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Le Capital Au XXIe Siècle, Thomas Piketty

Note de Recherches : Le Capital Au XXIe Siècle, Thomas Piketty. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Décembre 2014  •  2 641 Mots (11 Pages)  •  659 Vues

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Que sait-on de l'évolution de la répartition des revenus et des patrimoines depuis le 18é siècle ? Quelles leçons en tirer pour le 21é siècle ? En comparant le taux de rendement du capital avec celui de la croissance, l'auteur, Directeur d'études à l'EHESS et professeur à l'Ecole d'économie de Paris, montre que les revenus du capital croissent plus vite que ceux du travail. Il en résulte, chez les détenteurs de capital, une accumulation de richesses, qui se produit au détriment des travailleurs, et qui aggrave les inégalités.

Ce livre a été salué par la presse internationale et les spécialistes outre-Atlantique. Dans une tribune au New York Times, le Prix Nobel d'économie Paul Krugman évoque ainsi une « vaste et magnifique méditation sur l'inégalité ».

Rappel (établi par l'auteur) sur les principaux penseurs de la répartition des richesses :

Du fait de l'expérience traumatisante des événements qui ont traversé les 18é et 19é siècles, les observateurs de l'époque ont eu une vision sombre de l'évolution à long terme de la répartition des richesses. Or, selon Th. Piketty, nous sommes au 21é siècle dans la même situation que ces penseurs, qui assistaient à des transformations majeures de l'économie et de la société, sans précédent dans l'Histoire (et donc sans repères permettant d'entrevoir un sens à ces évolutions).

Pour Th. Malthus (Essai sur le principe de population, 1798), qui écrit dans le contexte de la France révolutionnaire, la surpopulation exerce une menace sur la répartition des richesses et sur la société dans son ensemble (car traiter du thème de la répartition, c'est traiter d'une question éminemment politique).

Selon D. Ricardo (Principes de l'économie politique et de l'impôt, 1817), le principal souci concerne l'évolution à long terme du prix de la terre et du niveau de la rente foncière. A partir du moment où la croissance de la population et de la production se prolonge durablement, la terre tend à devenir de plus en plus rare (relativement aux autres biens). Seule issue possible : un impôt sans cesse plus lourd sur la rente foncière.

En dépit des minces informations dont disposaient les auteurs de l'époque, leur message vaut pour le présent : le jeu de l'offre et de la demande n'interdit pas qu'existe une divergence durable et injuste de la répartition des richesses.

Dans le cadre de l'extrême concentration des richesses qui caractérise le révolution industrielle, K. Marx (Le Capital, 1867) traite, quant à lui, de la tendance du capitalisme à s'accumuler et à se concentrer sans limite – d'où l'issue funeste prévue par lui : soit l'on assiste à une baisse tendancielle du taux de rendement du capital qui conduit les capitalistes à s'entre-déchirer, soit la part du capital dans le revenu national s'accroît indéfiniment et pousse les travailleurs à se révolter.

Le principe d'accumulation infinie découvert par Marx contient une intuition intéressante pour analyser le 21é siècle : dès lors que le taux de croissance de la population et de la productivité est relativement faible, les patrimoines accumulés dans le passé prennent naturellement une importance considérable, déstabilisatrice pour la société concernée.

Enfin, et à l'opposé de ces théories “apocalyptiques”, interviennent les idées de S. Kuznets (La Part des hauts revenus dans le revenu et l'épargne, 1953; Economic growth and income inequality, 1955), selon lesquelles les inégalités de revenus sont spontanément appelées à diminuer et à atteindre un niveau acceptable dans les phases avancées du développement capitaliste, quelques soient les politiques suivies ou les caractéristiques du pays. Kuznets est également à l'origine de la théorie selon laquelle les inégalités seraient partout appelées à suivre une “courbe en cloche” (c'est-à-dire d'abord croissante puis décroissante) au cours du processus d'industrialisation et de développement économique (théorie dite de la “courbe de Kuznets”).

L'apport de Kuznets est ici fondamental. Pour la première fois, la méthode employée pour mesurer les inégalités s'appuie sur un travail statistique, à l'aide de deux sources de renseignements : les déclarations de revenus (issues de la mise en place aux Etats-Unis d'un impôt fédéral sur les revenus en 1913) et les estimations du revenu national américain (établies par Kuznets). En l'absence de ces deux sources, selon Thomas Piketty, il est impossible de mesurer l'inégalité de la répartition des revenus et son évolution.

L'idée principale de l'ouvrage :

Ainsi, dans cet ouvrage, l'auteur va s'appuyer sur la méthode de Kuznets, qu'il élargit au niveau mondial à partir du 18é siècle (dans la mesure où les statistiques sont disponibles). Souvent dans le livre, les cas de la France et du Royaume-Uni – pour lesquels il existe les informations les plus complètes, et parce que ce qui s'y déroule constitue un « bon observatoire de ce qui attend la planète » – seront particulièrement sollicités.

Et, ses conclusions sont les suivantes :

1. En matière de redistribution des richesses (notion politique qui ne saurait être mue par des mécanismes purement économiques), il faut se méfier de tout déterminisme économique. En particulier, la réduction des inégalités constatée dans les pays développés entre 1950 et 1960 est avant tout le produit des guerres mondiales et des violents chocs économiques et politiques qu'elles ont entraînés. Elle n'a que peu de lien avec le “paisible” processus décrit par Kuznets.

2. Il n'existe aucun processus naturel et spontané qui permettrait d'éviter les tendances inégalitaires qui caractérisent la répartition des richesses.

Cette deuxième idée est centrale. En effet, et contrairement à ce qui a pu s'observer dans le passé, le processus récent de décrochage des plus hautes rémunérations et, surtout, l'accumulation et la concentration des patrimoines (dans un monde caractérisé par une croissance faible et un rendement élevé du capital) jouent dans le sens d'une répétition des fortes inégalités en termes de répartition des richesses.

Or, ce second mécanisme est potentiellement le plus déstabilisant, dans la mesure où il constitue une menace à très long terme. Dans des sociétés

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