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Le Bizutage

Mémoire : Le Bizutage. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2013  •  506 Mots (3 Pages)  •  1 113 Vues

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Certains éducateurs considèrent que les traumatismes de la vie ne suffisent pas pour faire grandir l'adolescent, qu'il faut donc en organiser de spécifiques : des rites de passages plus ou moins violents, des sanctions plus ou moins justifiées, des effrois plus ou moins manipulés, afin de lui apprendre à "domestiquer ses pulsions" et le préparer ainsi aux épreuves plus dures qu'il devra affronter dans sa vie adulte. Ils estiment utile que l'adolescent tremble de peur dans le noir, subisse le stress d'examens dramatisés, craigne des châtiments sans proportion avec les fautes commises.

Ils rappellent que toutes les civilisations ont recours à ces violences initiatiques. Pour "forger leur volonté", n'obligeait-on pas les jeunes Indiens, jadis, arguent-ils, à traverser le désert avec, dans la bouche, une gorgée d'eau qu'ils devaient recracher à l'arrivée? Certes. Mais pareille épreuve était préparée de longue date. Elle était portée par la communauté entière, qui en revendiquait le caractère sacré. Elle s'inscrivait dans une mythologie sociale lisible et un ensemble de rites cohérent.

Le jeune Indien était accompagné jusqu'au jour fatidique par un parrain qui l'entraînait à la course. Il revendiquait lui-même l'honneur de concourir. Il désirait être admis dans la société des adultes et accéder à leurs prérogatives: le choix d'un patronyme, la prise d'une épouse, la fondation d'une famille.

En revanche, les "rituels traumatiques" violents que notre société impose "pour leur bien" à ses enfants leur apparaissent trop souvent, faute de s'inscrire dans une cohérence mythologique claire, comme des caprices d'adultes. Le "bizutage" que les grands élèves font subir aux plus jeunes — forme extrême du "rituel traumatique" — ne confère à ces derniers aucun droit si ce n'est celui de pouvoir infliger les mêmes humiliations à d'autres les années suivantes. Même non dégradant, le "bizutage" est sadique, jamais formateur. Pour être formateur, un traumatisme doit s'inscrire dans un environnement formatif, que l'adolescent s'y investisse de son propre chef, à un moment opportun de son évolution, et soit soutenu dans son désir par une communauté donnant un sens à l'épreuve. Quel "environnement formatif"? Celui d'adultes s'assurant que l'épreuve rituelle ne risque pas de mettre l'intégrité psychique ou physique de l'adolescent en irrémédiable péril. Hors d'un tel cadre, en effet, l'adolescent fera tout pour éviter une violence à laquelle on voudrait le contraindre. Quel "moment opportun"? Celui où, aux yeux des adultes, l'adolescent a suffisamment d'expérience et de ressources pour relever le défi avec une chance raisonnable de succès, et donc de progrès. "Investissement volontaire " enfin, car l'épreuve est dépourvue de sens si l'adolescent ne la désire pas lui-même de toutes ses forces, s'il n'y voit pas une étape décisive pour "devenir grand", c'est-à-dire reconnu par le groupe auquel il appartient.

L'adulte aidera ainsi l'adolescent à prendre, à l'intérieur de limites raisonnables, des risques d'échec, mais

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