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Marco Polo Et Les Pates

Note de Recherches : Marco Polo Et Les Pates. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  23 Mai 2014  •  1 011 Mots (5 Pages)  •  897 Vues

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Marco Polo et les pâtes

texte de Pierre Leclercq

Le mythe historique selon lequel Marco Polo a introduit les pâtes en Italie est probablement le plus répandu et le plus combattu à la fois. Il est particulièrement tenace, et pourtant, il ne se base sur aucun élément de la réalité. Il glorifie un personnage célèbre et le rend responsable de l’introduction de la technique de la pasta dans un pays qui finira par s’identifier à cet ingrédient. Ainsi, selon la légende, l’Italie devrait tout à Marco Polo.

Si les historiens ont établi très clairement que Marco Polo n’est pour rien dans l’introduction des pâtes en Italie, la question de la naissance du mythe est plus difficile à résoudre. Il y aurait deux étapes dans cette élaboration. Une cause lointaine, qui consiste en l’établissement douteux du récit des voyages de Marco Polo au XVIe siècle, aurait vraisemblablement inspiré un publicitaire des années 1920, désigné comme le véritable responsable de la légende.

Tout d’abord, nous tenons à disculper Marco Polo qui n’est absolument pas responsable de la naissance du mythe. Le récit de son voyage, rédigé dans une prison génoise fin des années 1290, paraît sous le titre Le livre des merveilles. Vu son succès retentissant, une série de copies sont réalisées au cours du Moyen Âge sous différents titres, dont le Devisement ou Il Milione. En fait, la seule allusion faite aux pâtes de blé dans ce récit n’apparaît qu’au XVIe siècle, dans la version imprimée de Il Milione de Giovanni-Battista Ramusio. On y lit que les Chinois utilisent le blé, non pour fabriquer du pain, mais pour confectionner toutes sortes de pâtes. Dans son article « Marco Polo et les pâtes », Grégory Blue traduit ce passage :

Quant à la nourriture, elle ne fait pas défaut, car ces gens, surtout les Tatars, les habitants de Cathay et ceux de la province de Mangi (ou Chine du Sud) se nourrissent essentiellement de riz, de panic et de millet ; ces trois grains, mis en terre, donnent cent grains pour un. Le blé, en vérité, ne donne pas une aussi bonne récolte, et comme ils n’ont pas l’usage du pain, ils ne mangent le blé que sous forme de vermicelles ou de pâtisserie [solamente in lasagne & altre vivande di pasta = autres préparations de pasta.

Vu l’apparition tardive de ce passage, une polémique fait rage entre spécialistes, les uns estimant qu’il faut le joindre aux éditions critiques, et les autres que non. Que ce texte soit de Marco Polo ou ne le soit pas, il ne décrit rien d’inconnu en Italie à cette époque et ne prétend absolument pas que le voyageur a ramené ces pâtes en Italie.

Dans un autre chapitre, Marco Polo révèle l’existence d’une farine extraite du sagou, appelé arbre à pain, dans le royaume de Fansur, correspondant à la région de Baros, dans le sud-ouest de Sumatra. Il fait grand cas de cette farine et termine son exposé par :

Et ils l’utilisent pour faire des lasagne et divers plats à base de pâte dont le dit messire Marco a souvent mangé et dont il a apporté certains avec lui à Venise ; et cette pâte est comme le pain d’orge et en a le goût.

Dans cet extrait, on comprend que Marco Polo ramène des lasagne de sagou en Italie. Or, dans deux versions

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