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Commentaire Littéraire sur l'acte III, scène 5 de la pièce de théâtre Ruy Blas De Victor Hugo

Dissertation : Commentaire Littéraire sur l'acte III, scène 5 de la pièce de théâtre Ruy Blas De Victor Hugo. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  1 Mars 2015  •  2 498 Mots (10 Pages)  •  6 365 Vues

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Texte à commenter : Ruy Blas, Acte III, scène 5

Don Salluste, avec un sourire glacé.

Vous êtes étonnant.

Occupons-nous d'objets sérieux, maintenant.

D'un ton bref et impérieux.

– Vous m'attendrez demain toute la matinée

Chez vous, dans la maison que je vous ai donnée.

La chose que je fais touche à l'événement.

Gardez pour nous servir les muets seulement.

Ayez dans le jardin, caché sous le feuillage,

1390 - Un carrosse attelé, tout prêt pour un voyage.

J'aurai soin des relais. Faites tout à mon gré.

– Il vous faut de l'argent, je vous en enverrai. –

Ruy Blas.

Monsieur, j'obéirai. Je consens à tout faire.

Mais jurez-moi d'abord qu'en toute cette affaire

La reine n'est pour rien.

Don Salluste, qui jouait avec un couteau d'ivoire sur la table, se retourne à demi.

De quoi vous mêlez-vous ?

Ruy Blas, chancelant et le regardant avec épouvante.

Oh ! Vous êtes un homme effrayant. Mes genoux

Tremblent... vous m'entraînez vers un gouffre invisible.

Oh ! Je sens que je suis dans une main terrible !

Vous avez des projets monstrueux. J'entrevoi

1400 - Quelque chose d'horrible... – Ayez pitié de moi !

Il faut que je vous dise, – Hélas ! Jugez vous-même !

Vous ne le saviez pas ! Cette femme, je l'aime !

Don Salluste, froidement.

Mais si. Je le savais.

Ruy Blas.

Vous le saviez !

Don Salluste.

Pardieu !

Qu'est-ce que cela fait ?

Ruy Blas, s'appuyant au mur pour ne pas tomber, et comme se parlant à lui-même.

Donc il s'est fait un jeu,

Le lâche, d'essayer sur moi cette torture !

Mais c'est que ce serait une affreuse aventure !

Il lève les yeux au ciel.

Seigneur Dieu tout-puissant ! Mon Dieu qui m'éprouvez,

Épargnez-moi, Seigneur !

Ruy Blas, Acte III, scène 5 : proposition de corrigé

Le dix-neuvième siècle voit naître un nouveau genre sous la plume de Victor Hugo : le drame romantique. Avec Hernani, puis avec Ruy Blas, ce dernier cherche à se démarquer des contraintes classiques en mettant en scène un nouveau type de héros, plus contrasté mais aussi plus représentatif de son époque : Hugo est en effet convaincu d’avoir une mission en tant que dramaturge, celle de faire du théâtre une tribune pour instruire le peuple.

Ruy Blas, le personnage central de l’œuvre éponyme, est en effet un homme du peuple, un valet qui parvient à gouverner l’Espagne et même à conquérir le cœur de la reine, mais cela sans savoir qu’il n’est que le jouet de la vengeance de son maître, Don Salluste. Ce dernier utilise en effet l’amour que Ruy Blas éprouve pour la reine afin de la perdre.

Dans l’extrait de la scène 5 de l’acte III, alors que tout semble aller pour le mieux pour Ruy Blas, puisqu’il obtient des succès politiques et se sait aimé de la reine, le retour de Salluste vient lui rappeler quel est son rôle exact.

Cet extrait est particulièrement intéressant car Ruy Blas réalise alors pleinement à qui il a affaire, ce qui met en lumière l’antagonisme profond entre les deux personnages : Salluste apparaît comme un manipulateur sadique alors que Ruy Blas resplendit de toute sa fragilité romantique.

Dans ce face à face avec Ruy Blas, Salluste apparaît comme un froid et dangereux calculateur. Déjà parce qu’il est celui qui décide des choses, c’est quelqu’un d’autoritaire comme nous l’indique l’emploi des impératifs comme « gardez » (v 1388), « ayez » (v 1389), « Faites » (v 1391 ) ou celui du futur « vous m’attendrez » (v 1385). A cela s’ajoute l’adjectif « impérieux » employé dans la première didascalie, qui souligne encore le caractère directif du personnage. De même les didascalies indiquent qu’il parle « d’un ton bref » (v 1383) ou « froidement » (v 1403) ce qui accentue la sévérité du personnage.

De plus, Salluste prend un certain plaisir à mettre en évidence le fait qu’il domine, n’hésitant pas à rappeler plus ou moins explicitement sa supériorité à Ruy Blas. Ainsi lorsqu’il demande à Ruy Blas de l’attendre « chez (lui), dans la maison qu’ (il) (lui) (a) donnée » (v 1386) il lui rappelle avec une certaine perfidie qu’il n’est pas vraiment chez lui et sous-entend qu’il lui doit quelque chose en contrepartie de la situation qu’il lui a offerte. De la même manière il signifie à Ruy Blas son entière soumission à travers l’emploi du quantitatif « tout ». Quand il lui donne l’ordre de l’ « attendr(e) […] toute la matinée » il souligne la passivité du valet qui ne doit qu’ « attendr(e) » et ce durant un temps important : il doit être à sa disposition. C’est encore plus clair dans l’expression « Faites tout à mon gré » où le rythme parfaitement équilibré signale l’opposition entre les deux personnages : les trois premières syllabes, constituées d’un impératif et de l’adverbe « tout » renvoyant à la servitude de Ruy Blas et les trois suivantes insistant sur la puissance de la volonté du maître.

Salluste ne tolère en outre aucune contestation et rejette violemment Ruy Blas lorsque ce dernier ose poser ses conditions : lorsque Ruy Blas lui demande de lui « jurer […] qu’en toute cette affaire/La reine n’est pour

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