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Modèle De Lettre

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Par   •  9 Mars 2013  •  5 009 Mots (21 Pages)  •  826 Vues

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Le nom de Theda Skocpol (prononcer Scotchpol) a, pour les politistes, une résonance familière. Il est généralement associé à ce « classique » de la sociologie historique comparée qu’est States and Social Revolutions[1] [1] States and Social Revolutions : a Comparative Analysis...

suite, à Protecting Soldiers and Mothers, somme sur l’histoire des politiques sociales américaines[2] [2] Th. Skocpol, Protecting Soldiers and Mothers : the Political...

suite, et à Bringing the State Back In, ouvrage collectif qui a marqué la montée en puissance d’un des courants aujourd’hui dominants de la recherche américaine en science politique, le « néo-institutionnalisme historique »[3] [3] Peter B. Evans, Th. Skocpol, Dietrich Rueschemeyer (dir. ),...

suite. Pourtant, si Skocpol, abondamment récompensée pour ses travaux depuis vingt ans par les prix les plus prestigieux, bénéficie aujourd’hui d’une notoriété considérable et assez singulière – pour une femme – dans le paysage de la science politique américaine[4] [4] Cf. R. E. Goodin, H. -D. Klingemann (dir. ), A New Handbook…,...

suite, ses travaux sont rarement appréhendés dans leur ensemble et son œuvre ne bénéficie sans doute pas, en France, de l’aura qui entoure celle de ses aînés – Mills, Dahl, ou Almond.

2 Il y a sans doute à cela plusieurs raisons : la diversité et l’éclectisme apparent des sujets auxquels Skocpol s’est intéressée (les révolutions sociales, les politiques sociales américaines, l’engagement civique et les associations aux États-Unis…) ; la multiplicité des champs ou sous-champs disciplinaires au carrefour desquels s’inscrivent ses travaux (sociologie, science politique, histoire, « sciences sociales »)[5] [5] Ce qui permet à Th. Skocpol de se présenter tantôt comme...

suite ; une conception assez polémique et collégiale du travail scientifique[6] [6] Th. Skocpol s’est souvent fait l’animatrice de travaux...

suite ; enfin, et surtout, le refus, en dépit de certains ouvrages à vocation « théorique »[7] [7] Notamment Bringing the State Back In et Vision and Method...

suite, de bâtir un quelconque « modèle » à portée universelle – fût-il fondé sur l’importance de l’État ou des institutions – modèle alternatif aux « grandes théories » des années 1960 et 1970 auxquelles, avec d’autres, elle s’est attaquée (structuro-fonctionnalisme, élitisme, pluralisme, marxisme…). Ces raisons, cependant, atténuent moins la portée de l’œuvre et du parcours de Skocpol qu’elles ne témoignent de leur originalité et de leur exemplarité. L’itinéraire de Skocpol est, certes, atypique, mais aussi plus cohérent et emblématique qu’il n’apparaît d’abord, dans la mesure où il permet de revenir sur le sens et le contexte de certaines transformations récentes de la science politique et de la sociologie américaines[8] [8] Cf. le dossier de Politix, et, notamment, l’introduction...

suite. L’approche du politique selon Skocpol est macroscopique sans être imprécise ; historique et empirique sans être purement descriptive ; explicative sans être trop réductrice ; transdisciplinaire sans être éclectique.

Du Midwest à l’écriture d’un classique

3 Le parcours de Skocpol est étonnant. Née dans les années 1950, dans le Midwest, d’origine modeste (grands-parents agriculteurs, père instituteur, mère au foyer), Skocpol suit d’abord des études de sociologie dans une université publique de bon niveau sans être d’« élite » (Michigan State University). Au début des années 1970, elle entame, à l’université de Harvard, une thèse en sociologie historique comparée sur les révolutions française, russe et chinoise. L’entreprise paraît pour le moins ambitieuse et audacieuse. En effet, en quoi ces révolutions, bourgeoise-libérale pour l’une, communistes pour les deux autres, qui prennent place dans des contextes et à des époques radicalement différents, sont-elles comparables ? Ensuite, y a-t-il question plus classique et, à l’époque, plus importante que celle des causes, de la nature et des effets des phénomènes révolutionnaires, de la violence politique et de l’action collective en général ? Une multitude d’approches, à vocation théorique plus ou moins universelle, se disputent cet objet de prédilection, à commencer par le marxisme. Le mérite de la thèse de Skocpol, remaniée et publiée en 1979 sous le titre States and Social Revolutions, est de parvenir à lever ces obstacles. À partir d’une délimitation du phénomène révolutionnaire à la fois suffisamment restreinte (il s’agit, ici, de révolutions sociales qui, à la différence des révolutions seulement politiques, se traduisent par une transformation rapide des structures politiques et sociales) et globale (puisqu’elle considère les causes et les conséquences) pour rendre possible et pertinente la comparaison transhistorique et transnationale entre ces trois révolutions, Skocpol fait l’hypothèse que, dans ces trois cas, des « régimes autocratiques et protobureaucratiques, prenant place dans des sociétés dominées par l’agriculture ont subi, sous le coup d’une crise des structures étatiques, d’un conflit entre élites et de révoltes populaires, une transformation rapide qui en ont fait des États-nations centralisés, bureaucratiques, incorporant les masses »[9] [9] Th. Skocpol, Social Revolutions in the Modern World, Cambridge,...

suite. Au marxisme, Skocpol reprend ses hypothèses sur l’importance des conflits et de la lutte des classes ; à Weber, sa conception de l’État comme « organe administratif et coercitif potentiellement indépendant des intérêts et structures socio-économiques », afin de montrer, à l’aide de comparaisons « négatives » avec l’Angleterre, l’Allemagne et le Japon, que ces trois révolutions sont moins le produit d’idéologies ou de groupes, qui cherchent délibérément à renverser le régime politique et l’ordre social en place, que le produit, d’une part, d’un conflit entre paysans et propriétaires fonciers, et surtout, d’autre part, de l’effondrement administratif et militaire de l’État sous la pression intérieure (conflit entre élites) et extérieure (compétition économique internationale, conflit militaire).

4 Cette approche du phénomène révolutionnaire est novatrice. Elle tranche avec le formalisme anhistorique de la plupart des théories de la violence politique en resserrant la comparaison sur un petit nombre de cas étudiés en détail et sur des périodes longues. Elle rompt aussi avec l’image volontariste, implicite dans la plupart des approches, qui font des révolutions le produit intentionnel de certains groupes cherchant,

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