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La profession d’éducateur spécialisé

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Par   •  27 Mai 2014  •  2 268 Mots (10 Pages)  •  774 Vues

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Introduction

« L’action éducative est un art qui demande un long travail sur soi » (1)

La profession d’éducateur spécialisé est difficile à définir. Au delà de tous les aspects « visibles » du métier (ateliers, animation, entretiens, démarches, quotidien…) se joue une déferlante de notions que je qualifierais d’ « impalpables » . C’est de celles-ci que je vais tenter de parler. De celles qui participent à définir quelle est mon identité professionnelle. Je vais raconter comment j’ai remanié mes représentations du public, comment à force de lectures, de cours, de rencontres et de questions, je me suis positionnée, je me suis enrichie. Je vais parler d’une partie du cœur de ce métier, en m’appuyant sur 3 des compétences du DC1 :

- Instaurer une relation - Assurer une fonction de repère et d’étayage - Favoriser la construction identitaire et le développement des capacités.

Après avoir défini les divers lieux de stages et questions que j’y ai rencontrées, je vais proposer une analyse (non exhaustive) de l’évolution de mon positionnement professionnel avant de conclure.

Les stages

Au cours de ma formation d’éducatrice spécialisée, j’ai effectué 4 stages.

Le premier s’est déroulé dans un F.O.T. (Foyer Occupationnel et Thérapeutique). Les personnes accueillies étaient porteuses d’une déficience légère à moyenne. Il était attendu des professionnels, entre autres choses, de les soutenir dans leur citoyenneté. J’ai eu du mal à comprendre cette idée. Comment des personnes si vulnérables pouvaient-elles faire des choix pertinents? En leur qualité d’adultes, comment accueillaient-ils les indications ou limites amenées par les professionnels ? Étant tous plus âgés que moi, quelle légitimité avais-je à leur prodiguer des conseils ou même à avoir des attentes ?

J’ai repéré des éléments de réponses dans la pratique des professionnels. Ils questionnaient le désir, proposaient sans imposer, travaillaient sur la confiance. Aux yeux des personnes, ils étaient des repères stables et de confiance, ils pouvaient les solliciter sans avoir à « les obliger ».

(1) Michel LEMAY, Les éducateurs aujourd’hui, coll pratiques sociales, éd Privat.

Le second stage s’est passé en IME (Institut Médico Educatif). Les jeunes déficientes légères à moyenne avaient entre 8 et 13 ans. Une des missions qui m’a le plus interrogée était la construction de leur identité. Cet âge qui traverse la latence et la pré-puberté, au regard de leur immaturité due à la déficience, est propice à la curiosité, à la découverte de l’autre, à la recherche de repères et d’appuis stables et nourriciers. Pourtant, il faut leur donner du sens à ces repères. Comment pouvais-je incarner ce rôle depuis ma place de stagiaire ?

Les professionnels étaient appliqués à leur apporter des repères de codes sociaux (hygiène, comportement à l’extérieur, habitudes alimentaires…). Pourtant des choses me semblaient manquer dans ce qui était proposé. Jamais n’étaient mises en mot clairement les raisons de ces apprentissages. On m’a souvent répété « adapte ton vocabulaire ». Sont-elles « si bêtes » qu’elles ne peuvent pas saisir les raisons de ce qui leur est demandé ?

Le troisième stage je l’ai effectué en SESSAD ITEP (Service Éducatif de Soin et de Suivi à Domicile de l’Institut Thérapeutique Educatif et Pédagogique). Ces jeunes (5 à 15 ans) porteurs de troubles du comportement je ne les voyais que 3h par semaine en moyenne. Quelle relation établir en deux mois ? Sur quoi vais-je jouer ma fonction de repère et d’étayage ? J’ai tenté de comprendre le fonctionnement des professionnels. Mais le « turn-over » est tel dans un service de SESSAD que j’ai mis tout le stage à saisir l’enjeu du portage éducatif d’un tel service. Je me suis torturée à me demander comment j’allais « faire », quels « outils » ou « pratique » employer… comme si tout devait venir de moi… mais finalement j’ai observé et joué la spontanéité.

Je leur ai fait confiance, ils en savaient tous bien plus que moi sur ce qui se jouait dans le service. Plus conscients que moi de l’aspect éphémère de la situation, ils sont venus d’eux-mêmes me placer en repère. Ils m’ont interpellée, ils m’ont investie, sans que je vienne à eux spécialement. J’étais là, simplement, disponible.

Je suis actuellement en stage dans un G.E.M (Groupe d’Entraide Mutuelle). C’est une association qui accueille des « adhérents » en souffrance psychique. La plupart étant stabilisés. Là aussi m’appliquer à ne pas me poser en « supériorité », ne pas marquer voire accentuer la différence fut presque un effort (mais je m’améliore j’ai l’impression). La considération individuelle comme groupale que met en œuvre l’équipe est une belle leçon que je reçois. Le temps est accordé à chacun. La distance pensée, le sens du projet sans cesse remis au débat pour être communément soutenu. Je ne suis qu’au début de mon stage, mais il est clair pour moi que voir les adhérents être à l’initiative de tous les projets du GEM et faire force de propositions (pertinentes) pousse à ma remise en question. La position à trouver en ce lieu est délicate néanmoins… J’en suis à travailler la confiance, la relation et la fonction repérante…

Mon positionnement professionnel

Ce que je constate c’est un écart.

Au départ, je pensais que l’éducateur « savait pour l’autre », je pouvais parfois avoir la prétention de me sentir plus « capable », suffisamment empathique pour repérer souffrances disfonctionnements et malaises, et suffisamment « nourrie » pour me permettre de penser à la place de celui que je devais accompagner. Et puis je suis redescendue de mon nuage de prétention.

Il m’a fallu me débarrasser de mes à priori infantilisants sur tous les publics que j’ai croisés. Permettre à chacun de prendre sa part de citoyenneté, d’identité. Même si je ne trouvais pas le choix judicieux, apprendre à le respecter, à considérer l’individualité de chacun et même l’aider à s’exprimer, à se valoriser.

« Le sujet est espace du possible, potentialité d’être. » (2)

La dimension du désir a pris une place que je ne soupçonnais pas. Aider chacun à le faire naître ou renaître, à accepter ce désir, à l’assumer et parfois à en faire quelque chose.

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