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Lettre de François Bouvier

Dissertation : Lettre de François Bouvier. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mars 2019  •  Dissertation  •  637 Mots (3 Pages)  •  306 Vues

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François Bouvier

Régiment 136

Mme Bouvier Germaine

11 rue du Souvenir

59000 LILLE

Le 15  septembre 1918

Très chère mère,

Cette lettre  lorsqu'elle vous parviendra sera  probablement la dernière. En effet, j’ai fui le combat et ainsi renoncé à mon devoir militaire en toute lucidité

En cet instant où je vous écris, je goûte enfin  au repos et au calme, délivré de tous  les bruits et fureurs subis ces dernières longues semaines dans les tranchées et les combats.

Ce conflit atroce que nous endurions et dont nous ne pouvions en prévoir les ravages a eu raisons de notre patriotisme. Nous avancions, courions, trébuchions puis nous relevions dans des odeurs de soufre et de phosphore. Nous arrivions à endurer ces effroyables adversités mais n’avions plus le courage d’espérer.

Cependant Mère, un événement insupportable se produisit, éveillant en moi une colère immense et une envie irrésistible de survivre.

Il y a quelques semaines avec mon ami Maurice, nous atterrîmes par mégarde dans un trou étroit creusé par un obus. Autour de nous, tout n’était que désolation.  Perdus en zone ennemie, la peur au ventre, nous nous terrions dans cette fosse chargée d'eaux glaiseuses et marécageuses. Soudain nous vîmes un corps tomber, s’accrocher à moi, m’emportant ainsi dans sa chute. N’écoutant que son courage, Maurice poignarda le soldat puis m’aida à sortir de cet entonnoir. A ce moment-là, nous nous aperçûmes que ce n’était pas l’uniforme d’un « Boche ». En retournant le corps, qu’elle ne fût pas ma souffrance de voir, que cet homme gisant dans une mare de boue sanglante, était mon très cher père et votre bien aimé.

Ma main tremble d’émotion rien qu’à écrire ces mots.

« Mère ! Je tenais à vous présenter mes sincères condoléances. Comprenez, cette guerre est d’une barbarie extrême et arrive à nous enlever les êtres qui nous sont les plus chers et ce dans des conditions épouvantables. »

Aussi une tristesse  incontrôlable m’envahit accompagnée d’une haine démesurée envers ceux qui nous ont envoyés sur le front. Par conséquent, profitant de la nuit, je me suis enfui pour me cacher dans un bois suintant l'humidité, dont les arbres brûlés avaient néanmoins résisté au brasier de la guerre et des hommes. J'ai attendu ; une nuit, puis deux. J'avais froid. J'avais faim. Par chance la lune n’était pas pleine et l’obscurité  ainsi se refermait sur moi.

L’instinct de survie vous pousse au plus profond de votre être. La forêt regorge de trésor inestimable et j’ai pu me nourrir de ses bienfaits. Je marchais ainsi durant de nombreuses nuitées à l’affût du moindre bruit ou silence. Parfois, je trouvais gite et couverts auprès de gentils fermiers qui m’offraient gracieusement leur hospitalité. Cependant je ne m’éternisais pas dans ces havres de paix, de peur d’être découvert.

Si vous saviez comme cette errance fut éprouvante ! C’est angoissant d’être seul, de ne pouvoir compter que sur soi-même et être constamment dans la crainte et la méfiance ! Mais j’ai réussi au péril de terribles épreuves à franchir la frontière et arriver en  Belgique chez un de nos cousins.

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