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La greffe du visage

Commentaire de texte : La greffe du visage. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Janvier 2016  •  Commentaire de texte  •  1 847 Mots (8 Pages)  •  570 Vues

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Introduction :

Quel meilleur moyen existe-t-il pour identifier un homme que de regarder son visage ? En effet, il s’agit bien de cette partie de notre anatomie que l’on trouve sur nos passeports ou nos cartes d’identité. Qu’est-ce que l’identité ? A quoi reconnaît-on une personne ? Au visage. Elle peut changer d’habits, de fortune, d’attitude, d’âge, de fonction ou de nom, elle change peu de visage, sauf chirurgie esthétique excessive. Il la rend reconnaissable ; quiconque, ainsi, peut la repérer et la reconnaître.

 Cependant, suite à des accidents ou des maladies, certaines personnes peuvent se retrouver défigurer et perdre une part de leur humanité, c’est-à-dire leur identité. La défiguration n'est pas une maladie dont on peut se relever en allant doucement vers la convalescence ou une blessure s'acheminant vers une cicatrisation sans conséquence, elle est dépossession, arrachement

La modernité et plus particulièrement la médecine vient porter un coup rude à ces croyances.  Suite à l’émergence de la greffe du visage, il est maintenant possible de rendre à un Homme cette part de son identité qui lui a été volé.

Nous nous demanderons donc si l’indentification au visage est elle toujours aujourd’hui à la base de notre identité ?

Pour répondre à cette problématique, je m’appuierai sur un article de l’express datant du 18 septembre 2010. Il s’agit d’une interview d’un chirurgien, le docteur Laurent LANTIERI, qui est à l’origine de 7 greffes du visage, qui furent d’incroyables succès.

Dans un premier, nous nous intéresserons à la nouvelle vie que ce docteur a pu offrir à ses patients suite à leur opération. Puis, nous verrons si cette nouvelle identité n’est elle pas une identité volée. Pour finir, nous analyserons l’attitude de notre société face à importance accordée au visage.

Le docteur Laurent LANTIERI est à l’origine de sept greffes du visage sur 28 dans le monde et dont la dernière fut réalisé en 2011. Cet homme a opéré des patients qui ont été victimes d’accidents ou de maladies qui les ont défigurés. Ces greffes leur ont permis d’être réintégrés à la société. En effet, il est toujours difficile de regarder un homme défiguré dans les yeux, non pas par mépris mais tout simplement parce que leurs visages ne ressemblent plus à ce que nous connaissons. Le docteur LANTIERI mentionne dans cette interview l’un de ses patients, Pascal ; « la neurofibromatose, avait déformé son visage au point qu’il était difficile de soutenir son regard, même pour moi qui ai vu beaucoup de défigurés au cours de ma carrière (..) a cause des excroissances de chair, sa bouche se retrouvait en dessous de son menton ». Ces déformations sont à l’origine de l’exclusion du sujet. En effet, le regard des autres est quelque chose de très lourd à endurer et ces patients sont, tout au long de leur vie, victime de moqueries. De plus, leur handicap les empêche d’avoir une vie normale, ils ne peuvent pas trouver de travail, malgré leurs diplômes ou tout simplement trouver un conjoint ou sortir dans la rue sans que les autres se retournent sur leurs passages. Cette déformation empêche les autres d’apprécier leurs qualités intérieures. Dès lors, il est possible de comparer cette situation à une absence d’identité. En effet, la place et l’importance que leur accordent les individus dépendent néanmoins très fortement de leur catégorie socioprofessionnelle et de leur situation familiale. La défiguration empêche donc les victimes de se construire une identité car ils sont exclus de toute vie sociale ou professionnelle.

Cette opération a permis à ces hommes de retrouver une certaine humanité et une vie pratiquement normale, « Pascal circule en bus, en métro, et plus personne ne se retourne sur son passage. Son visage reste atypique, (..) mais il n’est plus dérangeant ». De plus, Pascal a pu trouver un travail chez Néopost grâce à ses diplômes et à ses qualités. Par ailleurs, les autres patients que le docteur LANTIERI a opéré ont également retrouver une vie quasiment normale. En effet, l’un d’entre eux respirer à l’aide d’une trachéotomie et aujourd’hui il dispose de la totalité de sa motricité faciale.

Perdre son visage, psychologiquement et socialement, c'est en effet perdre sa position au sein du monde. La greffe du visage est une révolution car elle permet de redonner espoir à des personnes qui en furent privé et de leur redonner une nouvelle identité.

Cependant, une lourde question éthique se pose :  La greffe du visage n’est-elle pas un vol d’identité ? En effet, cette opération consiste à prélever un visage sur un défunt afin de le greffer sur le patient. Peut-on dès lors considérer ce visage comme le sien ? D’après le chirurgien, la question ne se pose même pas ; « Prenez la mère de Jérôme, (..)quand elle a vu son fils après l’intervention, elle s’est écriée : c’est bien lui, on le reconnaît, pourtant son nouveau visage n’avait plus rien à voir avec l’ancien, ravagé par la neurofibromatose ».

Il est également de l’ordre du fantasme d’imaginer qu’une personne puisse reconnaître le visage de l’un de ses proches décédés sur l’un des patients. En effet, selon le chirurgien : « la peau, les os et les tissus prélevés se moulent à l’ossature du patient et il en résulte un visage original, différent de celui du défunt ».

La perte d’un membre ou d’une partie de son corps est quelque chose de très difficile à accepter. Néanmoins, il n’y a rien de plus difficile que la perte de son visage. L’homme défiguré vit une privation de son être. Il a le sentiment que son identité s'est défaite et s'écoule à chaque regard de soi ou de l'autre. De nombreuses personnes se sentent exclues d'elles-mêmes et du monde, en deuil de leur être propre, tout en continuant à exister. La défiguration est une mise à mort symbolique. C’est pour cela que le choix de la greffe possède un sens. En effet, vivre défiguré est une souffrance sans fin car il prive l’homme de son goût de vivre, ainsi les sujets sont soumis à une fragilité psychologique très intense.  Cependant, recevoir le visage d'un autre, c'est s'exposer à ne plus se reconnaître, à ne plus pouvoir se regarder sans percevoir un autre désormais épinglé à soi. Le prix à payer reste lourd. Mise à part les traitement quotidient qui permettent d’éviter le rejet et le fait que ce nouveau visage ne sera pas identique à celui perdu, les enjeux identitaires peuvent être lourdement touché. Cependant, ne sommes-nous pas tous dans la situation des greffés ? Le visage que je possède est-il vraiment ma possession ? Finalement, nous nous identifions à un visage acquis, constamment entrain de se modifier, que se soit à cause du vieillissement ou des chirurgies possibles. Pourtant, l’opinion publique ne s’intéresse pas à ces différents cas. Pourquoi dès lors considérer la greffe du visage différemment des cas précédents ? Les problèmes concerneraient autant le receveur de la greffe, que le donneur et la société. Le receveur s’exposerait à de graves séquelles psychologiques, la perte du visage du défunt serait un traumatisme pour les proches, et la société rejetterait une telle « personnalité découpée », phénomène qui risquerait d’entraîner une diminution des dons d’organes, déjà insuffisants en France. Cependant, il n’y a au final que très peu de différence avec les autres types de greffes. En effet, il ne faut pas confondre visage et face. Le visage est l’expression d’une personne, de sa sensibilité, de ses pensées et de son caractère. En tant que tel, il ne pourra jamais être greffé, car il faudrait pour cela transplanter la personnalité d’un individu à un autre et ceci est tout simplement impossible. La face, en revanche, est le support anatomique du visage, et peut être transplantée, dans l’état actuel des techniques chirurgicales. Depuis les premières greffes de main réussies il y a quelques années, on sait qu’il n’y a plus d’obstacles à la transplantation simultanée d’os, de muscles, de tendons et de peau.

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