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Peut-on critiquer la démocratie ?

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Par   •  13 Avril 2024  •  Dissertation  •  1 418 Mots (6 Pages)  •  25 Vues

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Peut-on critiquer la démocratie ?

Introduction

Quand les hommes sont malheureux, cela s’explique souvent, en partie, par le régime politique dans lequel ils vivent. Il convient donc de se demander quel est le meilleur régime politique, celui qui serait susceptible de leur permettre de s’épanouir. On présente habituellement la démocratie comme le meilleur régime politique. Pourquoi  ?

La démocratie, c’est normalement le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. En effet, étymologiquement le mot « démocratie » est formé à partir de deux racines grecques : démos qui signifie peuple, et kratos qui veut dire pouvoir.  Par le peuple, par le suffrage universel, pour le peuple, car le gouvernement, même s’il a les plus hautes responsabilités, est là pour servir et non pour asservir le peuple.

Donc la démocratie, est, en cela, opposée à la tyrannie (gouvernement d’un seul ou de quelques-uns pour leur seul intérêt). La démocratie repose fondamentalement sur la liberté d'opinion et de pensée. Par conséquent, et ce n’est pas le moindre des paradoxes, en démocratie nous avons le droit et même le devoir de critiquer la démocratie. Critiquer une chose, ce n’est pas forcément la juger négativement : c’est examiner sa valeur d’après certains critères.

Or la démocratie a sans doute ses qualités comme nous l’avons vu, mais aussi ses défauts. Nous devons donc produire un effort de pensée ici, pour la perfectionner et faire en sorte qu’elle se rapproche de son idéal.

Première partie: Dans sa définition même, la démocratie pose problème

  • Tout d’abord, la question de la liberté nous interpelle. Si cette dernière est au cœur de la démocratie, ne peut-on aussi en abuser ? C’est la question que pose Platon dans la République: une liberté sans bornes ne peut-elle pas dégénérer en licence ? Et à partir de là, elle risque de s’inverser en son contraire: la tyrannie.
  • Ainsi dans le livre VII: « Lorsqu’une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefs de mauvais échansons, elle s’enivre de ce vin pur au-delà de toute décence »
  • L’esprit de liberté, ajoute Platon, s’étend à tout (même la famille où les pères n’exercent plus leur autorité). Le fils veut s’égaler au père. Les vieillards veulent imiter les jeunes de peur de passer pour ennuyeux et despotiques.
  • Sont couronnées l’insolence, la licence, l’effronterie. La corruption du pouvoir rejaillit sur la populace aveuglée.
  • Platon, par ailleurs, critique aussi l’égalité, revendiquée par le régime démocratique: chacun voit bien que les hommes sont très dissemblables en ce qui concerne leur talent, leurs aptitudes ou même leur intelligence.
  • Mais parce que la démocratie décrète l’égalité d’un point de vue civil et juridique, il faudrait la traduire dans les faits et ainsi accepter que tout homme puisse, par exemple revendiquer un poste de magistrat alors même qu’il n’en a pas du tout l’étoffe, mais qu’il peut faire semblant de l’avoir, ou être assez habile pour le faire croire aux autres.
  • Je peux bien postuler en droit une égalité entre tous les citoyens mais en fait cette égalité semble irréalisable ou alors au prix d’une limitation drastique de la liberté individuelle et de la possibilité pour chacun de jouir de ce qui lui appartient.
  • « Tels sont les avantages de la démocratie. C’est un gouvernement agréable, anarchique et bigarré, qui dispense une sorte d’égalité aussi bien à ce qui est inégal qu’à ce qui est égal. » Platon, république VIII
  • Ainsi, à l’agora, nous dit Platon, ce n'est pas le plus vertueux qui triomphe, mais le plus éloquent, fût-ce t-il un menteur et un arriviste. La République de Platon montre que la démocratie en étant non élitiste prépare sa chute.
  • Les sophistes en viennent à faire de l’utilité individuelle, le seul critère de toute vérité; ils mettent en question l’intérêt commun à laquelle a droit la collectivité. Désordre et immoralité sont donc pour Platon les deux dimensions conjointes au mal démocratique.
  • Les discoureurs formés à l’école des rhéteurs et des sophistes, séduisent le peuple, et lui passe tous ses caprices, alors qu’en fait ils font une politique qui ne sert que leurs intérêts privés; c’est ce qu’on appelle la démagogie.

Deuxième partie: L’exercice même de la démocratie pose problème

  • En réalité, les maux de la démocratie sont liés en grande partie à des imperfections, qui tiennent au fait que les citoyens n’y sont pas préparés.
  • Mais aussi à la difficulté de mise en oeuvre : La démocratie n’est pas bonne pour tous les États, notamment quand le territoire est immense. Ainsi Rousseau, dans le Contrat Social écrit : « Chaque forme de gouvernement est la meilleure en certains cas, et la pire dans d’autres ».
  • La démocratie serait idéale pour les petits États. Car selon Rousseau, plus un État a de citoyens, plus la liberté diminue; car il faut plus de sévérité pour contenir un grand nombre de personnes, qu’un petit nombre. Pour Rousseau, la démocratie serait critiquable quand elle prétend être le régime d’un grand État.
  • Toutes ces critiques adressées à la démocratie, montrent quelque part son côté idéal, quasi inaccessible. Rousseau dans le Contrat Social déclare ainsi : «Il n’a jamais existé de véritable démocratie, et il n’en existera jamais».
  • Autrement dit, pour Rousseau, la démocratie serait à voir comme un archétype. Un peuple de dieux, nous dit Rousseau, se gouvernerait démocratiquement : « Un tel régime, par sa perfection, n’est point fait pour les hommes ». Cependant faut-il pour autant bannir la démocratie ?

Troisième partie: La démocratie est un idéal à atteindre

  • En fait, il existe des leviers sur lesquels on peut agir pour s'accorder de plus en plus avec l’idéal démocratique. L’un des points essentiels est de combattre les inégalités et instaurer une plus grande justice sociale.
  • Car la démocratie suppose l’égalité de droits des citoyens. Or, cette égalité de droits  entre citoyens sera difficile à instaurer, s’il y a beaucoup d’inégalités entre les rangs et les fortunes. Les gouvernants, s’ils sont trop aisés par rapport au peuple auront tendance à être égoïstes, seront loin du peuple et de l’intérêt général. Hum… Hum…
  • Elle suppose aussi la séparation des pouvoirs, comme l’avait revendiqué Montesquieu dans l’esprit des lois: « Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d’exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers »
  • La démocratie moderne, distincte de cette démocratie antique, se fonde en partie sur les acquis de la Révolution française. Rousseau nous en fournit les principes, avec Du contrat social (1762), qui met en relief la nature du pacte démocratique. Qu’est-ce qu’un État légitime  ?
  • Aux yeux de Rousseau, celui qui exprime la volonté générale et trouve en elle sa légitimité. L’État démocratique moderne naît de ces thèses de Rousseau et de l’action des révolutionnaires de 1789. II prendra très progressivement son visage actuel, quand régresse la notion de citoyens actifs et de citoyens passifs et quand les femmes, à la Libération, acquièrent le droit de vote. Définissons cette démocratie moderne.
  • C’est un gouvernement du peuple et par le peuple, au moyen du suffrage universel ; elle n’implique nullement un système fonctionnant sans représentants et, en ce sens, s’éloigne de Rousseau. Le peuple délègue, en effet, ses pouvoirs à un corps élu. La démocratie représentative donne le pouvoir aux représentants du peuple. Ainsi, alors que la démocratie antique est directe et limitée, la démocratie moderne est à la fois illimitée et indirecte.

  • La démocratie est ici une conquête difficile, car les risques de dérèglement du système sont immenses. Elle est à conquérir contre les dangers de dérapages, les dérives, les dictatures, les totalitarismes, etc. Ce que nous montre toute l’histoire moderne, quand naît, par exemple, à la suite délections libres, le totalitarisme nazi.
  • Elle est la subordination des institutions à la liberté personnelle et collective (Touraine, Critique de la modernité). Ainsi la démocratie est un mouvement moral et un principe éthique tout autant qu’une institution : une volonté de respecter le droit et l’État de droit : la démocratie relève d'une exigence morale et se conquiert contre les despotismes sans cesse renaissants.

Conclusion

La démocratie est une conquête, non point une institution, un choix éthique, non point un fait. C’est un combat permanent. La démocratie est un pari éthique, difficile à gagner. Elle est par nature toujours en défaut ou en crise ; d'une manière générale, il n’est pas de démocratie effective sans un choix moral, mais aussi sans un travail collectif de construction d’idéaux capables de mobiliser les volontés.

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