LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le phédon de Platon : Comment dépasser un point de vue matérialiste pour expliquer le monde sensible ?

Commentaire de texte : Le phédon de Platon : Comment dépasser un point de vue matérialiste pour expliquer le monde sensible ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  24 Mars 2022  •  Commentaire de texte  •  2 871 Mots (12 Pages)  •  298 Vues

Page 1 sur 12

Commentaire de texte Phédon

Comment dépasser un point de vue matérialiste pour expliquer le monde sensible ?

Platon dans Le Phédon tente de prouver l’immortalité de l’âme. Dans le passage qui nous est ici proposé, Socrate répond à une objection de Cébès qui porte une conception matérialiste sur la question de l’immortalité de l’âme. Ce dernier demande à Socrate de lui démontrer que l’âme est quelque chose d’immortelle et d’indestructible. Platon renonce à la physique matérielle. Cet extrait est le troisième mouvement de l’argumentation de Socrate. Il y expose l’hypothèse des idées après avoir réfuté une conception matérialiste dans un premier mouvement, et avoir traité de sa rencontre avec Anaxagore et du principe de « nous », de l’intelligence dans un second mouvement. L’objet du texte est ici d’introduire la nouvelle méthode de Socrate pour comprendre le monde sensible. Il a été déçu de la proposition d’Anaxagore pour expliquer les causes et décide donc de fonder son propre point de vue sur la manière d’expliquer les causes et les phénomènes. Pour comprendre les causes et passer du « comment » au « pourquoi » pour expliquer les phénomènes naturels, il faut selon Socrate faire l’hypothèse des idées. C’est par l’existence de réalités intelligibles qu’on va prouver l’immortalité de l’âme.

Comment l’immortalité de l’âme est ici démontrée par l’existence de réalités intelligibles permettant à Socrate de fonder une nouvelle méthode d’analyse du monde sensible ?

Socrate défend l’adoption d’un nouveau point de vue qui lui permettrait de satisfaire son désir de pouvoir comprendre et expliquer les phénomènes naturels. C’est une méthode qui se fonde sur l’hypothèse des idées. Pour prouver l’immortalité de l’âme il faut nécessairement concéder que des réalités intelligibles existent et permettent de saisir la réalité des choses contrairement à la science de la nature. On peut distinguer trois mouvements dans l’argumentation de Socrate qui sont ensuite subdivisés. D’abord, Socrate va introduire sa thèse par une analogie. Il utilise l’image de l’éclipse de soleil pour montrer la faiblesse de la science de la nature, de l’examen immédiat du sensible. Il se tourne alors « du côté des raisonnements » pour saisir l’essence des réalités sensibles (l.1 à 6). Socrate est ensuite obligé de rétablir la limite de l’image qui ne sert que d’un point de vue méthodologique et non ontologique des lignes 6 à 10. Il va ensuite, dans un deuxième mouvement énoncer et définir sa nouvelle méthode pour analyser le sensible des lignes 10 à 15. Cébès demeure dans l’incompréhension, Socrate va donc devoir réemployer des arguments antérieurs des lignes 15 à 21 et entreprendre le troisième temps de son argumentation. Le nouveau point de vue d’analyse qu’il utilise repose sur les réalités intelligibles. Sans l’hypothèse des idées on ne peut pas prouver l’immortalité de l’âme comme il le démontre des lignes 21 à 24. Nous verrons donc, aux termes de l’analyse de ces trois grands mouvements et de ces sous parties que toute la méthode socratique repose sur l’hypothèse du monde des idées.

        Socrate a besoin de trouver une méthode qui lui permette d’expliquer la réalité sans se contenter de la décrire. Il a été déçu de la méthode d’Anaxagore avec qui il avait espéré trouver un principe unifiant et universel d’explication des causes. Pour Anaxagore, l’intelligence est la cause de tout et mettait en ordre les choses ; le problème, c’est qu’il pose de façon abstraite ce principe et va ensuite revenir à des explications élémentaires. Socrate est donc « lassé » (l.1) d’examiner, d’observer le sensible, les éléments naturels, il veut enfin pouvoir expliquer les causes et l’ordre du monde. Il décide de renoncer à la science de la nature qui ne lui apporte rien par rapport à ce qu’il voit déjà. C’est par l’image d’une « éclipse de soleil » (l. 3) que ce dernier va introduire sa position. Si l’on se contente d’observer à l’œil nu une éclipse ont risque de se bruler les yeux pour avoir tenté d’établir une science immédiate. La science de la nature présente des risques car le sensible tend à nous aveugler. Socrate craint que les choses sensibles corrompent et « aveugle(ent) » (l.5) son âme. Il faut fuir les sens pour produire une connaissance exacte car, comme affirmé ultérieurement dans l’ouvrage de Platon, les sens sont trompeurs et ne nous permettent pas d’avoir accès à l’essence des choses. L’analogie de l’éclipse est donc utilisée pour avertir du danger d’un examen purement sensibles des choses, d’essayer « (d’) atteindre par chacun de mes sens » (l.6) des vérités. Le sensible ne nous permet de saisir que la surface, l’apparence des choses. Afin d’examiner une éclipse sans risquer des dommages corporelles, l’homme doit par exemple regarder dans « l’eau l’image de l’astre » (l.4) ou du moins utiliser « un moyen de ce genre » (l.6). Il faut donc avoir recourt à un intermédiaire pour comprendre le « pourquoi » des choses ainsi que leurs causes. Socrate prône ici l’usage d’un examen médiat c’est-à-dire qu’il faut observer l’objet par l’intermédiaire de quelque chose d’autres.  À partir de là, Socrate décide de « se réfugier du côté des raisonnements » (l.7) afin d’organiser la méthode à suivre.

        En s’appuyant sur l’exemple de l’éclipse Socrate va pouvoir introduire un nouveau point de vue à porter sur les réalités sensibles. Cependant, il doit, au préalable, déterminer les limites de son image afin d’éviter de toute incompréhension par la suite. Dans le cas de l’analogie de l’éclipse, l’intermédiaire que l’on utilise reste un intermédiaire sensible qui nous renvoie une nouvelle fois à une image, à une apparence. Pour ce dernier, l’examen médiat doit se faire par un intermédiaire hors du sensible, par la pensée, par les idées qu’il développera un peu plus bas dans l’extrait. Socrate ne cherche pas à utiliser des « expériences directes » (l.10) pour comprendre les causes et saisir la « vérité des êtres » (l.8). L’expérience donne accès à l’image. C’est du côté de la réflexion qu’il faut se tourner pour avoir accès aux réalités véritables. Néanmoins, Socrate précise bien qu’à travers un discours réflexif c’est-à-dire un discours qui « examine les êtres à l’intérieur d’un raisonnement » (l.9) on ne veut pas aboutir à une image mais à l’essence même de la chose. L’image n’est que le point de départ pour ensuite établir un discours qui permet de comprendre le « pourquoi » des choses. Socrate ne renie pas le sensible, cependant, il ne fonde pas sa science sur les sens car ils offrent une connaissance inexacte. On veut expliquer le sensible mais il ne se suffit pas à lui-même pour en saisir l’essence. Le philosophe cherche une cause qui doit dire pourquoi cela est. Il faut alors qu’il renonce à un discours qui ne porterait que sur le sensible, changer son rapport envers ce dernier. En somme, c’est une histoire de point de vue ; de la façon dont on va se placer par rapport aux éléments du réel. Les différentes méthodes avant celle de Socrate pour établir une connaissance du monde ne font qu’observer et se fier aux sens, ne font que raconter et non expliquer. Socrate, déçu de toutes les sciences établies auparavant, va élaborer sa propre méthode pour étudier le sensible.

...

Télécharger au format  txt (17.4 Kb)   pdf (56.8 Kb)   docx (12.4 Kb)  
Voir 11 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com