L'histoire De La Marque
Commentaires Composés : L'histoire De La Marque. Recherche parmi 298 000+ dissertationsPar alissimka • 25 Juin 2013 • 6 677 Mots (27 Pages) • 748 Vues
L’histoire de la marque
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L’histoire de la marque
En étant un peu paradoxal, on peut dire que la marque de distributeur a
été la première à apparaître sur la scène économique ou tout au moins
qu’elle est apparue en même temps que celle de producteur, ne serait-ce
que parce que les deux fonctions étaient très souvent confondues. En fait,
bien sûr, une telle distinction n’a, pour des périodes anciennes, qu’un
intérêt académique.
Dès l’Antiquité, on retrouve des traces d’utilisation de marques, sous la
forme d’un nom, d’un dessin ou d’une sorte de sceau (rosette sur céramiques,
par exemple), qui étaient apposées par le producteur, mais souvent
aussi par le distributeur.
À Pompéi, on a découvert le signe que l’un des boulangers locaux portait
sur ses produits et dont il se servait pour vanter leur qualité. Les marques
portées sur les bouchons d’amphores de vin ou d’huile sont aussi très
connues des archéologues.
Les tuiliers romains d’Italie apposaient, avant cuisson, de véritables
marques donnant :
– le nom du propriétaire de la carrière d’où l’on extrayait l’argile ;
– le nom du tuilier lui-même, cette indication figurant parfois en même
temps que la précédente ;
– le nom du négociant qui achetait au tuilier sa production ;
– la destination de certains lots.
Leur importance ne devait pas être négligeable puisqu’on a retrouvé, en
Gaule notamment, des traces de contrefaçons de marques.
Plantons le décor
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Le Moyen Âge devait apporter une innovation importante : la marque
collective, créée par des corporations, maîtrises, jurandes… Ces dernières,
strictement réglementées, instaurèrent tout un code de déontologie. En
échange du monopole dont ils jouissaient, les membres de la corporation
devaient porter sur leurs produits (eux-mêmes la plupart du temps définis
dans leur forme et leur composition) le sceau de ladite corporation. Ils
étaient quelquefois autorisés à porter leur nom ou leur signe, dans des
conditions déterminées, à côté du sceau. Cette dernière marque était donc
privative.
C’est ainsi qu’on vit apparaître l’embryon de ce qui caractérise de nos jours
la marque à propos des marchandises fabriquées par des spécialistes dont
la qualification avait engendré une large renommée qui permettait l’exportation
vers des contrées lointaines. La marque trouvait là en effet son rôle
essentiel : la liaison entre des agents économiques éloignés les uns des
autres. Ce fut le cas par exemple des cuirs de Cordoue ou des draps des
Flandres. Ces articles portaient le sceau de l’artisan qui les avait fabriqués,
à côté de celui de la corporation et quelquefois aussi de celui du marchand
qui les avait transportés.
Les mobiles qui poussaient ainsi marchands ou producteurs à apposer
leur marque sont difficiles à déterminer. Chez le producteur on trouvait la
tendance naturelle à la « signature » sans qu’on puisse vraiment parler
d’une politique publicitaire, mais plutôt d’une satisfaction d’amourpropre
: il portait son nom ou son sceau sur ce qui sortait de son atelier ou
de son domaine et dont il était fier, un peu comme l’architecte et l’entrepreneur
gravent leur nom sur l’immeuble qu’ils ont construit. On trouvait
aussi, et cela était particulièrement vrai en ce qui concerne le marchand, le
désir de prouver éventuellement la propriété. Les hasards des voyages
étaient tels qu’on pouvait avoir besoin de montrer sans contestation
possible que telle marchandise appartenait à telle personne. Ce sont un
peu les mêmes raisons que celles qui ont poussé les propriétaires des
ranch américains à « marquer » les animaux composant leurs troupeaux.
Mais, en plus de ces raisons instinctives ou utilitaires, on trouvait déjà des
raisons commerciales. Quelle était leur importance ? Nous l’ignorons,
mais ce qu’on peut dire c’est qu’elles existaient puisqu’une forme
embryonnaire de publicité de marque avait déjà fait son apparition.
La marque collective perdit son importance à la Révolution française qui
abolit le système corporatif et toute sa réglementation complexe. La
marque privative fut donc pratiquement seule à continuer à être utilisée.
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