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Le Cartel

Rapports de Stage : Le Cartel. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  10 Décembre 2012  •  6 453 Mots (26 Pages)  •  1 221 Vues

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Après la retraite de Copeau, l'oeuvre de rénovation théâtrale était encore loin d'être achevée. Les représentations du Vieux-Colombiers n'avaient convaincus q'un public assez restreint, mais le départ avait été donné. Copeau avait tout de même remis à l'honneur la dignité de la profession. Servi par une troupe homogène et enthousiaste, il avait pu imposer au public l'idée que le spectacle de théâtre forme un tout. Louis Jouvet et Charles Dullin devinrent les héritiers directs des expériences du Vieux Colombiers et, chacun à sa manière, ils surent en retenir des enseignements pratiques.

Le 6 juillet 1927, à l'initiative de Louis Jouvet, se crée le Cartel des quatre, association basée sur l'estime professionnelle et le respect réciproque, qui consacre, entre quatre directeurs de théâtre Baty qui dirige le Studio des Champs-Eysées, Dullin le théâtre de l'Atelier, Jouvet La Comédie des Champs-Elysées et Pittoef le théâtre des Mathurins, une solidarité déjà ancienne. Depuis leur jeunesse, en proie à de graves difficultés matérielles et morales, ils luttent avec désintéressement pour un théâtre sans compromission et se retrouvent dans leur volonté d'une rupture avec le mercantilisme de boulevard, l'adoption d'un jeu plus naturel, la mise en scène d'auteurs contemporains et la prééminence du texte. Les quatre hommes aspirent ainsi au même renouveau du théâtre, inspiré par le théâtre populaire de Firmin Gémier, la mise en scène moderne d'André Antoine et Constatin Stanislavski.

En réaction contre l'envahissement du théâtre commercial, et le monopole du théâtre de boulevard ces hommes de théâtre entreprennent de défendre l'art théâtrale en regroupant leurs forces, tout en poursuivant chacun de leur coté leur expérience originale. Les quatre ont en commun une foi, un certain idéal en réaction contre le mercantilisme qui sévit dans de nombreux théâtre, à une époque où les subventions de l'état sont encore inconnues.

Cette union libre ne s'embarrasse pas de formalité administratives, elle repose sur un véritable esprit d'équipe où chacun des associés conservent cependant sa pleine liberté artistique. Une déclaration de Louis Jouvet à propos de la fondation, le 6 juillet 1927, du Cartel, qui rassemble auprès de lui Charles Dullin, Gaston Baty et Georges Pitoeff. "Cette alliance fidèle et exemplaire de quatre animateurs de théâtre de l'entre-deux-guerres, devait engendrer l'extraordinaire renouveau de la scène française du XXe siècle. Quatre homme se sont rencontrés, venus de milieux différents, héritiers de traditions dramatique et ethniques fortement différenciées, mais dont les liens professionnels, la parenté spirituelles si j'ose dire, sont tels qu'en dépit même de sentiments personnels qu'ils peuvent avoir entre eux, bref, des affinités que chacun présente, ces quatre sont décidés à garder entre eux un accord total." Cela se traduira par exemple par une publicité et l'achat de matériel commun. Tous sont des artistes désintéressés, à l'écoute des auteurs, bannissant dans la typographie de leurs affiches, toute trace de vedettariat, organisant une programmation concertée, La mise en place d'une politique commune d'abonnement, de tarif, d'invitations et d'affiches : Par exemple une affiche commune sur les colonnes Moriss.), ainsi qu'une coordination des répertoires et des tournées à l'étranger. Cette solidarité professionnelle est indispensable à une époque où l'état ne subventionne que la Comédie Française et l'Opéra, et où les petits théâtres d'art son condamnés à un public réduit.

Ainsi, les quatre animateurs sentirent le besoin de se rapprocher moralement, de s'unir pour durer, de contracter en quelque sorte un pacte moral qui ne serait pas que symbolique et dont ils sauraient se prévaloir en face d'exigence de toutes sortes, professionnelles et administratives. Se soutenir, s'entraider moralement tel devait être le sens de cette union des quatre metteurs en scène; bien entendu, les quatre prônent l'indépendance artistique complète. Le théâtre du Cartel représente ainsi quatre théâtres convergent vers le même but : d'abord recréer l'unité de la troupe dans un amour commun du théâtre, ce qui implique l'oubli et le don de soi pour défendre le véritable esprit du théâtre, son mystère, sa foi. Puis, la volonté de rajeunir des vieilles conventions, avec la création de nouvelles conceptions de mises en scène, qui s'accompagne d'un répertoires de pièces sélectionnées. La finalité sera d'inculquer aux comédiens modernes le sens de la mise en scène pour finalement les prévenir contre les moeurs corrompues du théâtre.

Georges Pitoeff :

Naissance le 4 septembre 1884 à Tiflis.

En 1908, il entre dans la compagnie de Véra Komissarjevskaia à Saint Petersbourg. Il fait un passage en 1914 dans le théâtre ambulant de Gaidbourov, puis fonde "Notre Théâtre" avec laquelle il tourne à travers la Russie.

Entre 1916 et 1925, il est en activité à Genève avec la Compagnie Pitoeff, et il monte : Hedda Gabler, Les revenants, Le canards sauvage d'Ibsen, La puissance des ténèbres de Tolstoi, l'Echange de Paul Claudel, La Locandiera de Goldoni, Mlle Julie de Strindberg, Oncle Vania et La Mouette de Tchékhov. Entre 1919 et 1939 il part en tournée puis s'installe en 1924 la compagnie Georges Pitoeff à Paris, où il monte 26 pièces, entre autre : Six personnages en quête d'auteurs et Ce soir on improvise, de Pirandello, Sainte Jeanne, César et Cléopatre et la maison des coeurs brisés de Shaw, Les trois soeurs de Tchékhov, Maison de poupée et Un ennemi du pulpe d'Ibsen, Les criminels de Bruckner, La sauvage d'Anouilh, Roméo et Juliette de Shakespeare.

Indissolublement liés, le metteur en scène d'origine Géorgienne et sa partenaire et interprète Ludmilla, occupent une place à part dans la rénovation de la scène française durant l'entre-deux-guerres. Venus du Caucase par la Suisse, éternels errants, ils vont d'un théâtre à l'autre, transportant sur près de dix scènes parisiennes, un climat poétique, de grands rideaux de velours bleus, noirs ou de toiles grises dressés selon une organisation géométrique dont le dépouillement met l'accent sur le jeu des personnages et sur l'action dramatique. Georges Pitoeff tend à une extrême rigueur et recherche avant tout la pureté et l'essence de

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