivités. Les témoignages sur les premiers résultats d'expériences vécues s'accumulent et viennent de partout : d'un quartier populaire de Chicago ou de Montréal, d'une ancienne région minière des Appalaches en Pennsylvanie, d'une ville nouvelle de la région parisienne, des espaces nordiques de la Laponnie, en passant de l'île de Chypre à celle du Cap-Breton. Partout, en milieu urbain comme en milieu péri-urbain ou rural, la conjugaison des efforts de différents partenaires sociaux, en vue de stimuler l'emploi via la création de petites entreprises, représente une réaction heureuse aux effets dévastateurs de la crise amorcée au milieu des années 1970.

Malgré les réserves exprimées sur les programmes de développement local trop exclusivement axés sur la création d'emplois et l'augmentation des revenus (Shapero, 1984), nous retenons la définition que E. J. Blakeley, (1989) donne à l'expression "initiative locale" : des interventions venant des différents paliers gouvernementaux, des entreprises, des syndicats, du milieu associatif afin de favoriser l'emploi et les revenus dans une une région bien délimitée. Cette vision se rapproche très étroitement de celle reliée au programme ILE (Initiatives Locales de création d'Emploi) de l'OCDE1 pour lequel les initiatives se présentent comme des activités de création d'emplois viables : 1) développées en réponse à des besoins, des problèmes, des potentialités et des ressources locales ; 2) initiées et contrôlées par des individus, groupes ou acteurs institutionnels, membres de la communauté locale, et 3) résultant de la création ou du développement d'activités de production (ou de vente) de biens et services marchands, ayant une rentabilité financière, économique ou sociale (1990).

L'intérêt engendré au Québec et au Canada par ces tentatives des collectivités locales de s'émanciper autant de la dépendance envers les interventions gouvernementales des deux grands paliers de gouvernement que des grandes entreprises, a éveillé l'attention du Conseil Economique du Canada. Une vingtaine études de cas ont paru en 1989 et 1990 dans le cadre d'un projet de recherche visant à jeter un éclairage sur la diversité des expériences de développement local afin d'en tirer un enseignement utile2 . Au Québec, les 55 Sociétés d'aide au développement des collectivités (ex-CADC)3 implantés sur des territoires de petite dimension où le taux de sous-emploi est supérieur à la moyenne canadienne, constituent autant d'exemples de la confiance par les autorités gouvernementales envers la mise en valeur des potentialités locales. À un échelon spatial quasi similaire, les efforts entrepris, toujours au Québec, par certaines des 96 Municipalités Régionales de Comté (MRC), dans le cadre d'un plan de relance, offrent des témoignages supplémentaires d'une volonté par les gens d'un milieu donné, d'être les principaux acteurs de leur devenir.

Montréal n'échappe évidemment pas à cette nouvelle façon de concevoir le développement économique. Affecté très sérieusement par la fermeture de plusieurs entreprises pétro-chimiques en plus d'un nombre important d'autres entreprises oeuvrant dans différents secteurs d'activité, l'Est de la ville s'est donné une structure en vue de présenter les grands traits d'un programme de relance et de reconversion. À cet effet, le Comité pour la relance de l'économie et de l'emploi de l'Est de Montréal (CREEM) fut créé en 1987 et a laissé sa place par la suite à Pro-Est dont la responsabilité a consisté avant tout à consolider les emplois existants et d'en promouvoir de nouveaux par l'appui à la création de petites entreprises. Il a fait appel, entre autres moyens, aux services d'un organisme intermédiaire, le CDEST (Corporation de développement économique et communautaire de l'Est) crée en 1985 suite à l'implantation de deux organismes similaires dans deux autres quartiers montréalais fortement secoués par la conjoncture économique, soient le Centre-Sud et le Sud-Ouest. Dans ce dernier, un comité pour la relance de l'économie et de l'emploi, au début de 1990 déposait un rapport avec des recommandations s'articulant autour de quatre grands axes : l'aide aux sans-emploi et au relèvement socio-économique de la population ; la protection de l'activité économique et la création d'emplois ; la consolidation du territoire et l'amélioration du cadre de la vie ; la prise en charge collective du développement par l'entremise du Regroupement pour la relance économique et sociale du Sud-Ouest (RESO). L'aide à la création ou à la consolidation de petites entreprises n'est, bien sûr, qu'un élément parmi l'ensemble qui compose cette stratégie de développement. On en trouve pas moins,

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