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Médias alternatifs au Liban

TD : Médias alternatifs au Liban. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Mars 2024  •  TD  •  2 547 Mots (11 Pages)  •  29 Vues

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Présentation du sujet

« Le Liban, caisse de résonance des conflits du Proche-Orient, continue à être en proie à des tensions de types politico-confessionnels. » Ces tensions ont favorisé l’ancrage dans le paysage médiatique de dix journaux privés, neuf chaines de télévision, et un peu plus de 40 stations de radio. Ceci laisse à croire que le citoyen libanais peut être bien informé, mais de tous les médias cités 78% sont affiliés politiquement selon une récente étude du Media Monitor Ownership en 2017.

Pendant les mouvements de contestation civile en 2017 puis en 2019, on a assisté à l’émergence et au développement de médias indépendants qui souhaitent offrir un journalisme alternatif, indépendant du financement politique et de son influence. Pour ces médias, l’enjeu est de couvrir des sujets importants de la société́. Et ce pour pallier à leur faible couverture par les médias traditionnels aux agendas diversifiés.

« Daraj, la troisième histoire »

C’est dans cet esprit que nait le média en ligne Daraj. Ce media alternatif né en 2017 est composé d’une rédaction d’anciens journalistes professionnels travaillant auparavant dans des grandes rédactions comme Al-Hayat ou Al-Arabiya. Il propose des enquêtes, des articles d’opinion, des articles, des vidéos et des audios.

Le média traite des sujets qu’il juge d’intérêt général, non-traités par les médias traditionnels.

Pour Daraj l’objectif est de passer d'un modèle médiatique traditionnel à un modèle plus moderne, où le multimédia permet une interaction directe entre la plateforme et ses utilisateurs.

Au niveau du financement, Daraj en assure l’indépendance. Cependant, c'est une société commerciale, avec l'intention de devenir une société à but lucratif à un stade ultérieur. D'ici là, le media reçoit des financements internationaux sur lesquels il est assez transparents.

Introduction

Dans la littérature scientifique, la notion de “médias alternatifs” a été définie selon différentes approches, d’où la difficulté de les désigner. Cependant, la description « production militante d’information » revient souvent.

Mais de nombreuses autres appellations existent, toutes données par les chercheurs de sciences sociales et non par les acteurs de ces médias qui ne semblent pas être d’accord sur un vocabulaire qui leur permet de se définir. Deux sociologues, Granjon et Cardon, arrivent à extraire de cet enjeu de lutte interprétative , deux lignes de forces qui permettraient d’analyser les médias alternatifs selon leur manière de critiquer les médias dominants.

Selon les deux auteurs la critique « contre-hégémonique » par les mobilisations informationnelles s’attache à mettre en lumière les médias dominants « comme des vecteurs de propagande des pouvoirs économiques et politiques et, d’autre part, font l’effort de créer des contre-pouvoirs critiques. »

De l’autre côté les deux sociologues identifient la critique « expressiviste ». Sans s’opposer à la première celle-ci considère la production d’informations comme un moyen d’émancipation plutôt qu’un moyen de lutter contre le système dominant. On entend par là la dénonciation de la faible couverture des évènements par les médias « centraux ». On retrouve la volonté d’exprimer les différents points de vue et un déterminisme technologique.

Même si ce type de différenciation peut être fait au sein des médias alternatifs, ces derniers doivent être appréhendés en étroite liaison avec le contexte politique et social dans lequel ils ont émergé et évolué. Mais également par rapport aux évolutions technologiques

Contexte d’émergence

Pour les deux sociologues le principal argument justifiant la constitution d’une alternative aux médias centraux est la monopolisation de l’information et de ses canaux de diffusion par des professionnels dominés par des intérêts économiques ou politiques .

Si nous nous intéressons aux contextes dans lesquels le media Daraj est né, nous remarquons que celui ci émerge d’une façon soudaine en parallèle aux différents mouvements de contestations de la société civile libanaise qui sortait dans les rues face à la mauvaise gestion du pays par la classe politique. Ces mouvements de protestation n’étaient pas bien couverts par les médias du pays. Et c’est dans cet esprit que Daraj décide d’écrire ce qu’il appelle la « troisième histoire ». Le media continue cette mission lors des contestations de 2019 et lors de l’explosion du Port de Beyrouth. Il faut noter donc que c’est en pleine crise politique, économique et sociale que ce media émerge et se développe.

On retrouve donc parmi les éléments déclencheurs les mouvements populaires, conflits sociaux, ou évènements dramatiques dont parlent Granjon et Cardon. Cependant les auteurs démontrent dans leur ouvrage que les médias alternatifs se détachent progressivement des mouvements sociaux auxquels ils étaient liés « pour constituer en causes autonomes des revendications ayant pour enjeu la démocratisation de la communication de masse » . « Daraj covers important issues with a focus on under-reported topics like women and minorities’ rights, environmental and climate changes, freedom of thought, belief and expression, and gender identity » peut-on lire sur la page de presentation du média.

Cependant nous supposons qu’il reste toujours une réelle remise en cause et une critique des détenteurs de l’information. Pour Daraj ce sont les actionnaires affiliés politiquement, et même parfois les politiciens eux-mêmes. En effet, on observe bien le phénomène de concentration dans les médias. Et les journalistes indépendants considèrent cela comme une menace. Pour lutter contre celle-ci le media tente une mise en récit du réel qui sera plus en adéquation avec la réalité du terrain. On note alors une distanciation par rapport au discours dominant.

Initiative et création

Cardon et Granjon expliquent que deux initiatives s’inscrivent dans un contexte d’individualisation croissante de la production de l’information sur internet depuis les années 1990 : personnelle ou collective.

En effet il y a une approche personnelle de l’information, sans intermédiaires médiatiques afin de se rapprocher des citoyens. Notamment grâce à internet. Il y a une volonté exprimée de redistribuer la parole aux « laissés-pour-compte » comme

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