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Les tournois en Occident médiéval

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Par   •  2 Novembre 2020  •  Fiche de lecture  •  1 714 Mots (7 Pages)  •  391 Vues

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Les tournois en Occident médiéval

I) Des origines à leur interdiction, le tournoi, un développement stratégique

1. Naissance et développement dans des zones frontalières où se trouvent les racines guerrières de l’aristocratie franque

Les tournois prennent leur essor vers 1125, dans le nord du Royaume de France, et nulle part ailleurs en Europe. Apparus au tournant des XIè et XIIè en Touraine, Flandre et Champagne, ils connaissent un succès croissant à partir des 1120-1140’s ds un large espace septentrional, du Nord de la Bourgogne à la Flandre et la Bretagne, zone de confins, à la charnière de plusieurs principautés, de manière aussi à attirer plus de combattants.

Lorsque Richard Cœur de Lion autorise le tournoi en 1194 en Angleterre, c’est effectivement en justifiant qu’il doit prendre place en zone frontalière.

Le texte sur Guillaume le Maréchal témoigne bien de la présence d’un tournoi à Pleurs, dans le département actuel de la Marne, c’est à dire dans la partie Nord-Est du Royaume de France, tout comme Saint-Trond, comme le relate Jean Renart, ville située au centre des premières terres mérovingiennes.

Ces deux localités se situent donc non seulement dans le quart Nord-Est du Royaume, mais aussi dans des régions frontalières avec l’Empire germanique. Effectivement, le tournoi, comme une bataille, est un temps fort des relations entre nobles de provinces voisines : c’est pourquoi ils se déroulent dans des régions de marche, aux limites des pagi ou principautés, à l’instar des colloques de paix ou certains hommages, et dans les intervalles entre les châteaux de la ligne-frontière.

2. « détestables foires » : les tournois, lieu d’échanges et de fête

Les évêques français réunis en 1130 qualifient les tournois de « détestables foires » : effectivement les tournois représentent une nouvelle forme d’échange : des marchands venus de divers horizons (ce que permet la proximité frontalière) vendent armes, chevaux, équipement. Le profit est réalisé non seulement grâce aux princes et aux nobles, mais aussi grâce aux échanges entre chevaliers, comme en témoignent le texte rapporté par Georges Duby et celui écrit par Jean Renart.

Le tournoi est ainsi une véritable foire, mais au-delà de cet aspect commercial, un air de fête y règne. La joie caractérise en effet ces évènements, en tant qu’ils sont des batailles ludiques dont le but est la capture de l’adversaire, de ses armes et de ses chevaux pour le rançonner, suivies de banquets avec « les nappes mises, de bons vins, des plats préparés au goût de chacun ».

3. Le tournoi, un exutoire de violence, soumis à la répression des pouvoirs temporels et spirituels

Le tournoi dès le XIIè siècle est véritablement une forme codifiée et ludique de la guerre, à laquelle il ressemble, comme en témoigne le contexte dans lequel se déroulent les combats auxquels ont pris part Guillaume de Dole et Guillaume le Maréchal.

Il apparaît au moment précis où la guerre se trouve largement limitée et de plus en plus exclue des zones de paix ecclésiastique et princière, en conséquence des mouvements de la Paix et de la Trêve de Dieu, épiscopaux au départ, puis relayés par l’ordre clunisien, avant que les pouvoirs princiers ne s’attribuent le rôle de leur diffusion dans le Nord du royaume, région des tournois. Les princes peuvent donc y voir un exutoire, si ce n’est de violence, du moins d’ « exercice » (selon une possible signification germanique du terme « tournoi »).

Il y a donc complémentarité avec la législation de paix.

Galbert de Bruges note les progrès de la « voie de justice » en Flandres, pour le règlement de conflit, mais fait un mérite au comte Charles le bon (1119-1127) d’avoir pris la tête de la noblesse du comté en l’emmenant à des tournois, et en1172, Baudoin V, comte du Hainaut, amène l’aristocratie hennuyère à la saison des tournois en Bourgogne et Champagne, alors que les guerres privées sont sévèrement réprimées.

II) La guerre chevaleresque, essence de l’identité aristocratique : la place du tournoi

- persistance des tournois malgré les interdictions : la guerre, marque d’éminence

Toutefois, même si les autorités, laïques comme ecclésiastiques, essayent d’interdire l’organisation des tournois, ceux-ci n’en tiennent que peu rigueur.

Sans doute les premières tentatives du pouvoir princier pour limiter l’exercice des guerres seigneuriales en Flandres ont-elles involontairement contribué au succès des tournois.

Effectivement, le culte de la guerre reste primordial, et la violence, même si régulée avec par exemple la délimitation des plaines et l’ « entraide » entre chevaliers et la primauté de l’honneur à préserver et bâtir, reste au coeur de la vie chevaleresque, comme le montrent les deux textes, et les blessures infligées.

Ce culte de la guerre ressort avec clarté de l’iconographie des sceaux aristocratiques : expression de la conscience de soi : sceau de guillaume de Normandie en1069 : figure de chevalier au galop, armé d’une lance à gonfanon, signe de sa fonction de commandement. Les 1ers sceaux seigneuriaux les imitent, mais à partir du milieu du XIIè, une nouvelle figure représentant le chevalier au combat, l’épée dégainée, tend à l’emporter.

En 1260, puis de nouveau en 1280 (Philippe III), l’autorité royale cherche à les proscrire, mais en vain, le roi lui-même décidera de supprimer cette interdiction, et ces rencontres, où la fougue primitive est quelque peu canalisée, demeurent libres d’organisation dans l’Empire.

Ainsi, même si les tournois sont réprimées, la guerre chevaleresque et les tournois définissent bien l’essence de l’identité aristocratique.

- servir l’idéal noble :

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