LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Commentaire De Texte - Supplément Au Voyage De Bougainville, Les Adieux Du Vieillard de Denis Diderot

Commentaires Composés : Commentaire De Texte - Supplément Au Voyage De Bougainville, Les Adieux Du Vieillard de Denis Diderot. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2015  •  1 843 Mots (8 Pages)  •  7 306 Vues

Page 1 sur 8

Le supplément au voyage de Bougainville, est un récit de voyage fictif, inspiré de faits réels. Il fut rédigé en 1772 par Denis Diderot, Philosophe des Lumières ( notamment connu pour avoir, en partie, rédigé l'Encyclopédie ) et parut, à titre posthume en 1796. Ce conte philosophique est un dialogue entre deux personnages A et B, discutant du voyage du navigateur français Louis Antoine de Bougainville entrecoupé de deux passages narrés : les adieux du vieillard et l'entretien de l'Aumônier et d'Orou. Dans cet extrait, situé au deuxième chapitre de ce conte, Diderot expose le discours d'adieux violent d'un vieillard face au départ des Européens colonisateurs, traitant de sujets moraux et religieux. Porte parole de l'auteur, il s'adresse au préalable aux Tahitiens puis directement à Bougainville sur un ton accusateur en dénonçant un certain nombres de leurs vices et les conséquences de leur arrivée sur l'île. Nous étudierons dans un premier temps les caractéristiques de ce réquisitoire contre Bougainville puis nous verrons comment est marquée l'opposition entre deux civilisations différentes.

Dans cet extrait présenté comme un réquisitoire, nous allons d'une part aborder le sujet du rejet des valeurs occidentales et d'autre part, nous verrons les spécificités de ce discours polémique qui par ailleurs, défend les valeurs de la vie naturelle.

Dans la deuxième partie de son discours, le vieillard bannis les valeurs des Européens, il accuse Bougainville de toutes sortes de méfaits et de l'impact de leur arrivée sur leur île : selon lui, ils ne font que « nuire » à leur bonheur ( ligne 20 ), ils ont voulu changer leurs mœurs pour les soumettre aux leurs. Le vieillard n'accepte pas l'idée de '' la loi du plus fort '', il refuse de tenir compte du fait que les occidentaux leurs soient supérieurs : « le Tahitien, est ton frère […] quel droit as-tu sur lui qu'il n'ait pas sur toi ? » ( lignes 37 à 39 ). Il considère que tous les hommes sont égaux et que seul un être supérieur de nature aurait le pouvoir d'envahir et de s'approprier leurs terres. Le vieillard qualifie les connaissances des Européens d'« inutiles lumières » ( ligne 43 ), son idée a ici une attente morale : les connaissances n'ont de valeur que si elles sont utilisées à bon escient, pour le bonheur de l'être humain. Diderot emploie de nombreuses figures de style comme le parallélisme : « Ce pays est à nous. Ce pays est à toi ! » ( lignes 29 et 30 ) où il conteste la notion de possession, le chiasme : « Elles sont devenues folles dans tes bras ; tu es devenu féroce entre les leurs. » ( lignes 24 et 25 ) et « Elles ont commencé à se haïr ; vous vous êtes égorgés pour elles » ( ligne 25 ) ou encore la gradation, figure la plus récurrente dans le texte : « vous enchaîner, vous égorger, ou vous assujettir » ( lignes 11 et 12 ), « aussi corrompus, aussi vils, aussi malheureux qu'eux. » ( ligne 13 ). Ces gradations construites à la manière d'anaphores créent un effet d'insistance sur le caractère nocif de la civilisation Européenne.

Dans son discours polémique, le vieillard est très impulsif, on remarque que la ponctuation du texte est très expressive : des phrases exclamatives ( lignes 30, 35, 36, 60... ) présentes du début à la fin, des interjections comme « malheureux Tahitiens ! » ( ligne 8 ), « Ô Tahitiens ! Mes amis ! » ( ligne 15 ) et un certain nombre de questions rhétoriques ( qui visent ici à interpeller le lecteur et lui faire prendre partie ) : on en trouve une longue succession des lignes 38 à 41, « quel droit as-tu […] nos animaux ? » puis à d'autres endroits : « qui es-tu donc, pour faire des esclaves ? » ( lignes 27 et 28 ), « Et qu'est-ce que cela fait ? » ( ligne 33 ) et « Ce pays est à toi ! et pourquoi ? » ( ligne 30 ). Celle-ci marque l'indignation du vieillard face à la conduite de Bougainville et de ses hommes et son assurance pour prendre la parole face à eux. Il utilise d'ailleurs une comparaison, « comme de la brute » ( ligne 37 ) où selon lui, les Tahitiens sont traités comme des bêtes sauvages. Sa façon d’interpeller Bougainville est très péjorative : « chef des brigands qui t'obéissent » ( ligne 18 ). Il crée un renversement, lignes 30 à 32, ( « Si un Tahitien […] penserais-tu ? » ) pour dénoncer l'absurdité des arguments des colonisateurs. Ainsi, le vieillard pose des chefs d'accusation, par la faute des Européens, les femmes ont changé et sont devenues complètement déséquilibrées : « Elles sont devenues folles […] votre sang » ( lignes 24 à 26 ). Ce discours est essentiellement construit sur des phrases très courtes et incisives, juxtaposées de phrases plus longues avec des énumérations. À travers le regard du vieillard, Diderot veut dénoncer la civilisation forcée que les Européens veulent imposer aux Tahitiens par leur colonisation et accentuer le contraste entre

...

Télécharger au format  txt (9.9 Kb)   pdf (105.3 Kb)   docx (11.5 Kb)  
Voir 7 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com