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Corpus: le roman et ses personnages

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Par   •  11 Janvier 2015  •  1 889 Mots (8 Pages)  •  1 320 Vues

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Objet d'étude : Le roman et ses personnages.

Textes :

Texte A : STENDHAL, La Chartreuse de Parme, 1839.

Texte B : Marcel PROUST, Du Côté de chez Swann, (A la Recherche du temps perdu), 1913.

Texte C : Louis ARAGON, Les Voyageurs de l'Impériale, 1948.

Texte D : Albert COHEN, Belle du Seigneur, 1968.

Texte A : STENDHAL, La Chartreuse de Parme.

[Fabrice Del Dongo, jeune noble milanais, admirateur de Napoléon, se trouve mêlé à !a grande bataille de Waterloo.]

Fabrice était tout joyeux. Enfin, je vais me battre réellement, se disait-il, tuer un ennemi ! Ce matin ils nous envoyaient des boulets, et moi je ne faisais rien que m'exposer à être tué ; métier de dupe. Il regardait de tous côtés avec une extrême curiosité. Au bout d'un moment, iI entendit partir sept à huit coups de fusil tout près de lui. Mais, ne recevant point l'ordre de tirer, il se tenait tranquille derrière son arbre. Il était presque nuit ; il lui semblait être à l'espère1, à la chasse de l'ours, dans la montagne de la Tramezzina au-dessus de Grianta. Il lui vint une idée de chasseur ; il prit une cartouche dans sa giberne2 et en détacha la balle : si je le vois, dit-il, il ne faut pas que je le manque et il fit couler cette seconde balle dans le canon de son fusil. Il entendit tirer deux coups de feu tout à côté de son arbre ; en même temps, il vit un cavalier vêtu de bleu qui passait au galop devant lui, se dirigeant de sa droite à sa gauche. Il n'est pas à trois pas, se dit-il, mais à cette distance je suis sûr de mon coup, il suivit bien le cavalier du bout de son fusil et enfin pressa la détente ; le cavalier tomba avec son cheval. Notre héros se croyait à la chasse : il courut tout joyeux sur la pièce qu'il venait d'abattre. II touchait déjà l'homme qui lui semblait mourant, lorsque, avec une rapidité incroyable, deux cavaliers prussiens arrivèrent sur lui pour le sabrer. Fabrice se sauva à toutes jambes vers le bois ; pour mieux courir il jeta son fusil. Les cavaliers prussiens n'étaient plus qu'à trois pas de lui lorsqu'il atteignit une nouvelle plantation de petits chênes gros comme le bras et bien droits qui bordaient le bois. Ces petits chênes arrêtèrent un instant les cavaliers mais ils passèrent et se remirent à poursuivre Fabrice dans une clairière. De nouveau ils étaient près de l'atteindre, lorsqu'il se glissa entre sept à huit gros arbres.

1 - à l'espère: à l'affût.

2 - giberne : cartouchière des soldats.

Texte B : Marcel PROUST, Du côté de chez Swann (À la recherche du temps perdu).

Les Verdurin n'invitaient pas à dîner : on avait chez eux « son couvert mis ». Pour la soirée, il n'y avait pas de programme. Le jeune pianiste jouait, mais seulement si « ça lui chantait », car on ne forçait personne et comme disait M. Verdurin : « Tout pour les amis, vivent les camarades ! » Si le pianiste voulait jouer la chevauchée de la Walkyrie ou le prélude de Tristan1, Mme Verdurin protestait, non que cette musique lui déplût, mais au contraire parce qu'elle lui causait trop d'impression. « Alors vous tenez à ce que j'aie ma migraine ? Vous savez bien que c'est la même chose chaque fois qu'il joue ça. Je sais ce qui m'attend ! Demain quand je voudrai me lever, bonsoir, plus personne ! » S'il ne jouait pas, on causait, et l'un des amis, le plus souvent leur peintre favori d'alors, « lâchait », comme disait M. Verdurin, « une grosse faribole2 qui faisait s'esclaffer tout le monde », Mme Verdurin surtout, à qui, - tant elle avait l'habitude de prendre au propre les expressions figurées des émotions qu'elle éprouvait - le docteur Cottard (un jeune débutant à cette époque) dut un jour remettre sa mâchoire qu'elle avait décrochée pour avoir trop ri.

1. La Walkyrie et Tristan sont deux opéras de Richard Wagner.

2. lâcher une faribole : dire une bêtise.

Texte C : Louis ARAGON, Les Voyageurs de l'impériale.

[Paulette, épouse de Pierre Mercadier, et Denise de Lassy de Lasalle se retrouvent pour évoquer leur vie et leurs amours.]

« Bonjour ! Je ne te dérange pas ?... Parce que tu sais, si tu as à sortir... Non ? C'est parfait. Je me sens bavarde... Merci, très bien.,. Je n'ai fait qu'un saut à Paris, je suis arrivée d'hier et je repars ce soir... ou demain matin...

- Et ton ours ?

- Pierre, comme toujours, se porte à merveille...

- Je t'admire de supporter la province, moi, je ne pourrais simplement pas...

- Il faut bien ! » Paulette soupira, enleva son manteau noir bordé d'une ruche1 de soie, son chapeau où se battaient deux mouettes et posa le tout sur le canapé de soie rosé. Denise était assise à son bonheur-du-jour2, dans un déshabillé3 tout ce qu'il y a de fou, avec de la dentelle, de la dentelle et encore de la dentelle : une fortune, c'est sûr. Elle regarda Paulette, transportée par Paris, les yeux brillants, si différente de ce qu'elle était au couvent. Pourtant qu'est-ce qui lui manquait à cette Paulette ? Un quelque chose, je ne sais pas... Mais Mme de Lassy de Lasalle avait trop de pensées qui l'habitaient à cette heure pour s'attarder à se poser de telles questions.

Charmante, Denise, charmante : toujours la même. Mince, le visage un peu long, peut-être, mais ces yeux noirs ! Elle coiffe ses beaux cheveux bruns comme Sarah Bernhardt4, elle a la coquetterie de porter à son cou parfait et jeune un ruban noir comme si elle était vieille... Elle a des bras ronds avec des poignets minuscules, et des mains surprenantes, toutes petites. Paulette la considère comme grande, mais c'est fonction de sa propre taille.

Évidemment sa chambre ressemble à celle que Paulette vient de se faire, mais tout y est cependant de meilleure qualité. Paulette s'en rend compte et soupire. Denise se

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