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Explication du texte , Denis Diderot, essais sur la peinture.

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Par   •  26 Novembre 2018  •  Commentaire de texte  •  2 999 Mots (12 Pages)  •  2 064 Vues

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Explication de texte : « Loutherbourg » P.224  de « voyez à gauche… »  à  « … aurons passée »  Du Salon de 1763 de DENIS Diderot.

     Denis Diderot, considéré comme le père de la critique d’art en France, a inspiré non seulement la littérature et la philosophie, mais aussi le domaine artistique. Avec les comptes rendus qu’il rédige pour La Correspondance littéraire, suite aux sollicitations de son ami Grimm, Diderot réinvente et marque de son empreinte le genre de la critique d’art ; et se démarque ainsi de ses prédécesseurs. Il rédige neuf salons à un rythme bisannuel (de 1759 à 1781), où on voit  l’esthétique diderotienne se développer progressivement dans chaque salon, notamment à partir du salon de 1763, où il met en évidence le travail du peintre avec des descriptions détaillées, n’hésitant pas à exprimer son engouement et son enthousiasme face aux toiles mais aussi aux peintres qu’il admire.

   

   Dans le salon de 1763, Diderot décrit l’un des paysages peints par le jeune peintre Philipe Jacques de Loutherbourg ; où il fait l’éloge de son tableau « paysage avec figures et animaux » ; un tableau qui a particulièrement attiré l’attention de Diderot, parmi les autres paysages qu’il a peints : « il a exposé un grand nombre de Paysages. Je n’en décrirai qu’un seul. » . Loutherbourg, élève de Casanove, a suscité une grande admiration de la part de ses contemporains, mais surtout de Diderot qui le qualifie de talent exceptionnel allant jusqu’à le comparer au grand peintre Berghem : « un jeune peintre de vingt-deux ans, qui se montre et se place sur la ligne de Berghem !ses animaux sont peints de la même force et de la même vérité ».  On s’interroge dans cet extrait, sur comment Diderot essaie par la description de  transmettre aux lecteurs l’effet qu’il ressent et essaie de le leur faire ressentir, en rendant compte d’une image absente ; on montrera comment il réussit à faire voir cette image  tout en louant la magie de la toile par un discours élogieux pour la reproduction vraie et profonde de la nature par Loutherbourg.  

   On peut comprendre ce texte selon trois mouvements, avec tout d'abord la pénétration ou l’invitation du lecteur-spectateur  dans l’espace du tableau : (du début de l’extrait à «  la vraie peau de ces animaux »), ensuite avec le discours élogieux, et l’effet transmis par la reproduction vraie de la nature, (de « Quelle intelligence ! … à « ne vous frappent-ils pas ? »), le troisième mouvement s’attache à montrer l’absorbement du lecteur dans le tableau par la rêverie : (de Ah ! mon ami … à la fin de l’extrait).

   

   Dans un premier mouvement Diderot invite et sollicite, il essaie d’introduire le lecteur-spectateur dans la toile, donnant l’impression qu’il montre du doigt ce qu’il voit. Il s’adresse à la troisième personne du pluriel avec le verbe « voir » à l’impératif « voyez », qui indique son intention de vouloir inviter son ami Grimm auquel il s’adresse tout au long de ses critiques des salons, mais aussi aux lecteurs de la Correspondance littéraire. Il se lance dans une description analytique ou appelée également scientifique, où il commence par la locution adverbiale « à gauche »,  ce qui explique au lecteur qu’il commence sa description du coté gauche du tableau, commençant par le « bout de forêt ». Diderot rappelle  en parlant de la couleur de ce bout de forêt les critique des visiteurs « à ce qu’ON dit », les visiteurs le trouvent  « un peu trop vert » , mais Diderot intervient pour objecter et défendre la toile qu’il admire ; la conjonction « mais »  indique son opposition aux critiques , il plaide pour un art de l’effet et la prééminence de la couleur, qui selon lui donne la vie et la vérité aux choses ; il insiste sur l’effet produit, qui suscite pour lui un sentiment de « fraicheur délicieuse », l’adjectif « touffu » qui renvoie à la densité de la forêt, explique aussi son intention de vouloir attirer l’attention sur la vérité du tableau.

   Diderot poursuit sa description scientifique, comme s’il se promenait à l’intérieur du tableau, et proposait aussi au lecteur de l’accompagner ; il utilise le gérondif «  en sortant » « et vous avançant », qui a une valeur temporelle, qui nous montre son intention de vouloir introduire une notion de temps et d’espace  dans le tableau ; les verbes « sortir » et « avancer », donnent à la scène son mouvement (nous pouvons le voir aussi par l’utilisation des substantifs « gauche » « droite » ) , Diderot tente toujours de pénétrer le lecteur dans la toile en continuant de l’inviter à voir les détails du tableau « voyez ces masses de rochers », dans le but de  montrer le rapprochement impressionnant du paysage à la réalité.

   Diderot allie description et discours élogieux, d’ailleurs il met en valeur ses louanges par des procédés rythmiques. On distingue un rythme binaire dans le début de la description des masses de rochers : «  grandes et nobles », « douces et dorées », « tendres et agréable » ; on relève également des hypozeuxes qui renforcent ces phrases rythmées, avec la répétition de l’expression « comme elles sont »,  suivie des deux adjectifs et l’expression « où la verdure ». Diderot s’enthousiasme devant cette nature et exprime son admiration en répétant l’adverbe exclamatif « comme », ce qui peut traduire la profondeur de son discours élogieux.  

   On ne peut nier le coté dialogique des salons de Diderot, qui fait ses comptes rendus sous forme de conversations, où il s’adresse généralement à son ami Grimm, mais aussi aux lecteurs, il utilise à nouveau la forme impérative mais cette fois pour s’adresser à son lecteur, dans une sorte de dialogue fictif, « dites-moi », Diderot se promène avec ses amis lecteurs dans le paysage de Loutherbourg, et en discute avec eux comme s’il était lui-même une figure du tableau et se promenait dans cette nature qu’il juge vraie, Diderot essaie par là d’interpeller son lecteur, il s’adresse au lecteur-spectateur avec une question rhétorique : « Dites-mois si l’espace que vous découvrez au-delà de ces roches n’est pas la chose qui a fixé cent fois votre admiration dans la nature ? », il marque une présence dans la toile avec l’adverbe de lieu « au-delà », qui crée une image spatiale chez le lecteur , et qui à son tour contribue à mouvementer la scène. La phrase démonstrative « ces rochers », aide le lecteur à visualiser le lieu décrit par Diderot. Nous pouvons remarquer son engouement avec des termes intensifs : « cent fois », qui montre la force de l’effet ressenti par Diderot, qui essaie de retransmettre ce même effet à ses interlocuteurs.

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