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Etude littéraire « L’année de Tombouctou », Léon l’Africain d’Amin Maalouf

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Par   •  5 Novembre 2019  •  Commentaire de texte  •  2 641 Mots (11 Pages)  •  614 Vues

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Etude littéraire sur « L’année de Tombouctou » :

Introduction :

Dans ce chapitre où tout est mouvement, où tout est progression, l’initiation devient le leitmotiv. Si les portes de Tombouctou s’ouvrent joyeusement devant Hassan, au retour elle se renferme sur Ab Mar, la fin de l’un est le signe de l’émergence de l’autre, la mort de l’un est la naissance de l’autre

Pour progresser   Hassan a besoin d’une instance initiatrice qui établit un rapport entre l’initiateur et l’initié soit d’ordre biologique comme celui du jeune grenadin et son oncle ou d’ordre affectif comme celui de Hiba. De ce point de vue la présence de la Femme dans ce chapitre est importante

Les déplacements effectués par Hassan lui permettent d’échafauder des liens qui jouent un rôle éminent dans son initiation.

Le voyage à la terre de Tombouctou constitue une initiation, voire une quête, cette envie d’apprendre passe à travers un long processus d’individualisation. Un processus qui ne pouvait avoir lieu sans un voyage initiatique qui implique une acquisition d’un savoir et théorique et pratique dans plusieurs domaines dont le diplomatique, le social mais aussi une découverte de soi. C’est le passage de la zone du confort à la zone d’effort là où il y a la progression, la remise en question et de défis. D’où la légitimité de s’interroger :

Comment la concomitance du voyage avec un âge transitoire, participe au processus d’individualisation de Hassan Elwazzan ?

A : Un voyage initiatique :

1 : Une transmission de l’habilité narrative :

« […] celui de les pousser à transmettre leur témoignage et leur sagesse à une mémoire plus jeune, moins menacée, […] »

Par le billet d’une synecdoque « à une mémoire plus jeune », on assiste à la transmission du vécu d’Abou Marwan à son neveu. C’est un chapitre qui s’inscrit dans la suite de la formation de Hassan. En effet, afin de pouvoir narrer des événements, il faut les avoir vécus. Ainsi, on assiste d’abord à une sorte de partie théorique où l’oncle lui injecte un certain savoir par la parole ; Un discours auquel Hassan prêtait une grande attention, cela est confirmé par une inférence : « […] son récit, que seuls interrompaient parfois les jappements d’un chacal trop proche. ».  Ensuite, il passera à une sorte de partie pratique lors de sa première petite ambassade vers le seigneur de Ouarzazate.

2 : Une première prise de responsabilité :

Chargé d’accomplir un geste diplomatique qu’on dissèquera par la suite dans le deuxième axe, Hassan va apprendre à saisir la polysémie du langage diplomatique. En effet, après son retour de la mission, son oncle, lui explicitera des détails auxquels il n’a pu faire attention. C’est une sorte d’évaluation de son exercice pratique. Hassan, après avoir présenté son compte rendu à son maitre, il assiste à une séance d’évaluation. C’est mission où il sort de l’ombre de son oncle pour acquérir de façon autonome un savoir-faire sur le terrain et pas par la simple réception d’informations orales comme c’était le cas avant. Cette mission va lui permettre d’interagir et d’apprendre non seulement en appliquant les prescriptions de son oncle mais aussi en remettant en question l’ensemble de la mission dès son retour au caravane.  

3 : Une première expérience sexuelle :

Ce voyage a permis au jeune de 17 ans de vivre sa première expérience sexuelle. Une relation sous l’influence d’un esclavage toléré à cette période de l’histoire. Là j’aimerai m’arrêter sur un passage qui symbolise cette hiérarchie sociale :

« Nous traversâmes un couloir jusqu’à une porte basse qui nous mena vers une petite cour. Au milieu, un cheval, beau mais petit, monté par une superbe cavalière brune au visage découvert. »

Ce passage du monde des libres à celui des esclaves est caractérisé par un mouvement descendant. Or, la chaleur s’accentue à la mesure qu’on descend au fond de la terre.  En d’autre termes, c’est une descente aux enfers, cette impression est renforcée par des adjectifs réducteurs comme « basse, petite ». Mais aussi, l’acte de traverser une porte, c’est-à-dire une entré à un autre espace. La porte est la barrière qui sépare deux univers différents. Au milieu de cet espace attendait Hiba.  Elle est donc placée au fond de cet enfer. L’indication de son visage découvert n’est évidemment pas anodine. Puisque seules les esclaves peuvent se monter le visage découvert, il est donc question d’une inférence, qui stipule qu’il s’agit d’une esclave. En effet c’est justement ce qui va être annoncé directement après cette indication, je cite : « Cette jeune esclave est le cadeau du seigneur pour ton poème. ». Cela nous rappelle le dilemme que vivait la Femme à cette période. Un dilemme qu’on a rencontré dès le premier chapitre du roman avec ce fameux chiasme : « Pour nous, femmes de Grenade, la liberté est un esclavage sournois, l’esclavage est une subtile liberté. ».

Lors de ce premier contact de Hassan avec le deuxième sexe, la vision du protagoniste envers Hiba va évoluer progressivement. Considérée d’abord comme « son jouet » forcément à cause de son statut social, elle va devenir son amante, après avoir couché ensemble, cette impression est renforcée par la réplique de Hassan : « Nous ne quitterons jamais ! ». De là tout l’effet de la séduction de Hiba. 

Dans cette même perspective, il est logique de se retrouver face à tout un lexique érotique et séducteur. En effet, on remarque un écart expérimental dans la matière entre Hassan et Hiba. Cette dernière malgré son âge, maitrise bien l’art de la séduction. Cela se manifeste dans sa question rhétorique après laquelle elle commence sa danse séductrice sans attendre la réponse du jeune de 17 ans, en fait c’est ce qu’on appelle « la notion du moment » dans le langage libertin.  On retrouve alors une référence au corps féminin : « ses mains, ses cheveux, ses écharpes, ses hanches, … ». Mais aussi des euphémismes qui viennent assurer une certaine bienséance, comme : « Ma main glissa à nouveau le long de sa peau pour ranimer les souvenirs de la nuit ».

Transition :

 Cette expérience amoureuse ne pouvait avoir lieu sans le voyage. Surtout qu’elle vient lors d’une période importante, à 17 ans le jeune grenadin quitte la phase d’adolescence pour devenir un adulte. Ce passage n’est pas forcement lié à l’âge mais à l’acquisition d’un savoir-faire. Or, c’est le voyage et ses répercussions qui feront de lui un adulte. En apprenant de ses erreurs mais aussi de celles de son oncle, il parvient à construire sa propre personnalité. Mais pour parvenir à son but, il lui a fallu passer par l’apprentissage des modalités d’ordre diplomatiques.

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