Lettre ouverte à la jeunesse

Ô, toi le jeune ! Oui, toi qui t’arrêtes et me regardes comme si j’étais folle à lier ! En fait non,  pas uniquement toi le jeune, plutôt toi, Jeunesse. Sais-tu ce qu’il se passe dans ton pays depuis des centaines d’années ? Enfin, dans ton pays, mais bien d’autres aussi. Ce phénomène, tu en fais peut-être partie, tu en es peut-être l’auteur, la victime ou encore le témoin. Ne vois-tu pas où je veux en venir ? Je te parle du fait qu’en France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint. Comprends-tu mieux de quoi je veux te parler ? Il s’agit en effet des violences conjugales et si je m’adresse à toi c’est parce qu’il faut que dans le futur elles cessent, or, ma chère Jeunesse, le futur c’est toi.

Pour commencer, sais-tu au moins ce que c’est ? Je veux dire, véritablement ? Evidement tu crois qu’il s’agit uniquement du fait qu’un homme puisse frapper sa femme. Ces violences sont certes, basées sur une relation de domination au sein du couple : elles concernent les couples mariés ou divorcés, concubins ou séparés, pacsés ou ayant rompus leurs pacs. Mais, tu n’imagines pas que c’est un phénomène protéiforme. Ne pense surtout pas que la violence conjugale ne repose que sur des violences physiques. Elle est aussi et surtout psychologique. Ne crois-tu pas, pauvre Jeunesse, qu’en traitant quelqu’un d’idiote, de paresseuse, de grosse ou bien que sais-je de plus horrible encore, tu ne la blesses pas autant que si tu la frappais ? Cette violence se présente encore sous une dernière forme, elle peut aussi être sexuelle car, je crois qu’il est important de l’affirmer, la relation de couple n’implique pas qu’une personne soit forcée d’avoir une relation sexuelle avec son partenaire. La dernière chose que tu dois savoir sur ces violences c’est qu’elles peuvent être exercée par un homme à l’égard d’une femme, par une femme à l’égard d’un homme et elles concernent aussi les couples homosexuels, néanmoins, pour des raisons sociétales et historiques, celles exercées sur les femmes sont de loin les plus répandues. Dans environ 85% des cas, l’auteur est un homme.

Maintenant que tu as mieux saisi le fondement même de cette violence tu dois apprendre à la combattre, d’abord juridiquement, j’y reviendrai, mais surtout l’éradiquer des mœurs de notre société. Cette violence a toujours existé et à parfois même été normalisée, comme au Moyen Age par exemple où l’Eglise a émis une ordonnance qui précisait « quand et comment un homme pouvait battre sa femme ». Loin de s’atténuer, elle s’est affirmée au grand jour dans les siècles suivants : ce sont les combats féministes, notamment après la libération sexuelle de 1968, qui ont révélé l’existence des violences conjugales et qui ont contribué à les faire reconnaitre. Par la suite, de nombreuses structures d’accueil et d’information ont été mises en place pour prévenir, comprendre et aider au mieux les victimes et même les auteurs de cette violence. Tu remarqueras que, petit à petit, il y a une évolution des mœurs, aujourd’hui la société s’indigne face à cette violence, il n’est plus acceptable qu’un homme batte sa femme ou l’inverse, alors je t’en supplie, continue sur cette voie, ne laisse plus cette situation se reproduire, et si tu en es témoin alors dénonce cette violence.

...