Sujet d'Invention 2019 : Brevet 2019

Sujet d’imagination :

Devenu adulte, un des enfants de la photographie de Robert Doisneau raconte, comme Albert Camus, les jeux de son enfance. Il évoque la scène représentée sur la photographie. Vous imaginerez son récit en montrant comment le jeu permet aux enfants, dans un moment de joie partagée, de transformer la réalité qui les entoure. Vous choisirez d’écrire votre récit à la première ou à la troisième personne 

Je me souviens de cette photo comme si c’était hier, l’insouciance et la joie que nous avions me procure jusqu’aujourd’hui un sentiment immense de nostalgie. Je suis l’enfant assis sur le toit de cette carcasse de voiture avec un morceau de fer dans les mains. Dans mon imagination, cette voiture roulait à toute vitesse. J’avais juste à fermer les yeux pour que cette scène, pour moi, prenne vie. J’agitais ce morceau de fer que j’avais ramassé au sol parmi les débris de droite à gauche ou inversement, avec agitation comme un volant qui dirigeait cette voiture fondue qui était source d’amusement pour l’enfant que j’étais. Je conduisais cette voiture jusqu’à la plage où nous nous amusions sans prêter attention à l’heure pas comme ma vie d’adulte me force à le faire aujourd’hui. Cette voiture était notre repère, notre échappatoire de la journée : je m’y rendais accompagné de ma bande tous les jours. Je me souviens des histoires que Jacques nous racontait après être sortis de l’eau tiède de la plage avec précipitation, les cheveux humides, la peau sèche et les habits trempés. Nous courions pour rentrer chez nous après le signal de Pierre, ma mère avait parfois la main leste en raison de mes retards trop répétés et de l’état de mes habits. Cette dernière m’interdisait occasionnellement de sortir aller rejoindre mes camarades quand ceux-ci venaient toquer à la porte de ma modeste maison, je passais une horrible journée à râler dans ma chambre imaginant les choses amusantes qu’il pouvaient faire sans moi. Je les voyais sourire tristement puis s’éloigner à contrecœur de ma maison après ce refus catégorique de la part de ma mère. L’odeur forte et saisissante de l’huile de frites me rappelle à chaque fois les frites que nous nous partagions avec gourmandise, plaisir, extase. Quand je promène en ville aujourd’hui, cette odeur fait esquisser sur mon visage un sourire rempli de nostalgie et d’amertume mais aussi de bonheur et de satisfaction : je ressens aussi ce sentiment quand il m’arrive de voir des photos de cette époque en particulier celle de la voiture fondue qui me touche singulièrement. Il m’arrive de raconter ces histoires à mes deux enfants avec une passion intense qui provoque de l’admiration chez eux. A l’heure où j’écris ses lignes, des larmes de joie veulent s’échapper de mes yeux ridés, protégés par des lunettes rondes. Des larmes remplis de souvenirs, de nostalgie, de rires avec ceux que je considérais comme mes frères sous le soleil chaud de ma belle Algérie natale : soit la définition du pur bonheur. Ces souvenirs resteront à jamais gravés dans ma mémoire, telle une inscription dorée gravée dans le marbre malgré ma mémoire flanchante qui me joue, en raison de mon age avancé, de nombreux tours. Sur ces dernières lignes que j’écris dans mon grenier entouré de toutes ces images pourtant en noir et blanc mais colorées de mille couleurs dans mon esprit (notamment de celle la voiture fondue). J’espère que tous les membres de la bande se portent bien où qu’ils soient, peu importe ceux qu’ils soient devenus et surtout que comme moi, ils se souviennent de tous ces souvenirs avec la même vivacité et le même enthousiasme que je le fais après toutes ces années.

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