Discours méritocratie

Discours : La méritocratie un idéal illusoire

        Liberté, Egalité, Fraternité ; voici la devise de la France.

La France, pays des droits de l’homme, pays qui s’est érigé en modèle démocratique à l’international, pays qui a toujours placé la réussite scolaire au cœur de ses programmes présidentiels. Aujourd’hui, c’est Emmanuel Macron qui rêve de méritocratie. Cette utopie millénaire et illusoire ne saurait être atteinte par la simple suppression de cette institution historique et élitiste : l’Ecole Nationale d’Administration. L’optimisme, presque naïf, du chef de l’Etat, n’a pas été accueilli à bras ouverts par les politiciens français.

        Cette décision qui semble fermer le livre de l’égalité des chances qu’avait ouvert la Cinquième République, n’est en fait que la partie immergée de l’iceberg. Ce dernier devient de plus en plus visible par des témoignages et des contestations de tout milieu social qui dénoncent une présence encore bien trop forte d’inégalités sociales dans la réussite scolaire. Pourquoi ces résultats scolaires importent-ils tant dans une société composée à 54% par une population active au travail et déjà loin de cette jeunesse lycéenne ? Ce qu’il faut comprendre avant toute chose, c’est que les résultats académiques d’un individu favorisent l’obtention d’un emploi suivant le niveau de qualification. Ce dernier détermine à son tour la position et l’intégration sociale de ce futur adulte. La crise actuelle relève finalement d’une crise de la cohésion sociale entre différents milieux.

      Comment faire comprendre à un enfant qu’il ne pourra jamais rentrer de son travail et s’installer dans le canapé d’une grande villa à Miami parce que ses parents ont dû quitter leur pays et recommencer leur vie dans cet Eldorado ? Comment lui faire comprendre que par son origine sociale il est contraint à donner plus que les autres pour réussir ?

      Bourdieu déplorait en son temps cette reproduction sociale qui détruit les rêves des jeunes en grandissant et ne surprend plus ceux qui y sont soumis. Plus de 50 ans plus tard, la situation n’a guère évolué : les pauvres restent pauvres et les riches restent riches. Où se trouve la méritocratie que tout le monde prône mais qui disparaît dès qu’on la cherche ? Nous ne le voyons rien qu’à notre échelle de jeune lycéen : les meilleurs établissements sont payants, les meilleures formations sont payantes. La gratuité de Jules Ferry et de Ferdinand Buisson est néanmoins limitée par un certain seuil de qualité des études. Et même s’il existe un système de bourses, la classe moyenne reste la grande oubliée.

      J’aimerais m’imaginer un monde où Karim, Sarah et Raphaëlle seraient libres de choisir pleinement leur avenir. Aujourd’hui, Karim a arrêté les cours sous la demande de ses parents qui ont besoin de revenus pour continuer à survivre dans leur appartement. Sarah, déçue, choisit de quitter la France après la décision de justice rendue dans l’affaire Halimi. Raphaëlle, quant à elle, n’a jamais manqué de rien et peut se féliciter d’être rentrée au Ministère.

      Alors oui, Liberté, Egalité, Fraternité mais tâchons de l’inscrire dans les faits, pas seulement sur les façades de nos mairies.

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