LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Le Financement De L'économie Marocaine

Rapports de Stage : Le Financement De L'économie Marocaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Mai 2013  •  1 538 Mots (7 Pages)  •  833 Vues

Page 1 sur 7

Si le budget annuel est condamné à la rigidité, pourquoi n’y a-t-il pas de rupture ?

M.S. : Pour ce faire, il faut d’abord une vision stratégique claire. Cela ne me semble pas être le cas aujourd’hui. Nous devons fixer un cap qui s’échelonne sur 20 ou 25 ans. Il faut mesurer précisément les atouts que nous pourrions mettre en valeur. Sans plonger dans le libéralisme à outrance, il me parait nécessaire de s’attaquer à la conquête des marchés internationaux, à travers nos PME et PMI qui s’appuieront elles-mêmes sur les grandes entreprises et sur la commande publique. Certains pays comme la Turquie sont la preuve du succès de la recette.

K.T. : Il est important de remarquer que cette rigidité fait que le budget se ressemble d’année en année. La majorité de l’argent est déjà engagée en renouvellement de budget de fonctionnement. Quelle que soit la nature des gouvernements, le budget sera toujours le même. Je pense que cette rigidité est due au fait que ceux qui ont accédé au pouvoir sont terrorisés à l’idée de remettre en cause les avantages sociaux acquis qui sous-tendent la réalité de ce budget. Parlons par exemple de la Caisse de compensation, qui accapare une partie importante de ce budget. Après mes études, j’ai pris mes fonctions en 1982. A cette époque, il existait déjà des débats très intéressants dans ce pays sur la nécessaire réforme de la Caisse de compensation. Depuis 30 ans maintenant, nous n’avons strictement rien fait. La principale cause de cette paralysie est due à la tendance du Maroc à rater la plupart des rendez-vous de réforme. A plusieurs reprises, la situation financière du pays aurait pu permettre d’effectuer des ajustements. Nous ne l’avons pas fait pendant les périodes de prospérité et de confiance économique. Le manque de courage politique de l’ensemble des acteurs se paye cher aujourd’hui. Tel est le prix de la paix sociale. L’obsession d’acheter la paix sociale est l’une des causes de cette rigidité arthritique du budget marocain. Même les autres facteurs qui ne sont pas liés à la Caisse de compensation s’orientent vers ce principe. Les exemples ne manquent pas, comme le recrutement inutile de fonctionnaires et de diplômés chômeurs, auxquels les chefs des administrations concernées n’ont même pas de bureau à offrir. Dans cette démarche démagogique, la complcité du régime et des gouvernements qui se sont succédé a été totale. Les ministres s’empressent toujours de s’exécuter dans ce sens. L’un des moments les plus surréalistes de cette sinistre farce a été l’affaire des 4000 diplômés chômeurs lors des premières manifestations du Mouvement du 20 février, l’année dernière. Monsieur Abbas El Fassi, qui était en déplacement à l’étranger, s’est empressé de rentrer pour acter une opération illégale et anticonstitutionnelle, qui consistait à intégrer sans concours public ces diplômés chômeurs, de peur de les voir grossir les rangs des manifestants. C’est ce qu’on appelle acheter la paix sociale à court terme et plomber le budget de l’Etat marocain.

Que répondez-vous à ceux qui privilégient la stabilité politique au détriment de l’équilibre budgétaire ?

M.S. : La stabilité politique du pays est indispensable à son essor économique. N’oublions pas que la politique est l’art du possible. Néanmoins, il faut une détermination dans la conduite politique. Je partage ici l’opinion de Monsieur Tazi dans la nécessité de changer de paradigme économique. Cette refonte de notre modèle passe nécessairement par la qualité des hommes qui font la politique. Ils ont besoin de vision, de détermination et de courage. Pour revenir à la Loi de finances, je tiens à préciser que ce n’est pas elle qui fait l’économie d’un pays. Elle est la résultante qui permet de faire face au besoin immédiat du bon fonctionnement de l’Etat, en termes d’activités régaliennes.

K.T. : Toute politique traduit un modèle économique. Celui en vigueur au Maroc repose sur le fait que l’Etat est le principal employeur du pays et son moteur économique. Le secteur privé génère très peu de richesses, et une partie importante de la population vit de l’aide de l’Etat. Soit sous forme de salaires, qui sont en moyenne inexpliquablement plus élevés que ceux du privé, selon une enquête récemment publiée et qui précise que ces derniers sont de l’ordre d’une moyenne de 6000 dirhams dans la fonction publique contre 2700 dans le privé, soit par des compensations extrêmement mal distribuées. Le problème qui se pose est qu’étant donné que l’Etat n’a plus d’argent, nous ne pouvons logiquement plus reposer sur ce modèle économique qui en fait l’acteur principal. Une fois que celui-ci sera remis en cause, les lois de finances qui supportent ce modèle pourront également être révisées. Le drame est que ni le Palais, ni le PJD ne réfléchissent aujourd’hui à bouleverser le modèle économique.

Vous avez tous les deux parlé de pilotage, mais qui est dans la cabine ?

M.S. : Pour répondre à cette question, je prendrai l’exemple des cabinets ministériels. Normalement c’est à eux d’élaborer la vision du ministre et des gouvernements. Aujourd’hui, ces cabinets sont investis grâce aux passe-droits, avec en leur sein des copains et des coquins. On demande à ces personnes d’avoir des compétences hautement qualifiées pour élaborer des stratégies dont dépend l’avenir du pays et qui sont payés 12 000 dirhams par mois. Ce n’est pas sérieux. Ce genre de réforme est faisable par un ministre. Le jeu de la comparaison avec des pays démocratiques en vaut la peine. Le cabinet du Premier ministre français est composé de plus de 200 personnes hautement qualifiées. Chez nous, ce n’est pas en recrutant 4 ou 5 copains du parti que l’on pilote une économie.

K.T. : Vous vous contentez de concentrer vos tirs sur les appareils gouvernementaux en évitant soigneusement d’atteindre le cœur du problème, qui se situe beaucoup plus haut. Qui a décidé du projet de l’énergie solaire qui va coûter 2 milliards de dirhams et qui n’est passé par aucun gouvernement ? Qui souhaite nous imposer

...

Télécharger au format  txt (10.6 Kb)   pdf (196.3 Kb)   docx (13 Kb)  
Voir 6 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com