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Au XX ° siècle, l'homme et son rapport au monde

Fiche : Au XX ° siècle, l'homme et son rapport au monde. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Mai 2013  •  Fiche  •  1 245 Mots (5 Pages)  •  1 041 Vues

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Objet d’étude : Au XX° siècle, l’homme et son rapport au monde

Texte 1

PREAMBULE

Pourquoi je réunis quelques anecdotes et souvenirs de ma vie ? Suis-je donc arrivé au port ? Ma vie active est-elle finie ? Je ne le pense pas, car la guerre, en brisant tous mes efforts, a profondément entamé les quelques sous que j’avais mis de côté pour mes vieux jours. Aussi me faudra-t-il reprendre le harnais1. Je mets donc à profit les loisirs forcés que le déchaînement des événements me laisse pour me raconter un peu. Ma vie offre-t-elle un intérêt qui vaille la peine de la fixer sur le papier ? Les modestes fonctions publiques que j’ai remplies et les faits dont j’ai été témoin ou acteur ne sont pas suffisamment saillants pour retenir l’attention du lecteur.

Aussi n’est-ce pas pour le public que j’écris mais pour mes enfants, pour mes neveux et mes nièces, pour quelques rares amis qui, ne me connaissant que très superficiellement, ont peut être une vision fausse ou par trop incomplète de moi.

Je pense aussi qu’il n’y a pas que les grands événements qui méritent de passer à la postérité car, s’il en était ainsi, seuls les grands de la terre, ceux qui tiennent en main les leviers de commande mettant les peuples en mouvement, seraient qualifiés pour laisser des mémoires dignes des historiens de demain.

Tous les faits, même les plus modestes, offrent un intérêt ; et ceux qui me touchent, moi ou les miens, ont leur répercussion sur la destinée familiale. Je souhaite donc que mes arrière- petits enfants trouvent un jour ces lignes et qu’ils les lisent avec la curiosité sympathique et l’émotion avec lesquelles j’aurais accueilli moi-même le journal de la vie d’un de mes aïeux.

R.S. 2

Megève, en résidence « conseillée »3, septembre 1942

Robert Servan-Schreiber, Journal (publié en 2009)

1. Reprendre le harnais : se remettre à quelque chose

2. L’original de ce manuscrit est signé Robert Schreiber. Ce n’est qu’en 1953, que ce patronyme fut modifié en

Servan-Schreiber.

3. En mai 1941, Robert Schreiber fut invité par le préfet du Gard à quitter le département, il s’installe donc à

Megève, chez son frère.

Texte 2

Robert Servan-Schreiber doit organiser dans la commune de Montfrin (Gard) dont il est maire, l’accueil des réfugiés qui fuient l’avancée des armées allemandes. Il raconte cet épisode dans son journal.

Mon frère Emile était donc resté à Paris ; après avoir quitté la Censure1, il avait été affecté au cabinet du ministère des Colonies ; mais peu de temps avant l’armistice, il avait été reversé à son régiment d’artillerie. Sa femme et ses enfants ainsi que notre mère, malade et âgée de 85 ans, s’étaient retirés d’abord dans la villa que mon frère possédait à Veulettes, en Seine- Inférieure, puis à Rennes. Bientôt, d’ailleurs, tous se réfugièrent à Capbreton, près d’Hossegor, où mon frère Georges, qui était médecin chef d’un hôpital, possédait une villa et avait envoyé sa famille.

Pendant ce temps, ma femme avait ordonné le transfert à Montfrin des services du Centre national d’Informations sociales. Elle s’y rendit elle aussi avec nos deux filles. Moi-même, depuis le 10 mai, j’avais abandonné complètement nos affaires pour me consacrer à ma mairie. Bientôt de graves problèmes réclamaient des solutions urgentes. C’est ainsi que je dus recevoir à Montfrin presque un millier de réfugiés belges et les répartir parmi les habitants. J’en logeai plus d’une centaine au château, en plus des quatre-vingts enfants que j’avais déjà depuis dix mois. Mais des problèmes plus angoissants encore allaient se poser. De tous les coins de France nous arrivaient des télégrammes annonçant l’arrivée prochaine à Montfrin d’enfants évacués des autres centres, au fur et à mesure que les Allemands pénétraient davantage dans le pays. Il fallait à tout prix éviter cette catastrophe d’une trop grande concentration d’enfants à Montfrin, déjà surpeuplé, et où je manquais de tout, surtout de lait pour

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