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Carrière de l'artiste Van Gogh

Commentaire de texte : Carrière de l'artiste Van Gogh. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  15 Février 2015  •  Commentaire de texte  •  3 044 Mots (13 Pages)  •  745 Vues

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Né le 30 mars 1853, Vincent Wilhelm van Gogh prend le nom de son frère défunt, mort un an jour pour jour avant sa naissance. Cet incident fut largement utilisé pour expliquer le caractère marginal d'un homme, qui n'est pas parvenu à s'adapter à la société de son temps. Dès son plus jeune âge, il est victime de cette sensibilité à vif qui le caractérise, et trouve refuge auprès de son frère Théo, de quatre ans son cadet, qui le soutient toute sa vie autant moralement que financièrement comme en témoigne la correspondance qu'ils entretenaient. A la publication des lettres en 1914, on découvre un homme tourmenté, qui malgré ses efforts, est rejeté de tous : des femmes dont il tombe éperdument amoureux, aux malheureux qu'il tente désespérément d'aider. Sa décision de devenir peintre à 27 ans est le résultat de ces échecs successifs = s'il ne peut pas communiquer avec les hommes, Vincent van Gogh se résout à s'exprimer à travers la toile. Sa carrière d'artiste évolue alors dans l'indifférence générale, seul son frère Théo l'encourage à continuer = un an avant son suicide en 1890, il parvient même à vendre une de ses toiles. Van Gogh ne put cependant jamais vivre de son art contrairement aux impressionnistes qui voient alors leurs premiers succès marchands. Or, l'ampleur de sa notoriété est à ce jour incomparable à celle des impressionnistes qui n'a pas dépassé la frontière de la France. Ainsi, comment le Van Gogh incompris de son temps a-t-il été, après sa mort, constitué en véritable héros ? Nous répondrons à cette question en trois temps. Après avoir abordé les différents épisodes de sa vie, nous nous intéresserons à la construction d'une singularité propre à son œuvre. L'étude de ces deux volets nous permettra d'expliquer la sacralisation d'un homme qui a modifié le modèle de l'artiste.

Mort à 37 ans, la carrière de Van Gogh se limita à une dizaine d'années avant lesquelles il s'essaya comme négociant d'art puis comme évangéliste, deux domaines qui sont le fruit de l'héritage familial. Dans cette première partie il s'agit pour nous de comprendre la marginalisation d'un homme qui semble inadapté autant à la vie professionnelle que sociale, constat qui l'amène à se rabattre sur la peinture.

Né à Groot-Zundert, un petit village au sud de la Hollande, le « pays des tableaux » pour reprendre une de ses expressions, Van Gogh, écolier emporté, interrompt prématurément ses études dans l'année 1868. C'est alors l'entrée dans la vie active, qui se fit naturellement dans le milieu de l'art, avec lequel il communie dès ses premiers jours par l'intermédiaire de trois oncles marchands d'art. L'un deux, l'oncle Cent, le recommande dans une de ses anciennes galeries à la Haye, la galerie d'art Goupil, maison parisienne de taille internationale qui a régenté le commerce d'art et dans une certaine mesure l'histoire de la peinture officielle à la fin du XIXème siècle. A cette époque, les grands marchands prennent de l'importance, instituant un nouvel équilibre des normes esthétiques, en illustrant, suivant leurs choix, l'affrontement entre l'art indépendant et l'art officiel. Le milieu Goupil reste lui très académique, fermement opposé aux « barbouillages insensés » des impressionnistes, dont le mouvement commence à prendre forme.

Le travail de Vincent consiste essentiellement à vendre des reproductions d’œuvres d'art que le public bourgeois apprécie : des scènes de genre, des épisodes militaires... Au début, il semble assez bien réussir, il est même nommé le 13 juin 1872 à la succursale Goupil de Londres alors que son frère entre à celle de Bruxelles. Cependant, suite à une déception amoureuse, Vincent se plonge de plus en plus dans une sorte d'exaltation mystique, comme en témoignent ses maintes références bibliques dans les lettres adressées à son frère Théo. En mai 1875, la maison Goupil l'affecte définitivement à Paris, rue Chaptal, où il s'isole de plus en plus, se détachant de son travail et de la société, il tourne définitivement le dos aux charmes d'une honnête vie bourgeoise. Les peintures qu'il vend lui paraissent désormais les reflets d'un monde hypocrite qui cache ses misères et sa corruption derrière des images conventionnelles et flatteuses, sans âme. Ses supérieurs n'apprécient guère le comportement de leur employé et finissent par le solliciter à démissionner, suite à une discussion au cours de laquelle Van Gogh aurait qualifié leur commerce de « vol organisé ».

De là, Vincent part pour l'Angleterre, poussé par ce qu'il croit être sa véritable vocation : une carrière de prédicateur et de professeur, ce qui ne l'empêche pas de comparer l’Église établie à « une cuirasse, une armure d'acier de préjugés et de conventions ». Sa charge le conduit à Londres où il découvre, horrifié, les faubourgs déshérités de l'East End, la vie misérable des ouvriers d'usine... Son affliction et sa révolte lui ouvrent une voie nouvelle : celle de devenir le frère de ces malheureux et de les aider grâce à la lecture des Livres Saints. Cependant son sens du dévouement et de l'abnégation n'a aucune action bénéfique sur la population, quelque peu effrayée par ses excès de comportement. Il rentre donc chez ses parents à qui il fait part de son projet de devenir pasteur, tournant le dos aux conseil de son frère Théo qui l'engage dès lors à choisir la peinture comme antidote « Je pense que le métier de peintre ou d'artiste est beau, mais je crois que le métier de mon père est plus sacré. Je voudrais être comme lui... ». Il entreprend alors des études de théologie qu'il abandonne rapidement avant de tenter une dernière expérience, en tant qu'évangélisateur dans les régions déshéritées et minières du Borinage. Vincent met tout en œuvre pour se fondre à la population : il se débarrasse de ses vêtements qu'il remplace par des hardes solides, habite une sinistre chaumière, et se rend même à la mine. Cependant, encore une fois, son excitation nerveuse déroute ses supérieurs, et le Comité d'évangélisation finit par le désavouer, affirmant qu'il n'a pas « le don de parole ». Ce nouvel échec ruine définitivement tout espoir d'entrer dans la vie religieuse. Des mois durant il erre sans but, sans travail, sans argent, il rejette le monde avec une sorte d'apathie résignée. Jean Monneret, écrit à propos en 1990 (introduction au petit journal de l'exposition « van gogh » salon des

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