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Par   •  20 Juin 2014  •  1 094 Mots (5 Pages)  •  4 731 Vues

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« Barbara » est un prénom que Prévert affectionnait. Il l’avait déjà fait apparaître dans ‘’Tentative de description d’un dîner de têtes à Paris-France’’. Mais il étonne car il n’a rien de français, a été inspiré de l'adjectif latin « barbara » qui signifie « étrangère ». Il y eut bien une sainte Barbara, une chrétienne morte en martyre à Nicomédie au IIIe siècle. En fait, le mot a dû plaire au poète pour ses sonorités : il se roule et s’enroule dans le roulis de ses trois « a », de ses deux « r ».

Ce poème assez long, constitué d'une seule strophe, est écrit en vers libres souvent courts (certains ont quatre syllabes), sans ponctuation. L'observation de la structure du texte, des temps des verbes et des évocations révèle une rupture au vers 37. On peut donc distinguer deux parties en contrepoint :

- Du vers 1 au vers 36 s'exprime le bonheur du souvenir heureux de la rencontre amoureuse et insouciante, à Brest et sous la pluie, de deux inconnus observés par un autre inconnu, le narrateur poète. Témoin d'une scène heureuse qu'il retrace de manière lumineuse en la faisant partager par le souvenir à celle qui en fut l'héroïne, il s'interroge sur le devenir des êtres et de leurs sentiments dans la guerre, établissant avec son interlocutrice une véritable complicité, comme s'il était lui-même l'homme qu'il évoque. Le premier vers, « Rappelle-toi  Barbara», est repris six fois avec quelques variantes aux vers 6, 11, 14 (sans le prénom), 15 (avec des éléments complémentaires), 23 (avec un complément), 29, ce qui marque un caractère obsessionnel, d’autant plus que cette interpellation à l'impératif, qui précise l'interlocutrice et destinataire du poème, est plusieurs fois complétée par l'ordre négatif « N’oublie pas » (vers 16, 30). Ainsi, cette évocation d'un souvenir heureux (on note le vocabulaire de la joie : « souriante » [vers 3] ; « épanouie, ravie » [vers 4 et 21], de l'enthousiasme, de l'élan, du bonheur, ce que souligne la répétition de l'adjectif « heureux » aux vers 31, 32, 33) est dédiée à celle qui en fut l'héroïne. L'appel à la réminiscence est peut-être une façon pour le locuteur de vérifier l'authenticité de ce souvenir qu'il partage avec une inconnue. C'est peut-être aussi une sorte de recommandation, celle de ne pas oublier des moments heureux que la guerre a effacés et qui n'en demeurent pas moins, dans la mémoire, comme l'antidote de la souffrance et de l'horreur, comme la consolation à un moment où « ce n'est plus pareil » (vers 48). Le rappel obsessionnel du souvenir, l'appel à la mémoire sont ici l'expression d'une émotion et la volonté de dire le bonheur au-delà des malheurs de la guerre. Par ailleurs, l'anaphore du verbe « pleuvoir » (vers 27) complétée par les allusions à la pluie insiste sur un contexte particulier qui semble avoir frappé le narrateur (orages du temps à cette extrémité de la Bretagne, orages de la guerre). Sont produits aussi de nombreux effets d'échos : « Barbara / Rappelle-toi » et « Barbara / Brest ».

- On ne peut déterminer si l'interpellation du vers 37, « Oh Barbara », appartient à la première partie ou à la seconde, mais elle est suivie d’un jugement coléreux où la révolte, le sentiment d’impuissance face aux horreurs de la guerre, éclatent en une formule-choc empruntée à la langue parlée familière, comme pour signifier que le carnage ne mérite pas d'être stigmatisé en termes

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