Mon rêve familier de Paul Verlaine

Étude de la vision de l'amour :

Paul Verlaine - Mon rêve familier

        L'amour. Ce sentiment, considéré comme capable de soulever des montagnes, vaincre des armées et perdurer après la mort, est pour nous l'accomplissement d'une vie. Abordé dans les livres, les films et les poèmes, il peut prendre de nombreuses formes et est propre à chaque homme. Nous allons ici essayer de comprendre comment Paul Verlaine envisage le sentiment amoureux dans son poème "Mon rêve familier".

1. Le rêve

        Pour commencer, le premier vers de son poème nous explique, selon le poète, d'où vient l'amour, pour lui, celui-ci naît dans un rêve. Les deux premiers vers le démontrent clairement : "Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant. D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime.", il rêve de ce à quoi pourrait ressembler l'amour idéal, l'être aimé parfait et il donne donc sa propre vision de l'amour. Il imagine ce que cela peut être l'amour et découvre au même moment ce qu'il désire réellement trouver dans le sentiment lui-même. Cependant, cela fait aussi qu'il idéalise le sentiment amoureux, ce n'est alors plus un rêve, mais un objectif à atteindre. Mon amour ou la personne que j'aimerais doit être comme cela, doit pouvoir faire ceci,... L'amour, le rêve et l'imagination ne font qu'un. On comprend ainsi, grâce au poème, que ce qui donne sa valeur à l'amour, c'est l'idée que nous en avons.

2. La compréhension

        Le second point abordé par le poème et qui constitue une des bases fondamentales de l'amour dans celui-ci est la compréhension. On peut en effet remarquer qu'il dédie d'ailleurs toute la deuxième strophe du poème à l'importance de ce facteur dans sa relation amoureuse idéale. En effet, il est écrit que : "Et mon cœur, transparent pour elle seule, hélas ! (...) Et les moiteurs de mon front blême, elle seule les sait rafraîchir, en pleurant." On comprend par là, que sa femme idéale le connaît par cœur, elle sait tout de lui et est capable de le consoler. La relation est établie grâce à une compréhension totale entre les deux et un soutient inconditionnel.

3. Le physique

        Ensuite, on remarque qu'il n'a que peu d'intérêt pour les caractéristiques physiques que pourrait avoir sa bien-aimée, il ne recherche que ce sentiment d'acceptation total. Ce qui est sous-entendu dans la troisième strophe, lorsqu'il dit : "Est-elle brune, blonde ou rousse ? - Je l'ignore." De plus, il semble clair qu'il n'a pas de femme précise en tête, non seulement grâce à l'extrait ci-dessus, mais aussi grâce au suivant, où il dit : "Son nom ? Je me souviens qu'il est doux et sonore...". Cette personne n'a pas d'identité réelle, c'est quelqu'un qu'il ne connaît pas, ce qui accentue l'aspect imaginaire de cet amour idéal. 

3. La distance

        Cependant, les derniers vers ne continuent pas dans la direction de la rêverie et de l'imaginaire, dans ceux-ci, le poète semble admettre que cet amour idéalisé n'est pas possible. Il n'est pas rappelé à la raison, il accepte juste le fait que la personne dont il rêve est bien loin de sa réalité. Son rêve, qui engendre chez lui une idée du sentiment amoureux et de ce que cela peut représenter, reste un rêve. Il sait pertinemment qu'il ne doit pas poursuivre cet idéal, car celui-ci est tiré de son imaginaire et que la réalité ne sera jamais complètement comme ce que lui souhaite. Cela, se prouve dans la dernière strophe : "Son regard est pareil au regard des statues… Sa voix, lointaine, calme et grave, elle a l'inflexion des voix chères qui se sont tues." Ceci, nous montre bien qu'il reconnaît le caractère lointain/distant/imaginaire de l'amour idéal duquel il rêve. 

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