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Corps De Femmes, Regards D'hommes, De Kaufmann

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Par   •  14 Février 2013  •  2 689 Mots (11 Pages)  •  2 117 Vues

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Corps de femmes, regards d’hommes, de Kaufmann

SOMMAIRE :

Introduction : 1

Vision historique et théorique de la libération du corps : 2

Comment se construit une norme sociale ? Comment agit-elle ? 2

L’utilisation du corps et du regard 3

Conclusion 5

INTRODUCTION:

Jean Claude Kaufmann a commencé sa carrière de sociologue en 1969, comme chercheur contractuel, avant d'être admis au CNRS en 1977. Nommé directeur de recherche en 2000, il est membre du CERLIS (centre de recherche sur les liens sociaux), laboratoire CNRS de l'université Paris -5 Sorbonne. Il est notamment l'auteur de La trame conjugale (1992), Premier matin (2002).

L'auteur est connu pour son choix de sujets peu communs. Sa méthode consiste à prendre un élément simple du quotidien et à l'analyser en profondeur. Il montre ainsi que les choses en apparence les plus banales sont en fait les plus complexes, qu'elles cachent une multitude de mécanismes à dévoiler. Le sujet de ce livre : les seins nus sur la plage. Pratique apparemment anodine qui touche en fait à quelque chose de fondamental : le rapport au corps. Cet ouvrage n'est pas un livre sur les seins nus, mais sur le travail de construction normative et la distance au rôle. Kaufmann témoigne des faits, reconstitue le système de représentation, et parvient ensuite, à les replacer dans une problématique générale.

Le matériel sur lequel s'appuie Kaufmann est riche : entretiens semi-directifs et observation participante sur une base de quelque trois cents vacanciers. On peut donc parler ici d'approche ethnologique dans le sens où les personnes interrogées sont considérées comme des informateurs permettant de comprendre les fondements de pensée de la société en cause (ici, la société française contemporaine). Cette démarche s’appuie de l’interactionnisme, courant de pensée porté par E. Goffman. Cette pensée s’appuie sur l’idée que la réalité sociale ne s’impose pas telle quelle aux individus, mais qu’elle est en permanence modelée et reconstruite par eux à travers les processus d’interaction. En cela, les sociologues s’appuient sur des études monographiques fondées sur l’observation directe, voire participante, de l’individu (enquêtes).

Ainsi, Jean-Claude Kaufmann a mobilisé près d'une demi-douzaine d'enquêteurs sur cinq plages différentes. Le principal obstacle à cette vaste entreprise n'était pas la disponibilité des vacanciers, mais plutôt leur incontournable paresse. L'auteur constate en effet que « la plage n'aime pas penser, n'aime pas parler ». L'interroger sur ses motivations, c'est déjà lui faire violence. Il en va de même lorsqu'il met la plage devant sa principale contradiction : d'un côté, l’affirmation d'une tolérance universelle (« chacun est libre »...), et de l'autre des jugements esthétiques qui condamnent et stigmatisent les seins non conformes (trop vieux, trop gros, trop petits...).

L’auteur s’interroge donc dans cette enquête sur la place du corps et du regard dans notre société. Le corps étant selon l’auteur un support essentiel d’identification, et le regard joue un rôle central dans les échanges sociaux et le système de la connaissance. Ainsi, il vient à mettre en évidence les rapports homme/femme, la façon dont les femmes s’exposent aux regards des hommes. De plus, cette enquête montre aussi le poids des règles comportementales sur la liberté de l’individu, et de ses gestes. Enfin l’auteur monter aussi par cette prospection la nécessité de définir le « normal » dans nos sociétés démocratiques. Par-là, cette culture mène souvent à une catégorisation, à l’intolérance et parfois à l’exclusion de certains, considérée comme « pas dans la norme ».

C’est ainsi que nous expliquerons dans un premier temps le rapport au corps de la femme, et nous intéressé à son approche historique et théorique de cette construction; pour ensuite développer l’idée selon laquelle les individus interagissent suivant des normes codifiées, pour enfin, dégager l’analyse de fonds de l’auteur, à savoir l’utilisation du corps de la femme, la quête identitaire de celui-ci, mais aussi le regard que l’on porte sur lui.

1

Vision historique et théorique de la libération du corps

Kaufmann débute son analyse par une vision historique de la libération du corps, il étudie ainsi deux étapes importantes de la civilisation, et par là de la libération du corps.

Dans un premier temps, la vision de Norbert Elias a montré comment, avec la Renaissance, le moindre geste s'intègre dans une évolution qui tend vers un contrôle intime des émotions et des manières. Le contrôle des gestes et des émotions implique une multiplication des interdits. Cependant, la montée du désir de souplesse, de confort et d'immédiateté des sensations marque les débuts du XXe siècle. Il y a donc au fondement du problème un paradoxe : la libération du corps implique un contrôle accru des émotions. L'exemple du pyjama permet d'illustrer l'idée selon laquelle, dans une seconde phase du processus de civilisation, le corps se libère, se dévoile, sous la contrainte d'un contrôle plus grand des pulsions.

Le mouvement de libération du corps se développe ensuite avec le sport et se mêle à l'émancipation féminine (Coco Chanel) en tant que sexe dominé. Mais l'exposition à la plage n'est rendue possible que par une capacité de se contraindre à d’autres mécanismes. On constate ainsi un « déplacement des normes, des cadres les plus extérieurs vers des mécanismes plus intimes. (…)Quand hommes et femmes se mettent totalement nus comme dans les camps naturistes, les émotions sexuelles sont rigoureusement autocontraintes

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