L’Etat est-il la personnification juridique de la nation ?

L’Etat est-il la personnification juridique de la nation ?

La distinction entre Etat et nation semble, de prime abord, bien mince. La question posée ici soulève un problème essentiel : peut-on considérer l’Etat, entité politique institutionnelle, comme un simple prolongement juridique de la nation, conçue ici comme une communauté sociale ? Est-ce à dire que le but principal de l’Etat est de donner une concrétisation tangible à l’idéal de nation ? Même s’il semble compliqué de donner une définition exhaustive de ce qu’est l’Etat, il est cependant possible d’en lister les caractéristiques. Ainsi, l’Etat se concrétise par des organes politiques, administratifs et juridictionnels. C’est son influence qui organise la société. L’existence de la nation précède celle de l’Etat : ainsi, il n’est pas nécessaire d’avoir un Etat pour avoir une nation. Quel serait alors l’intérêt, pour une population, de se doter d’une telle organisation ? Peut-on considérer l’Etat comme la concrétisation juridique du désir de vivre ensemble ? Nous étudierons, dans une première section, les conditions d’existence de l’Etat et de la nation, et dans une seconde section, la corrélation qui existe entre ces deux notions.

Section 1 : les conditions d’existence de l’Etat et de la nation

A. L’Etat

Juridiquement, un Etat ne peut exister que s’il réunit trois conditions sine qua non. Ainsi, pour qu’il y ait Etat, il faut la présence d’une population, c’est-à-dire un groupement humain identifié, dont les individus partagent le désir de vivre ensemble, d’un territoire clairement délimité, et une puissance publique s’exercant sur ceux-ci. S’il s’agit d’une définition classique, elle n’en reste pas moins essentielle : il semble impossible à un Etat d’être reconnu sans pouvoir opposer ces trois caractéristiques.

Ayant en tête cette conception, il est possible d’en dégager un constat : l’existence d’un Etat dépend avant tout de caractéristiques matérielles, tangibles, qu’il est possible de lister. L’Etat est avant tout une institution, son existence n’est pas automatiquement admise.

A. La nation

Deux théories s’opposent : la première, dite déterministe, considère que la nation s’établit sur le constat de l’appartenance à une communauté de semblables : langue, religion, filitation... Ici, c’est l’Etat qui fait l’homme : son appartenance à la communauté échappe à sa volonté en ce qu’il est conditionné par le groupe social auquel il appartient.

D’un autre côté, la théorie volontariste, notamment développée par E. Renan au XIXe siècle, assimile la nation à un «principe spirituel, un consentement actuel, le désir de vivre ensemble». La nation reposerait donc entièrement sur la volonté partagée de vire en communauté.

Ces deux conceptions s’opposent sans qu’aucune ne se révèle plus valable que l’autre. Selon les propos de Maurice Hauriou, «il y a toujours à la base d’une nation une communauté de race dans un certain noyau de la population assez important pour assimiler les immigrants qui

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