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La poésie française au Moyen Âge

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Par   •  19 Novembre 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  3 052 Mots (13 Pages)  •  247 Vues

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HISTOIRE LITTERAIRE

LA POESIE FRANÇAISE AU MOYEN ÂGE

Naissance et Formes

Le XIIe siècle voit l’essor de la première poésie occidentale en langue vulgaire. Les troubadours, en langue d’oc et les trouvères, en en langue d’oïl, c’est-à-dire en ancien français, créent un mode d’expression lyrique raffiné, correspondant à l’élaboration de la théorie de la fin’amor, autrement dit de l’amour courtois. On assiste au développement d’un grand nombre de « genres » poétiques, à la forme plus ou moins fixe. Alors que la chanson de geste et le roman s’épanouissent avant tout en terre d’oïl (moitié Nord de la France où la langue parlée est l’ « ancien français »), la poésie lyrique naît d’abord en terre d’oc (moitié sud de la France, où l’on parle occitan, langue restée proche du latin)) à l’extrême fin du XIe siècle.

Dans le courant du XIVe siècle, la poésie tend à se séparer de la musique, sous l’influence, en particulier, de Guillaume de Machaut, tout en privilégiant des genres nouveaux : le rondeau et, surtout, la ballade. Le premier atteint son apogée avec Charles d’Orléans, cependant que la ballade est pratiquée par tous les grands poètes des XIVe et XVe siècles. Le XVe siècle s’achève sur l’apogée de la virtuosité formelle, où les « Grands Rhétoriqueurs » exploitent toutes les ressources, tant lexicales que syntaxiques, de la langue française, le thème du poème ne fournissant alors qu’un prétexte à l’ouvrier du vers pour montrer sa maîtrise.

La societe de Cour

Deux lieux caractérisent la société médiévale : la cour et la ville. La cour, centre du pouvoir seigneurial, est le lieu où s’épanouit la littérature qui exalte l’idéal courtois (romans, poésie lyrique). L’adjectif « courtois » apparaît au XIe siècle et définit alors un idéal qui marque durablement la société occidentale, tant dans son mode de vie que dans ses manifestations artistiques et littéraires. L’Etat n’étant pas encore centralisé autour d’un monarque absolu, comme cela sera le cas au XVIIe siècle, il y a autant de cours que de seigneurs, et elles rivalisent de prestige et de magnificence. Quatre groupes la constituent : chevaliers, clercs, femmes, et jeunes. Les chevaliers se distinguent d’abord par leur habileté aux armes et leur vaillance, mais leur rudesse se transforme au contact des dames, désormais spectatrices de leurs exploits lors des tournois (le premier a lieu en 1095). Si les chevaliers ne fréquentent pas les écoles, réservées aux clercs, ces savants exercent néanmoins sur eux une influence décisive en écrivant des œuvres romanesques qui leur offrent des modèles de comportement. Les cours assurent la formation des jeunes nobles : le vassal envoie son fils à la cour de son suzerain afin qu’il y apprenne le maniement des armes, mais aussi des rudiments de culture et le savoir-vivre. Ainsi Pierre de Blois (1135-1200) écrit-il dans sa correspondance : « Chez mon maître le roi d’Angleterre [Henri II Plantagenêt], la fréquentation constante des hommes les plus cultivés et la discussion de problèmes philosophiques lui serviront de leçon quotidienne ». C’est en effet autour de ce puissant roi d’Europe, attirant dans son orbite chroniqueurs, théologiens, romanciers, et troubadours, que se développent le mythe arthurien et la littérature chevaleresque de la Table Ronde.

Le poète musicien

Les troubadours appartiennent pour la plupart à la classe des chevaliers. S’ils n’oublient pas la guerre, c’est avant tout l’amour qu’ils chantent et innovent à la fois au plan thématique (introduction de la fin’amor) et de la forme poétique (la canso). En outre, leur poésie est lyrique au sens propre du terme, c’est-à-dire accompagnée de musique. Le trobar, art du trouver, c’est-à-dire art de découvert, concerne le texte poétique et sa musique ; il faut trouver les mots et le son. Parfois ils sont leurs propres interprètes, mais plus souvent ils ont un jongleur attitré.

La littérature française a d’abord connu une diffusion orale – peu de gens en effet savaient lire, y compris dans l’élite chevaleresque. Les jongleurs ont donc joué un rôle fondamental aux XIIe et XIIIe siècles pour faire connaître à un large public les textes écrits en français. Le jongleur est l’héritier du mime latin. « Jongleur » est issu du latin joculator (« rieur », « plaisantin ») lui-même dérivé du substantif jocus (« plaisanterie »). Les talents des jongleurs sont multiples : musiciens, acteurs, saltimbanques, avaleurs de feu, mais leur répertoire s’enrichit et s’anoblit avec le développement de la littérature qu’ils se chargent de réciter sur la place publique, lors des foires et des fêtes, ou dans les châteaux, pour le public aristocratique des seigneurs et des dames.

La poésie courtoise

Au moment où la chanson de geste (littérature épique qui exalte les prouesses militaires) se développe en pays d’oïl, à la fin du XIe siècle, la terre d’oc voit apparaître les premiers poèmes qui chantent la fin’amor c’est-à-dire amour (féminin) parfaite et délicate. Les thèmes et les formes poétiques inventés par les troubadours constituent une nouveauté radicale qui va exercer une influence durable et internationale sur la poésie lyrique (Dante et Pétrarque).

1. L’amour courtois reprend la structure fondamentale du système féodal. La dame devient le « suzerain » de celui qui l’aime, qui est son « vassal », placé en position d’infériorité, entièrement soumis à ses exigences, et ce quel que soit son rang social.

2. L’amour est source de prouesses, puisque l’amant doit mériter les faveurs de sa Dame (du latin domina, la maîtresse, détentrice de l’autorité). Chez Chrétien de Troyes, Lancelot se distingue aux yeux de Guenièvre en accomplissant des exploits supérieurs. Pour le poète, la Dame est inspiratrice de la virtuosité littéraire.

3. Contrainte, distance et désir : l’amour ne peut être raffiné que parce que le désir ne peut être assouvi, en raison de la distance (physique, temporelle, sociale) qui sépare l’amant de sa Dame. Aussi se nourrit-il d’obstacles, interdits, et prend-il en toute logique la forme de l’adultère : comme l’époux a des droits sur sa femme, considérée comme sa propriété, il ne saurait l’aimer comme un amant parfait, l’amour étant alors consommé à volonté… Le poème s’inscrit dès lors souvent dans le présent de l’attente, où le poète s’adonne à la rêverie amoureuse qui conjugue à la fois souvenirs luisant d’intensité, et espoirs ardents. C’est à ce prix que le sentiment qui a germé croît, se prolonge et se sublime !

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