Lara Balzano

Une réalité lesbienne

« J’étais contente, je n’avais pas du tout peur de devenir lesbienne. Dans le miroir, je m’étais fait un sourire. Mon corps avait changé. » Au moment où l’immigrante souligne la teneur subversive des paroles marginalisées de l’immigrante au Québec devant l’Homme blanc, elle décide d’explorer de plus près son corps lesbien. Peut-être est-elle ainsi complète, moins fragmentée ? Elle a déjà ramassé les cendres de sa mère, a soigné la chute de la prostituée, et a réprimandé le Québécois. Maintenant elle se plonge dans la seule stabilité qu’elle voit, le silence de son corps. L’observation de cette nuit passée avec une lesbienne laisse entrevoir une exploration des zones cachées, des identités une fois aveuglées par la noirceur du phallocentrisme.

Par ces descriptions impressionnantes d’une sexualité lesbienne, Balzano transforme les doigts blessés de la prostituée et la main frappante de la mère brutale en des outils de plaisir. Balzano ouvre une multiplicité de points du vue sur la vie de la lesbienne comme on l’a déjà vu chez les féministes comme Nicole Brossard au Québec et Monique Wittig en France, mais d’une manière tout à fait unique. Chez Balzano manquent la peur, le respect et le « dégoût devant la parole patriarcale qu’avaient ressentis certaines écrivaines de textes au féminins des années 70/80 ».

La problématique chez Balzano ne pourrait jamais être minimisée, comme elle l’explique, « Je ne suis pas une p’tite Française. Déjà le mot p’tite, ça m’énerve. Je trouve que ça nous minimise, moi et la problématique. » L’immigrante se révèle dans une variance territoriale/sociale situant la pluralité de sa voix dans la modernité, l’avenir, et l’essence de la vie québécoise. De plus, nous nous ouvrons peu à peu à une société où l’immigrante essaie de s’assimiler. « Pénétré de l’altérité de la société qui l’accueille, le sujet [l’immigrante] s’éprouve à la fois étranger et en terrain de connaissance». L’occasion de se trouver à travers toute la complexité de sa vie, lui est offerte.

Soigne ta Chute s’inspire d’un effort d’explication de dimension hautement psychologique de la quête migrante. Balzano pense l’identité culturelle sous le signe d’un voyage, d’une évolution plurielle, multiple et difficile. Comme le dit

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