Lettre d'un soldat à sa femme pendant la 2nde guerre mondiale

Quelque part en France, le 07 mars 1943

Ma tendre Marie,

Excuse-moi car cela fait plusieurs jours que je ne t’ai pas écrit. Mais il n’y a pas vraiment de réseau pour te faire parvenir mes lettres. Cela reste si compliqué.

Je me sens tellement triste d’être loin de toi. Tu me manques tant.

Cette guerre qui n’en finit pas me déprime et seules ces phrases de notre ami et poète de Robert Desnos, La voix, « La peine sera de courte durée » et « La belle saison est proche » que j’ai lu dans la gazette qui circule parmi nous, me donnent encore le courage et l’envie de me battre.

Nous devons absolument libérer notre patrie de ces maudits allemands, sans âme et sans cœur, qui envoient des innocents à la mort !Il y a quelques jours nous avons fait sauter une de leurs réserves de poudre. Ce fut un sacré feu d’artifice et cela a fait un sacré raffut !

Hier, au réveil, nous avons remarqué que nous n’avions plus de nourriture et nous sommes allés nous ravitailler dans un entrepôt ennemi, non loin de notre camp de base. Les terrines allemandes sont délicieuses mais le bon pain français nous manque.

As-tu vu dans le journal, il y a quelques semaines, l’article parlant d’un convoi allemand qui n’a jamais pu partir ? Ce fut un de nos coups de maître ! Nous avons réussi à le saboter et grâce à cela nous avons sauvé de pauvres malheureux, condamnés à aller dans des camps en Pologne…

Lors de ce sabotage, nous étions très angoissés, les abords du train grouillaient de nazis. La peur de me faire prendre et toutes les conséquences qui en découleraient, me terrassaient. Jamais je n’avais travaillé aussi vite et aussi précisément pour installer les explosifs sous les wagons.

Une fois fini, notre équipe prit la fuite à travers les bois où nous avions chacun préparé une cachette.

J’ai attendu pendant ce qu’il m’a semblé être une éternité avant de pouvoir rejoindre le camp. Quelle angoisse j’ai eu à mon arrivée en voyant que tous mes amis d’infortune n’étaient pas rentrés. Heureusement au bout de quelques heures tout le monde est rentré sain et sauf.

Et c’est ainsi à chaque mission : la peur d’être pris ou de mourir pour la liberté de notre France !

Nous faisons tout ce que nous pouvons pour miner le moral des allemands. Et leurs infrastructures ne nous résistent pas ! Nous les aurons ! Je t’en fais la promesse !

Ce matin le soleil semble être de la partie. Il y a même quelques oiseaux qui chantent, me rappelant les gazouillis de notre petit Gustave. Comme il a du grandir depuis que je suis parti ! Vais-je encore le reconnaître ?

Vous me manquez tant ! J’ai hâte que le printemps arrive pour pouvoir sentir à nouveau le doux lilas qui me rappelle ton enivrant parfum.

Je vous aime si fort, je n’attend que de pouvoir enfin rentrer et vous serrer dans mes bras.

Avec tout mon amour,

Votre cher Arthur.

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