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LE VOYAGE

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Par   •  23 Décembre 2022  •  Dissertation  •  1 942 Mots (8 Pages)  •  426 Vues

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CULTURE GENERALE ET EXPRESSION – BTS –

L’ECRITURE PERSONNELLE

LE VOYAGE

SUJET 

Selon monsieur M. BOUDHIBA, Professeur de sociologie à l’université de Tunis, « le tourisme, une rencontre manquée ? », Reproduit du Courrier de l’UNESCO, févier,1981.

: « (…) le touriste est un homme qui passe et qui ne voit rien ». Qu’en pensez-vous ?

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De plus en plus, on assiste à un tourisme de masse généralement organisé par des agences de pays riches vers les pays du Tiers monde. A ce sujet, peut-on affirmer, comme monsieur BOUDHIBA, professeur de sociologie à l’université de Tunis, dans « Le choc de sociétés inégales »  que  « le touriste est un homme qui passe et qui ne voit rien » ?

L’examen de cette problématique concerne d’abord une forme de tourisme qui porte sur l’attrait des sites supposés incontournables lors des voyages ; toutefois, la remise en cause de ses conséquences permet  d’envisager les conditions d’une véritable rencontre entre les voyageurs occidentaux et les populations locales.

En effet, le tourisme de masse proposé par les agences de voyage est source de satisfaction des besoins longtemps réprimés ou seulement esthétiques : l’envie de « voir du pays ». Tout est alors mis en place : promotions, facilités de paiement, actions des comités d’entreprise, organisation des visites et d’hébergement… L’invitation, mieux, l’incitation à l’exotisme et au dépaysement – au sens trivial du terme - est renforcée quant aux devises assurément au – dessus du niveau de vie locale.

Il convient d’observer tout de suite que le titre de l’article de monsieur BOUDHIBA « Le tourisme, une rencontre manquée ? », Le Courrier de l’Unesco, 1981, doit interpeller le lecteur avisé afin qu’il relève les faits sociaux évoqués et les conséquences abordées. Ainsi, le sociologue note que l’envie légitime du touriste occidental de se défouler et de vivre en fonction de ses habitudes  ne s’accorde pas d’emblée avec le climat d’austérité et le contexte de pénurie propres à une  société traditionnelle, fortement habitée par ses coutumes, appelée, reconnaît-il, à se moderniser par la dynamique même de l’évolution historique des sociétés.

Le paradoxe, ici, est éminemment la nécessité du tourisme pour le développement économique de la Tunisie d’une part et de l’autre, l’indispensable respect du mode de vie dominant par le touriste. Or, c’est là que commencent les difficultés : le touriste introduit un comportement de société de gaspillage d’après monsieur BOUDHIBA qui signale  les dérives possibles de la société de consommation dont il faut d’ailleurs rappeler la définition : « … société d’un pays industriel avancé où l’économie, pour fonctionner,  s’efforce de créer sans cesse de nouveaux besoins et où les jouissances de la consommation sont érigées en impératif au détriment de toute exigence humaine d’un autre ordre », Le petit Larousse. Il part d’une enquête sur la délinquance juvénile et fait remarquer que « le tourisme et la tentation perpétuelle qu’il représente (est) un facteur notable de l’inconduite (des) jeunes délinquants. Il déplore aussi la dépravation des mœurs et conclut que le touriste vient simplement confirmer ses préjugés, « retrouver ses propres habitudes de confort … jusqu’aux fausses images qu’il transporte avec lui sur le pays qu’il visite. »

Nous sommes en présence ici de ce cas typique déjà évoqué par MONTAIGNE dans L’art de voyager, ESSAIS, Livre III, Chapitre 9, De la vanité. Ce qu’il disait du voyageur d’antan français qu’il opposait à l’honnête homme, il le confirmerait du touriste d’aujourd’hui dans les mêmes termes. Que veut-il dire alors dans L’art de voyager ?

Aller vers l’autre, oui mais, est-ce aller « voir du pays ? ». Et si monsieur BOUDHIBA, se trompait non pas dans les faits sociaux, des constats aux conséquences qu’il a bien étudiés, mais  dans le titre même de son article, révélateur de son attente, et celles du pays hôte ? En fait, le touriste est en accord avec le sens du mot touriste, qui veut dire quelqu’un qui voyage, qui visite un lieu  pour son plaisir, son agrément. De ce fait, il semble normal qu’il en soit ainsi : au sens strict, visiter un lieu ne signifie pas mettre les autochtones au centre des préoccupations anthropologiques (1)  du visiteur, si tant est qu’il en ait. D’ailleurs, le sociologue, déçu, le reconnait dans ces termes : « Le touriste, au fond, est venu pour le pays, il n’est pas venu pour les hommes ». A quelques exceptions près, cela ne nous étonne pas. La vraie question maintenant est de savoir comment rendre possible la rencontre de personnes de cultures et de civilisations différentes ; comment permettre le dialogue des cultures.

Nous tenons à rendre hommage à MONTAIGNE, qui a répondu à sa manière à cette problématique, dans ce document De la vanité, qui vaut un cours d’humanisme car humaniste, il l’était. Cet extrait montre comment combattre ces préjugés : faire soi-même le pas vers les autres, comme il l’a fait, pour constater ce qu’il dira : «…Et qui plus est, il me semble que je n’ai rencontré guère de manières qui ne vaillent les nôtres ». CLAUDE LEVI-STRAUSS l’a fait aussi et a conclu au relativisme culturel.  Enfin, comment ne pas rappeler les enseignements de Jacques LACARRIERE, Pour devenir un hôte véritable. L’été grec, Plon, 1976 ? Ce dernier insiste sur  l’attitude, le comportement du visiteur « à l’égard du nouveau milieu et de ses habitudes », « attitude qui doit faire de vous un hôte à la fois invisible et présent : invisible parce que vous devez oublier vos propres habitudes, vous fondre autant que possible dans le nouveau milieu, présent parce qu’au fond ce qu’on attend de vous n’est pas que vous deveniez brusquement crétois pour un seul soir, mais d’être et de rester un visiteur français chez les Crétois, avec tout ce que vous pouvez apporter, fournir  à votre tour d’insolite  ou simplement de méconnu ».

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