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L'historien face au silence des sources informationelles

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Par   •  6 Février 2022  •  Dissertation  •  1 800 Mots (8 Pages)  •  247 Vues

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SILVESTRIN Nina, TD G7

L’historien face au silence des sources

        

Le 17 octobre 1961, de nombreux manifestants algériens sont tués par la police française au cours de violents affrontements. Jetés dans la Seine, passés à tabac ou tués par balles, le nombre final de morts s’élève à 120 personnes. Après ce massacre, l’affaire est passée sous silence, si bien que les sources quant à cet événement demeurent extrêmement limitées. Cet fait historique nous pousse à nous intéresser aux manières adoptées par les historiens face à l’absence partielle ou totale d’informations, ainsi qu’aux différents moyens employés afin de « faire parler » les sources.

Les historiens, qui sont des personnes étudiant les faits humains et sociaux dans le passé tout en utilisant une méthode historique bien précise, se basent sur des sources afin d’étayer leurs propos. Ces dernières se définissent comme étant l’ensemble des traces du passé, étant de ce fait utilisées par les historiens dans leurs études, et peuvent prendre des formes différentes, à l’instar des sources écrites, matérielles ou orales. Au demeurant, ces sources peuvent être considérées comme silencieuses par les historiens qui les confrontent. Ceci peut être due au fait qu’elles soient manquantes, telles que celles du 17 octobre 1961, ou encore au fait que la question posée à ces sources par l’historien ne permet pas un bon dialogue avec les informations contenues dans ces dernières. Le silence désigne alors l’omission d’informations non traitées par l’historien, mais aussi l’absence pure et dure de sources.

Dès lors, comment une source peut-elle constituer un défi pour l’historien, qui doit apprendre à composer avec elles malgré le silence apparent qu’elles laissent percevoir ? Certes, les sources sont définies par de nombreux facteurs contribuant à leur silence. De plus, les sources sont quelques fois soumises au silence, et ce malgré des tentatives de remise en exergue. Néanmoins, ce silence peut s’expliquer par la diversité des sources oubliées, souvent dites « auxiliaires ».

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I/ Pour commencer, les sources se définissent par des facteurs qui contribuent chacun à les passer sous silence.

  1. Les sources peuvent être détruites, privant ainsi l’accès à la connaissance de plusieurs informations importantes et à leur analyse pour certaines périodes de l’Histoire.

Exemple : Le soir du 6 juin 1944, les Archives départementales de la Manche ont été totalement détruites lors d’un des combats de la Libération, qui est l’un des groupe d’acteurs français ayant participé à la Seconde Guerre Mondiale. Face à ces destructions massives, les historiens demeurent impuissants et sont alors confrontés au silence provoqué par l’absence de sources.

  1. L’accès à certaines sources peut être interdit par les gouvernements de divers pays, qui perçoivent leurs sources comme détentrices d’informations sensibles.

Exemple : Dès 1938, l’état du Vatican ferme l’accès à ses archives, dorénavant inaccessibles aux historiens. De plus, en prenant pour argument la « sûreté de l’Etat », la France adopte elle aussi la tradition de fermer ses archives sur de nombreux sujets, à l’instar des archives relatives à la période de Vichy, à la guerre d’Algérie ou encore sur le rôle de la France lors du génocide au Rwanda. A cet égard, l’historienne Sonia Combe dénonce l’accès difficile aux archives d’un nombre important d’événements dans son ouvrage Archives Interdites, paru en 2001.

  1. Le silence des sources s’explique par le fait qu’elles sont susceptibles d’être manipulées et modifiées à tout moment.

Exemple : Dans le monde actuel, la majorité des informations parvenant à la population sont contrôlées et manipulées par différents acteurs tels que les médias ou certains gouvernements. De ce fait, dans le cadre d’une dictature, de nombreuses sources iconographiques peuvent faire l’objet d’un but de propagande, à l’instar du film La chute de Berlin réalisé par Mikhaïl Tchiaoureli en 1949. Dans celui-ci, le dictateur de l’URSS Joseph Staline est représenté comme un grand héros sauvant le peuple russe.

Transition : Les sources sont ainsi fortement contrôlées, ralentissant ou empêchant les historiens de les traiter et d’en tirer des connaissances. Cependant, outre les problèmes liés au contrôle exacerbé de certains sujets par plusieurs acteurs, les historiens sont-ils confrontés à d’autres difficultés afin d’accéder aux sources ?

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II/ De surcroit, le silence peut soumettre les sources, et ceci malgré de nombreuses tentatives de remise en avant.

  1. Certaines sources sont inaccessibles à cause du silence volontaire qui leur ont été imposé.

Exemple :  A l’époque de la Rome antique, le principe de Damnatio Memoriae (soit, la damnation de la mémoire) est fréquemment utilisé envers certains empereurs ou personnalités romaines importantes. Ce faisant, l’empereur romain Geta subit cette condamnation, décrite par Dion Cassius dans Histoire Romaine, qui est une série de livres rédigés au cours du Ier siècle avant notre ère. Cette sentence entraîne la suppression des documents écrits mentionnant l’empereur, la suppression de son profil sur les pièces de monnaies, ou encore l’effacement de son nom sur les places publiques.

  1. Le silence des sources provient du manque de ressources quantitatives, et des éléments insuffisants donnés par beaucoup d’entre elles.

 Exemple : En 1998 parait le livre reconnu d’Alain Corbin, intitulé Le Monde retrouvé de Louis-François Pinagot. Dans cet ouvrage, l’historien cherche à faire l’histoire d’un homme ordinaire du XIXème siècle, dont le nom est seulement inscrit dans l’état civil français. Outre quelques documents écrits, les sources concernant le sabotier français sont rares : peu de traces ont été gardées de lui. Dès lors, face aux silences des sources sur Louis-François Pinagot, Alain Corbin émet des hypothèses et réalise l’histoire générale des éléments liés à lui : l’historien va s’intéresser à l’histoire des sabotiers au XIXème siècle, à la politique du siècle en général avec la mise en place du suffrage universel…

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