LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Nietzsche et la vie

Fiche de lecture : Nietzsche et la vie. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Mars 2023  •  Fiche de lecture  •  3 025 Mots (13 Pages)  •  259 Vues

Page 1 sur 13

NIETZSCHE ET LA VIE

INTRO :

  • Nietzsche s’est intéressé à la fin de sa vie, notamment dans Humain trop humain et ses Fragments posthumes, aux recherches et écrits physiques, médicaux et biologiques de son temps car il voyait en ces travaux d’une autre discipline un effort commun de chercher à dépasser les catégories figées de la pensée et ses grandes fictions collectives pour essayer de mieux saisir ce qu’était la réalité et le fait de vivre en particulier.
  • Il y constate alors que la vie suppose deux activités fondamentales :
  • l’évolution 
  • l’incorporation → redef du concept de nutrition trop assimilé au fait de manger, là où l’incorporation renvoie à tout échange organique (produit par le métabolisme) entre les vivants et leur milieu => la mémoire en fait partie, la mémoire c’est la capacité d’ingérer l’autre en soi et le fait d’en garder une trace, Nietzsche en fait le propre de la vie
  • L’apparition du flux absolu :
  • Or ces deux fonctions vitales sont selon N menacées à son époque => à travers elles les conditions même de la vie.
  • Par quoi sont-elles menacées ? Le progrès technique et ses bouleversements sur la vie → avènement du télégraphe (“Nous entendons le martèlement du télégraphe mais nous ne le comprenons pasFP), du train, des bateaux à vapeur, à travers eux le monde se rétrécit et se mondialise.
  • Selon N, ces progrès bouleversent la vie car ils révèlent la réalité du flux absolu, révélation qui paralyse nos capacités de penser.  
  • Le flux absolu a tjs été là, a tjs été la véritable structure du monde (cf Héraclite, le monde est un fleuve du devenir) MAIS les hommes relativement aux activités fondamentales de la vie ont développé leur mode de vie, leur capacité de vivre, leur vie au travers de la fiction de la stabilité. La fiction de stabilité se manifestait jusqu’alors par deux phénomènes :
  • la propriété foncière inaliénable qui garantissait une stabilité spatiale → il était acquis et évident d’être associé à l’endroit où on était né et d’y vivre toute sa vie
  • Le culte des Anciens qui garantissait une stabilité temporelle → reproduction des générations sur le mode de l’identique, de la tradition. Les Anciens étaient définis, leur étaient associés des caracs, des lois, des principes, des leçons qui constituaient un bien, une vérité stable et inaliénable ainsi qu’une identité pour une communauté donnée dans un espace donné que les générations étaient amenées à préserver, respecter et conserver au fil du temps.
  • Le chemin de fer, le journal et le télégraphe bouleversent ces deux formes fondamentales de stabilité fictionnelle : les hommes peuvent bouger (dev de l’exode rural, de l’urbanisation, de l’incitation à aller chercher son travail ailleurs) et les hommes sont confrontés (que ce soit en se déplacant ou cpq les infos viennent à eux) à d’autres regards, d’autres cultes, d’autres systèmes de pensée construits dans d’autres communautés à d’autres endroits => sont soudainement assaillis par “une somme énormes d’intérêts différents” ce qui bouleverse leur capacité de penser, d’incorporer, de vivre, qui se sont développées main dans la main avec la stabilité. Le progrès technique détruit toutes les stases (et plus encore toutes les clôtures qui les garantissaient) inventées par la vie pour tenter de ralentir le flux absolu et de s’en protéger puisqu’il contrevient aux activités fondamentales de la vie. 
  • Toute entité se révèle être une fiction fragile et provisoire.
  • A un monde organisé, délimité en unités relativement stables, un monde de frontières relativement étanches s’impose et se révèle un monde ouvert, tendanciellement sans frontières, dans lequel toutes les individualités ne parviennent plus à se refermer sur elles-même ni à tenir ensemble comme un seul corps.
  • Nietzsche prévoit alors le chaos, ce qui n’a rien de réjouissant pour lui ! Il est convaincu que les hommes ont besoin des stases, que ce sont des fictions nécessaires à la vie car nécessaire à l’incorporation, le flux a besoin d’être ralenti pour être incorporé, appréhendé, digéré MAIS pas de manière absolu car l’autre penchant de la vie, l’évolution, procède d’une appréhension de ce flux tjs nouveau de ce qui arrive à l’homme pour se transformer. Tension nécessaire et irréconciliable entre les exigences du flux du devenir et des vivants et les sociétés qu’ils constituent.
  • renaissance de la philosophie tragique présocratique de la double condition apollinienne de la stabilité et dyonisiaque de la mouvance et l’instabilité.
  • Accélération des rythmes de vie sur un rythme “prestissimo” et explosion quantitative des “impressions disparates” (journaux, bourses financières…) qui bouleversent et violentent notre capacité de digestion tandis qu’à une échelle “macro”, des environnements clos et relativement stables qui permettaient de concevoir un monde organisé et hiérarchisé (de peuples, de communautés, de professions…) sont substitués à grand environnement ouvert de la multitude et de l’accélération relative à un flux absolu révélé.
  • Pour N, l’histoire est un mvt de renversement des opinions face à la tradition, l’ère du télégraphe c’est aussi alors cette accélération… de l’histoire : “le télégraphe constate que les opinions des hommes ont changé en qqes heures” → la liberté d’esprit, c’est en dépit du penchant naturel et du besoin humain de stabilité, faire jour au flux et au caractère fictionnel de la stabilité et de l'opinion pérenne et de la tradition qu’elle véhicule pour faire avancer le monde face au flux réel qui le bouleverse (en cela “c’est la liberté d’esprit qui fait l’histoire”) MAIS le télégraphe radicalise ce mouvement de manière exogène et donc incontrôlée et radicale => de manière préoccupante. Si la liberté d’esprit fait l’histoire, l’avènement du télégraphe n’implique pas une accélération de l’histoire, par une révèlation de la contingence et du caractère provisoire des opinions car s’il fait ça, par son rythme effréné, il paralyse premièrement nos capacités de pensée, en paralysant notre capacité de digestion or notre esprit ne peut être libre s’il ne peut agir, s’il est paralysé faute de stase.
  • Les conditions même de toute digestion sont détruites => l’homme moderne sombre dans une indigestion constante. Il est paradoxalement figé dans une perception passive et superficielle, fuyante → il n’a plus le tps de s’arrêter sur une impression et de l’incorporer et de la digérer car il est soumis à une abondance croissante. Face au prestissimo de l’information, du flux désormais palpable : “on s’empêche instinctivement de prendre qqch à l’intérieur de soi, de le prendre profondément, de le digérer”.
  • => Tout ne nous atteint plus que superficiellement sur notre épiderme qui devient alors émotif, réactif, excitable tandis que nos couches profondes deviennent inertes et vides car ne sont jamais atteintes. L’homme est “intéressé mais pour ainsi dire de façon seulement épidermique : une froideur de principe, un équilibre, une température basse maintenue juste au dessous de la mince surface où il y a de la chaleur, de la tempête. La compassion de l’homme moderne est bien réelle mais c’est une compassion de comptoir, là où l’homme des tps anciens était peut-être moins ouvert à l’autre mais capable d’une compassion digérée, de fond. L’homme moderne paradoxalement alors que se révèle à lui le flux absolu, ne s’engage pas dans une transformation accélérée ou plus précisément aucune transformation de fond car il est privé de sa capacité de digérer => d’incorporer profondément l’autre et le nouveau, pour être profondément changé. L’homme moderne est un homme absolument superficiel face à un flux absolu révélé qu’il ne peut structurellement ou du moins naturellement pas digérer, appréhender pleinement.
  • Arrive une sorte d’adaptation à cette surcharge d’impressions : l’homme désapprend à agir. Il ne fait plus que réagir aux excitations du dehors.”:
  • L’affirmation croissante de l’impératif d’adaptation que perçoit Nietzsche est le corollaire de cette évolution technique. Pour évoluer, il faudrait s’adapter càd se laisser modeler passivement par les exigences du milieu.
  • Au contraire, pour N, qui s’oppose à cette réponse superficielle, l’évolution participe de la transformation càd de digérer en soi profondément et activement, l’autre, le fait nouveau pour ensuite transformer le monde autour de soi.
  • L’adaptation devient alors précisément ce qui bloque le processus de transformation de soi par ce qui n’est pas soi et de ce qui n’est pas soi par soi. Le vivant qui s'adapte modifie certes sa surface externe mais ne change rien ni à sa structure interne ni aux déterminations du contenant dans lequel il s’insère.
  • Face à la révélation moderne du flux absolu, l’adaptation n’est qu’une des deux faces de ce que Nietzsche appelle le ressentiment:
  • Le ressentiment c’est cet inconfort humain et même ce refus humain face à la destruction des fictions de stabilité nécessaires à la vie
  • Il se manifeste alors :
  • par l’adaptation qui consiste en une radicale passivité humaine, une absolue réaction face au flux et se laissant modeler par lui passivement au contraire d’une action active ce qui interdit toute évolution → formule de Lampedusa dans Le Guépard : “Il faut que tout change pour que rien ne change
  • par l’exaltation aveugle d’une stabilité absolue. Face à l’inconfort du flux et le bouleversement des capacités de vie qu’il implique, certains refusant de s’adapter préfèrent radicaliser le mouvement de fiction de stabilité en dépit de tout principe de réalité. Il s’agit dans cette seconde approche de construire des paradigmes de stabilité très englobant et transcendant → religions, systèmes de normes politiques, morales, sociales… De fausses identités éternelles : race, nation, religion, individualisme et principe de propriété. Ce second mode de réaction est un mode plus évident de refus du véritable changement, de la véritable transformation.
  • La réponse de N est alors une réponse généalogique et médicale, la philosophie doit être une “médecine de la culture” 

PREMIÈRE PARTIE : LA PHILOSOPHIE A SANS CESSE CONSTRUIT DANS SA PENSÉE DES ÉCRANS QUI OCCULTAIT LA Q RÉELLE DU CORPS ET DE LA VIE ALORS MÊME QU’ELLE AMBITIONNAIT DE L’ÉCLAIRER 

Première écran : L’ego cartésien

  • La chose qui pense chez Descartes est associée à une pensée à son sens le plus large : 
  • ce n’est pas la pensée rationnelle
  • ni même la cognition càd les différents types d’opérations mentales possibles (raisonnement ou imagination)
  • mais bien tous les vécus de la conscience, l’impression immédiate de voir → “une chose qui doute, qui affirme, qui nie, qui conçoit, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi et qui sent”, c’est toute forme de conscience du vécu.
  • Le cogito cartésien semble donc, contrairement à des relectures simplistes, être un cogito inclusif qui n’exclut en rien du principe de penser et de conscience, la pensée non-rationnelle et les exps du corps.
  • Pk N part-il alors du corps contre la conscience cartésienne ? Cela change t’il qqch? : 
  • N considère que les “certitudes immédiates” du vécu (“je pense”, “je veux”, cf Par delà le bien et le mal paragraphe 16), garanties par une capacité réflexive de représentation (penser que je pense, sentir que je veux) sont des illusions ou du moins ne permettent pas de rendre compte pleinement de la vie et du corps => cela met en défaut à son sens la pensée cartésienne et sa relecture phénoménologique qui font toutes les deux de ces repré le point de départ de leurs raisonnements philosophiques
  • Poser comme point de départ, la certitude immédiate des sphères du vécu est non seulement contestable mais surtt insuffisant → Pour N, le phénomène corps est occulté dans toute sa complexité et sa réalité → ne l’associer qu’à une simple dimension de la conscience du vécu est insuffisant :
  • de fait D remet ostensiblement à plus tard le pb du corps dans les MM → “mon esprit est plus aisé à connaître que mon corps” dit D. Tandis que dans la 6eme M il revient sur la Q du corps et reconnaît l’illusion langagière véhiculée par la phrase “avoir un corps”, nous sommes notre corps, “je compose comme un seul tout avec lui
  • D légitime cette occultation par l’immédiateté des certitudes de la conscience → elles seraient premières et quand elles sont ressenties/conçues, autrement dit que l’on fait la fameuse exp fondatrice du cogito, le corps n’est qu’une portion douteuse du monde ⇔ Même si effectivement mon corps ne peut être conçu comme un objet extérieur à moi de manière absolu, qu’il n’y a pas de véritable dualisme, que je compose comme un seul tout avec lui, mon corps dans l’exp du cogito est un agrégat douteux auquel je ne peux m’associer, qui ne présente pas cette certitude immédiate du cogito.
  • => Pour N, Descartes et la philosophie moderne qui l’a repris, ont préféré les certitudes étroites de la consciences à la réalité si riche et si complexe de la vie et des corps. Partir du corps pour penser philosophiquement n’est donc effectivement pas une opération blanche même si le cogito n’est pas une chose pensante dans un sens restreint.
  • La relecture nietzschéenne, une miniaturisation de l’ego équivoque ? : 
  • N entend donc partir du corps et à l’aide des sciences naturels, identifie que la caractéristique de tout être vivant, qui donc le différencie du non-vivant, est la nutrition ou plus précisément l’assimilation càd un mvt qui consiste à rendre l’absolument différent semblable à soi, identique à un soi définit, ramener du nouveau à l’identité d’un même défini (de la nourriture par exemple).
  • Le jugement intellectuel de la conscience identifié par D (analysé avec l’ex du morceau de cire → le jugement intellectuel serait caractérisé par la capacité de ramener la diversité du sensible à l’identité d’un même → la cire fondue et la cire dure sont la même et ce malgré des perceptions sensibles différentes) ne serait donc qu’un cas particulier de l’action du corps. La constitution d’objets stables et identiques par l’ego n’est finalement qu’un cas particulier, qu’un enième organe du vivant soumis à la même logique d’assimilation.
  • MAIS, on peut complètement renverser cette conclusion et ne plus rapporter la ccl de D à celle de N mais celle de N à D en concluant que toute organisme est un ego, ce que N lui-même envisage : “Le Je intellectuel est déjà donné lui-même avec la cellule”. De fait, pour N, les sciences naturelles pêchent par manque de perspectivisme, en ne concevant pas tout être vivant comme un sujet actif ≠ comme un objet soumis à des lois. Le corps vivant ne serait rien d’autre qu’un ego conscient et sentant qui projette sur les autres une identité qui n’existe que pour lui-même.
  • Heidegger en conclue que la relecture de N est équivoque et n’apporte rien de neuf à la philosophie MAIS en fait non Heidegger.
  • N ne fait pas que retourner une pièce aux faces identiques :
  • En effet le corps de N n’est pas l’ego de D et sa fausse unité, c’est une collectivité d’ego en relations, c’est “un édifice collectif d’âmes multiples” (PDBM, paragraphe 19) et par là un “système subtil de relations et de transmissions
  • Tout “je”, parce qu’il est tjs corporel, s’éprouve donc en réalité tjs d’abord comme un “nous” → “Il y a donc dans l’homme autant de consciences qu’il y a d’êtres (à chaque instant de son existence) qui constituent son corps”
  • Qui plus est, si N reprend le critère de distinction et de la clarté ainsi la Q de la subjectivité, il inverse la méthode cartésienne en allant du plus compliqué (le corps) au plus simple et non en partant du plus simple pour construire sa pensée → “le phénomène du corps vivant est un phénomène plus riche, distinct et plus saisissable” :
  • Précisément il faut partir du phénomène qui donne le plus à penser, “le plus riche” car il excède les autres phénomènes “plus pauvres” et par là déjà saisi/plus facile à saisir.
  • Ce n’est plus le plus simple mais le plus complexe qui est clair en tant qu’il est saisissable et distinct
  • Cela impose un retour sur le concept de “concept” et de “saisir” :
  • Le plus saisissable est-il réellement le plus simple ? :
  • cf Kant → le concept (Begriff), saisit (begreifen) précisément pcq son contenu est conséquent, pcq il puise dans la diversité du sensible le multiple càd étymologiquement ce qui est “plein de plis”
  • Le plus simple est-il le plus distinct ?
  • non car à nveau en revenant à l’étymologie → la distinction qui renvoie au champ de l’interprétation et de l’explication prend son sens dans l’activité de déplier des plis (explicare) => le corps est bcp plus distinct car il y a bcp plus à distinguer ≠ les vécus pauvres et immédiats de la conscience où il n’y a rien à interpréter qui réduise le champ d’interprétation.

...

Télécharger au format  txt (17.7 Kb)   pdf (140.4 Kb)   docx (770.3 Kb)  
Voir 12 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com