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La Criminalité Et La Femme

Note de Recherches : La Criminalité Et La Femme. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2013  •  2 851 Mots (12 Pages)  •  872 Vues

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Introduction

Dans le système de justice pénale, les femmes et les filles sont surtout les victimes plutôt que les auteures de crimes. Les personnes de sexe féminin représentent en effet la moitié environ des victimes de crimes violents mais une minorité des contrevenants. Toutefois, pour comprendre la portée des questions liées aux femmes et au système de justice pénale, il importe d’examiner la fréquence et l’expérience de la victimisation criminelle et de la délinquance chez les femmes. C’est en raison du nombre relativement restreint de criminelles qu’il est crucial de suivre de près les tendances de la délinquance chez les personnes de sexe féminin. Autrement, les différences en ce qui a trait aux expériences des femmes et des filles dans le système de justice pénale sont susceptibles d’être camouflées par les tendances qui représentent la plus vaste population de contrevenants de sexe masculin. Ces renseignements sont nécessaires pour évaluer les interventions des systèmes juridique et social auprès des contrevenantes et pour élaborer des stratégies en matière de prévention du crime qui tiennent compte des différences entre les sexes

Des femmes criminelles, mais victimes

De façon générale, les hommes recourent au crime dit passionnel beaucoup plus souvent que les femmes : l’auteur du crime est un homme dans 78% et une femme dans 22% des cas. Ces proportions présentent une remarquable stabilité historique : l’étude des crimes dits passionnels conduite par Joëlle Guillais5 sur une décennie du XIXème siècle relève que la criminalité privée est dans 82% une affaire d’hommes.

Les raisons qui conduisent au crime passionnel sont très différenciées selon les sexes. Les hommes tuent plutôt pour « garder » les femmes, pour s'opposer à une rupture qui leur est imposée, qu'elle soit effective, annoncée ou seulement pressentie, tandis que les femmes sont souvent amenées à tuer pour entériner une séparation dont elles ont pris l'initiative, ou pour se dégager d'une relation de couple qui leur apparaît tyrannique (55% des cas). Les femmes ont en effet des mobiles plus divers que les hommes, pour lesquels prédominent la jalousie ou la peur de perdre l’autre.

Chez elles, dominent la mésentente (31% des cas) et le souhait de mettre un terme à ce qu'elles vivent comme une tyrannie (24% des cas). Souvent dans un état de grande dépendance par rapport à leur partenaire, c'est le poids insupportable de cette emprise qui les pousse au crime. C'est le cas de Myriam F. : elle a deux enfants lorsqu'elle rencontre son compagnon ; quelque temps plus tard elle en a de lui un troisième, mais à partir de ce moment, il devient brutal et violent avec les deux autres. Elle le tue pour faire cesser cette situation.

Les représentations en jeu dans ces cas sont celles d’une femme bien plus victime que criminelle, par le biais d’une argumentation qui justifie l’acte, mais la femme est alors volontiers vue comme victime de son destin plus que de son compagnon. Certains titres disent bien l’indulgence du propos envers ces femmes maltraitées : « Victime et meurtrière », « Le calvaire de Simone ». Les articles expliquent d’ailleurs combien ces femmes sont trahies, soit dans leur amour (« Coup de feu sur un avenir trahi »), soit par rapport à ce qu’une femme est en droit d’attendre d’un homme : face à « un mari déserteur » qui laisse leur commerce couler, Gisèle C. est « déguisée en meurtrière » ; déguisée donc, plus que foncièrement criminelle : cette argumentation vient alors sanctionner le manque de conformité de l’homme à son rôle social, sous son aspect le plus traditionnel.

Le récit d’une autre affaire, celle de Liliane L., est exemplaire de ces processus qui légitiment le crime. Cette femme se soumet depuis plus de vingt-cinq ans, sans s’en plaindre semble-t-il, aux violences de son mari, qui d’ailleurs font suite à celles de son père. C’est lorsque leurs deux filles deviennent adolescentes et que la sévérité et l’injustice qu’il témoigne à leur égard lui semblent insupportables, que Liliane L. tue son mari endormi, en utilisant le fusil dont il les avait menacées dans la soirée et qu’il avait oublié d’enfermer comme d’habitude. Le geste de Liliane L., inspiré par la volonté de protéger ses filles, est d’une certaine façon conforme à son rôle social fondamental, la maternité. Il ne peut donc pas être purement et simplement considéré comme moralement condamnable : elle « tue son tyran et celui de ses deux filles. » La responsabilité du crime est donc reportée sur le comportement du mari.

La brutalité conjugale

Les voies de fait dont un conjoint se rend coupable à l’endroit de sont partenaire ont fait l’objet de plusieurs études qui ont porté surtout sur la violence faite aux femmes.

Les raisons de l’agresseur ne sont ni évidentes, ni faciles à connaître ; néanmoins, des indications glanées ici et là nous autorisent à penser que quatre motivations sont à l’œuvre :

1. La jalousie du batteur de femme transpire des témoignages de maintes victimes. L’homme est jugé possessif, soupçonneux, maladivement jaloux ; il va jusqu’à séquestrer la femme. Les services sont souvent précédés de scènes au cours desquelles l’homme reproche à sa femme ses absences et ses flirts, l’accusant d’être une coureuse, une garce, et mettant en doute la paternité de ses enfants.

2. Il semble que cette violence ait occasionnellement une finalité sexuelle. En effet, la majorité des femmes qui ont accepté de collaborer à l’étude de 1987 du Regroupement des maisons d’hébergement rapportant que, après les avoir battues, leur conjoint désirait avoir des relations sexuelles et, souvent, il les prenait de gré ou de force ;

3. Le système de justification qu’adopte le batteur de femme nous autorise à croire que le désir de dominer est un des éléments moteurs de cette violence. Dans l’étude du Regroupement (1987), on rapporte que les hommes tentent de justifier en évoquant un soi-disant droit à disposer de leur femme. Ils disent vouloir la contrôler, ils se sentent autorisés à punir ses fautes et à la dompter. Les menaces et les coups visent à subjuger la femme et à réprimer ses velléités d’indépendance. Ils permettent aussi à l’homme d’avoir le dernier mot lors des prises de bec. A juger par les études américaines, la récidive est forte dans les affaires de brutalité conjugale. En effet, un sondage portant sur 2142 familles américaines montre que 63% des hommes qui frappent leur femme avec leurs poings, leurs pieds, un objet

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