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Comment Rimbaud réalise-t-il son idéal poétique à travers "ma Bohème" ?

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Par   •  20 Juin 2019  •  Commentaire de texte  •  1 598 Mots (7 Pages)  •  597 Vues

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« La vraie liberté, c'est pouvoir toute chose sur soi » affirma Michel de Montaigne, philosophe et moraliste de la Renaissance, dans son livre Essais de 1580. On retrouve cette philosophie dans le poème « La Bohème » d'Arthur Rimbaud, publié en 1889, par le biais de son principe poétique : l'illumination par le dérèglement de tous les sens. Arthur Rimbaud, poète anticonformiste du XIXe siècle, fait partie des « Poètes Maudits », groupe de poètes monté par Verlaine, grand ami d'Arthur Rimbaud. Le terme « Maudit » désigne soit le fait d’être mal-aimé, soit de dire soi-même du mal. Le principe poétique de Rimbaud consiste à atteindre une sorte de perfection dans la liberté en déréglant sa vision du Monde, sa logique, ses évidences, ses idéologies. Nous allons étudier l'interprétation de l’idéal poétique de Rimbaud à travers son poème « Ma bohème ». Pour cela, nous décomposerons l'étude en deux parties : "l'illumination" puis "le dérèglement des sens", selon Rimbaud.

Tout d’abord, le mot « bohème » désigne une façon de vivre au jour le jour dans la pauvreté, mais aussi dans l'insouciance. On retrouve le thème de l’errance du poète dès le premier quatrain avec la répétition du verbe « aller » : « Je m’en allais » (vers 1), « J’allais » (vers 3). D'autre part, la destination n’est pas mentionnée ; le poète marche sans but précis, ce qui caractérise bien l’errance du poète.

De plus, le poète utilise le temps de l'imparfait pour marquer une habitude des actions évoquées : « allais » (vers 1) ; « devenait » (vers 2) ; « j'égrenais » (vers 6). Les effets de procédés métriques, comme les enjambements et les rejets, contribuent cependant à l'irrégularité du poème, qui exprime l'errance du poète, que ce soit physiquement, mais aussi l'errance dans la poésie en général : « Je sentais / des gouttes de rosée à mon front » (vers 10-11). Les rejets et enjambements sont, pour le vers, comme la suite d'un chemin qui se poursuit.

Dans la troisième strophe, Rimbaud se compare au Petit-Poucet ; un Petit-Poucet qui ne sème pas des cailloux, mais des rimes. Il appuie cette métaphore en faisant un rejet juste avant le terme « des rimes » pour le mettre en valeur : « Petit-Poucet rêveur, j'égrenais dans ma course / Des rimes » (vers 6-7). Dans le conte de Charles Perrault, le Petit-Poucet est face à une épreuve initiatique. L'initiation a toujours le même but, passer d'un état à un autre, plus fort, plus grand ; le passage de l'enfance à l'âge adulte, le passage de l'ignorance à la connaissance au travers d'épreuves. Arthur Rimbaud se représente à travers ce personnage, car il est confronté à un passage trouble de sa vie auquel il fait souvent allusion dans ces poèmes, notamment ici, dans « Ma bohème », où il évoque ses nombreuses fugues.

Ensuite, le poète est un vagabond errant sans argent, dans la nature. Cette notion de pauvreté est montrée dès le début du poème par les termes « mes poches crevées » (vers 1). Rimbaud se décrit comme un chemineau - « assis au bord des routes » - avec des vêtements en lambeaux ; abîmés : « mon unique culotte avait un large trou » (vers 5).

Les indications de lieu sont très imprécises, voire parfois imaginaires, surnaturelles, ce qui montre d'autant plus cette notion de liberté, d'errance : « sous le ciel » (vers 3) ; « mon auberge était à la Grande-Ourse » (vers 7) ; « au bord des routes » (vers 9) ; « au milieu des ombres fantastiques » (vers 12).

Néanmoins, le poète, fugueur et révolté, marche avec détermination : « les poings dans mes poches » (vers 1). Bien que Rimbaud erre sans but précis, il ne flâne pas pour autant et paraît sûr de sa fuite.

Enfin, durant tout le poème, et donc durant son périple, Arthur Rimbaud est guidé par la poésie dont il se dit vassal : « Muse, et j'étais ton féal » (vers 3). Il entretient un rapport familier avec celle-ci ; particulièrement quand il emploie le tutoiement pour s'adresser à la Muse, qui illustre les arts libéraux, notamment la poésie : « j'étais ton féal ». Ce tutoiement n'exprime pas pour autant une relation amicale, mais plutôt celle d'un fidèle à son suzerain, la poésie.

De plus, dans la dernière strophe, le poète devient lui-même poésie, comme s'il était lui-même les vers du poème : « Où, rimant au milieu des ombres, comme des lyres, je tirais les élastiques » (vers 12-13).

Aussi, la poésie est au centre du poème, de par l'omniprésence de son champs lexical tout au long du poème : « Muse » (vers 3) ; « rime » (vers 7) ; « lyres » (vers 13) ; « pied » (vers 14) . L'errance du poète dans son périple et dans la poésie elle-même, montre une des faces de l'idéal poétique d'Arthur Rimbaud, l'illumination. Rimbaud met en place ce principe en évoquant un lien étroit entre lui et la poésie, et exprimant tout au long du poème sa liberté au sein de celle-ci et de son voyage. Le poète exprime aussi le « dérèglement de tous les sens » par la notion d'ivresse et de voyage. La vie Carpe diem, soit une vie menée au jour le jour, choisie par Arthur Rimbaud, est ainsi exprimée dans son poème « Ma bohème » pour accentuer sa philosophie poétique.

Dans le poème « Ma bohème », Arthur Rimbaud exprime la notion du « dérèglement des sens » par le biais du thème du délire lié

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